Bouteille à la mer

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- Chérie tu as pensé à mettre de la crème solaire ?

- Oui maman.

- Bien, et surtout pense à rester à l'ombre !

Je roule les yeux, exaspérée. Ce n'est pas comme si elle me l'avait répété tout les jours depuis le début des vacances. Cela fait maintenant cinq jours que je suis à la plage, avec mes parents.

Je ferme mon livre, ennuyée. Je n'arrive décidément pas à lire à la plage. Trop de gens, de bruit et de soleil. Et surtout, SURTOUT trop de gamins qui balancent du sable partout. Beaucoup trop.

Et puis, je déteste rester là à paresser comme un boudin, alors que juste en face de moi se trouve la mer. Je la regarde quelques instants, sans vraiment y faire attention. La mer... Les reflets du soleil jouent sur la surface, créant une mer de soleil. Mais je ne peux pas y aller. Parce que j'ai tout bêtement oublié mon maillot. Chez moi. À 3 heures de route d'ici. Alors que j'allais à la plage ! Et comme ces premiers jours nous étions allés rendre visite à ma tante, on n'a pas eu le temps d'en acheter un autre. J'avoue que pour une fois, j'ai fait fort. C'était quasiment la seule chose à la quelle je devais penser, quand même ! Et bien sûr, on est dimanche, donc pas de magasins ouverts, ni de baignade pour aujourd'hui.

Je soupirais un bon coup. Quelle boulette. Comme je voyais un groupe de gamins arriver en courant dans ma direction avec du sable dans la main, je décidais d'aller marcher.

Je repérais vite une falaise proche sur laquelle s'écrasaient des vagues, chacune plus déchaînées les unes que les autres. Il y avait un vieux escalier taillé dans la roche même de la falaise, et je l'escaladais. Après avoir faillit tomber au moins une dizaine de fois, je parvenais enfin à garder l'équilibre. C'est que ces escaliers se fondaient presque dans la roche, et mes tongs ne m'aidaient pas vraiment. Je montais la dernière marche, un peu trop haute pour moi, lorsque l'endroit sur lequel je m'appuyais se détacha du reste de la falaise. Et la dernière chose que je perçu à ce moment là, fut mon cri désespéré retentir dans toute la crique. Puis, plus rien. 



Je sentis une légère brise à l'odeur salée faire virevolter mes cheveux. Sur le coup, je ne me posais aucune question. Pas besoin, me dis-je. J'éprouvais du bonheur à sentir mon corps, qui épousait parfaitement la forme de l'herbe. J'ouvris les yeux, et lorsque ceux-ci furent habitués à la luminosité du jour, je découvris un ciel radieux : il ne faisait ni trop chaud ni trop froid, le vent apportait les senteurs de la mer et le ciel était d'un beau bleu turquoise, avec quelques petits nuages au loin. J'aurais pu rester là indéfiniment, à sentir les doux rayons de soleil.

Lorsque j'y repense maintenant, cela aurait pu ressembler au paradis.

Mais je me décidais à me lever. J'étais toujours dans mon short et mon t-shirt de plage, lequel se faisait soulever par la brise. Je me retournais et constatais que j'étais sur la falaise de tout à l'heure. Tout à l'heure ? Je ne prêtais aucune attention à la question que me posait ma conscience et je continuais à observer. En jetant un regard vers la plage, je remarquais qu'elle était vide. Où sont-ils tous ? Et qui ça "ils" ? J'ignorais la question, n'ayant aucune envie de la comprendre. Je me retournais pour admirer la mer depuis le bout de la falaise :

Il est vrai que d'habitude je trouve facilement mes mots, mais j'avoue que cette fois pas un ne me vint à l'esprit. Je regardais, émerveillée, la splendeur de la mer qui s'étendait à perte de vue. La falaise surplombait les vagues calmes semblant former un balais d'eau.

Et il me sembla un instant que tout à l'heure, les vagues étaient beaucoup plus déchaînées. Mais je cru que mon imagination me jouait des tours et je fermais les yeux un instant, comme pour graver ce paysage dans ma mémoire.

DériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant