Été

C'était qu'une adolescente, qu'une enfant se prenant pour une femme. Elle aimait jouer avec la mort et sentir la douleur, la caresse du sang qui pleurait sur sa peau, contempler ses cicatrices sur ses avant bras, ses cuisses,ses épaules, tout son corps.
Elle était une gravure de rage et de peine.
Un jour, une fille avec qui elle avait passée la nuit lui avait dit en voyant son corps "Seul le diamant brille quand on le taille et tu n'es pas un diamant."
Elle ne voulait pas être un diamant, dans sa tête elle se disait que c'était en taillant le marbre qu'on faisait les plus belles statues.
Elle était bien plus solide que du marbre, bien plus rayonnante qu'un diamant, mais son âme était si noir, si mal, que personne ne voyait cette beauté. Ils ne voyaient qu'un amas de chaire, de cicatrice, de douleur et de peine et qui s'intéresse à un être si sombre ?
Elle était un ravin, une pente abrupte, un fossé sans fond au près du quel on se romps la nuque si jamais l'on s'y penche.
Elle était un soleil, un jardin, des milliers des fleurs naissantes, des centaines de bouquets, elle était un croissant de lune, une poignée d'étoiles dans la nuit, un coucher de soleil, une aurore boréale, elle était une œuvre d'art, des centaines de gouttes de pluie, une catastrophe naturelle, un ouragan, un tsunami, elle était les plus belles notes des symphonies de Mozart, un incendie meurtrier, une galaxie lointaine, elle était une pétale, une épine de rose, un paysage de Cézanne, un tableau de Van Gogh, une luciole sous un drap, une sculpture antique, elle était une photographie, un ange et un démon, elle était ce qu'on faisait de plus beau, ce qu'on faisait de plus laid.
Elle était là... et un jour elle n'était plus.