※ 00:26 ※

※ Fragement n°1 ※

★●★

Elle marchait sous la pluie, ses écouteurs aux oreilles, la capuche sur la tête, seule.
Seuls quelques lampadaires usés éclairaient son chemin. Le rythme de ses pas était lent mais régulier, ses mains fourrées dans ses poches et ses yeux rivés sur le sol humide. Il faisait froid et sombre, tout semblait si triste autour d'elle. Aucune trace de vie aux alentours, aucun bruit. Simplement le frisson imperceptible des feuilles mortes tourbillonnant sur le bitume froid.

Et pourtant...

Elle ne pouvait rien voir de tout cela. Son esprit était submergé par la mélodie enivrante qui résonnait dans ses oreilles. Les notes la saisissaient de leur justesse. Le grincement étouffé d'une corde au début de son chant plaintif, et son vibrato, disparaissant petit à petit à la fin de cette même plainte, exprimaient pour elle plus de sentiment que n'importe quel monologue de tragédie. Les harmonies la transportaient...

quelque part...

ailleurs.

Un ailleurs où rien de toutes ses choses, les feuilles mortes, la pluie glacée, les lampadaires usés, n'existait.

Les yeux à demi clos, la bouche entrouverte, elle était possédée corps et âme par le morceau, le ressentant jouer au plus profond de son être. Ses pieds frappaient sans aucun décalage, les pulsations de la musique sur le sol. Ses mains, à l'intérieur de ses poches, faisaient des petits mouvements significatifs chaque fois que la guitare entamait une phrase. Et elle murmurait les paroles au sens si prononcé:

«This could be heaven or this could be hell ...»

Au fur et à mesure que la chanson avançait, ses sens se mélangeaient et son corps s'embrasait d'un plaisir inqualifiable.
L'heure tardive de la nuit devenait de plus en plus dangereuse mais la jeune fille était incapable de s'en soucier. Ses jambes l'emmenaient jusque chez elle par automatisme, et même à travers l'état de transe qui l'habitait, elle ne pouvait s'empêcher de redouter le moment où elle arriverait.

★●★