Troisième jour de la cinquième décade de la fête de Tchernobyl de la quatrième ère Clotildienne (18 septembre 2684)
Le premier réflexe qui me vint en arrivant fut de me baisser d'un bond. Le ciel paraissait si bas ! D'énormes nuages noirs planaient. Réalisant cela, je me relevai et posai immédiatement la question à Nils. Ce dernier, en bon scientifique, m'expliqua en détail le processus d'accumulation et de transformation des pollutions diverses durant plusieurs siècles qui formaient ces gigantesques nuages. Ceux-ci, lorsqu'ils devenaient violets, signifiaient qu'ils n'allaient pas tarder à vomir leurs torrents de pluie acide. Aussi, quand les habitants voyaient arriver des nuages violets, ils couraient tous se mettre à l'abri car, à moins d'avoir muté, on fondait littéralement sous ces déluges.
J'avais du mal à respirer, n'étant pas habituée à un taux de pollution aussi élevé. Nils m'offrit un masque à oxygène pour mon confort. Il me précisa toutefois que le taux de pollution était relativement bas puisque nous nous trouvions en rase campagne.
Nils n'avait pas besoin de masque.
Non pas parce qu'il était habitué à la pollution, mais parce que – et j'ai souvent tendance à l'oublier tant la mystification est ressemblante – fonctionnant à l'électricité, il ne respirait pas vraiment. La technologie est tellement évoluée en 2684 qu'on ne différencie presque plus les droïdes des humains !
Toute la végétation avait une couleur jaune pâle. Je pensais qu'elle était morte ou irradiée mais c'était simplement un des multiples effets de la pollution excessive et du manque de lumière quasiment constant ajoutés aux pluies acides qui avaient transformé l'aspect des végétaux.
Nous arrivâmes à ce qui semblait être un village. Les maisons étaient pour la plupart réduites à l'état de ruines, ravagées par les pluies corrosives. Cependant je pus observer une ferme qui possédait un revêtement et un toit d'une sorte de métal et qui, contrairement aux autres constructions, n'était pas en ruine. Nils m'expliqua qu'il s'agissait d'un matériaux qui résistait aux pluies acides : les tôles para-acide.
Comme il était tard, nous demandâmes l'hospitalité aux fermiers. C'était un couple de ce que je pourrais qualifier de « hippies ». Ils exploitaient leurs potagers, soigneusement mis à l'abri, et irrigués comme il se doit. Ils disposaient même d'une éolienne pour fournir leur électricité ! Nils les connaissaient. Celui-ci avait son laboratoire personnel enterré sous la colline qui surplombait le reste de bourgade. Il leur avait, en preuve d'amitié, fabriqué une armada de petits robots-soldats qui protégeaient leur exploitation.
En effet il n'était pas rare que la ferme fut attaquée par leurs voisins, les habitants du petit « bidon-ville » fait de tôles para-acide de qualité douteuse. Il y avait aussi des sortes de « zombies » qui n'étaient en fait que des humains qui avait eu le malheur de s'abriter un peu trop tard à la venue d'une pluie acide. Leur cerveau et leur corps, attaqués par la corrosion, leur donnaient une attitude plutôt agressive, les rendait facilement manipulables mais leur conféraient aussi une fâcheuse tendance au cannibalisme.
Malheureusement, cette nuit là fut terrible. Nils et moi furent réveillées en sursaut par des détonations et des hurlements. Dans la cour, des zombies ainsi que des humains armés avaient réussi à faire court-circuiter les robots de Nils qui gisaient, fumants, sur le sol. Ceux-là devaient avoir quelques notions en électronique. Nous les vîmes s'introduire dans les appartements de nos hôtes et nous nous lançâmes aussitôt à leur poursuite. Nils m'envoya un pistolet au passage.
Les droïdes courent bien plus vite que les humains, mais... nous arrivâmes tous deux trop tard.
Ils avaient exécuté nos hôtes.
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Apocalyptique
Short StoryPlongée au coeur du XXVIIe siècle, Armelle va découvrir avec effroi la déchéance de la civilisation humaine dans une France dévastée par des pluies acides où le reste de la population vit cachée comme des rats. Inspirée par Le Visiteur du Futur - Né...