Chapitre 7

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Une lourde chaleur m'entourait et m'étouffait à moitié. Je sentais que je reprenais conscience, et, en prime, j'avais droit à un mal de crâne titanesque. Youpi.

Mes yeux s'ouvrirent enfin, et il me fallut plusieurs secondes pour réaliser où j'étais. Une forte odeur de brûler, une température (trop) élevée, des armes, des tonneaux remplis d'eau et des espèces de cheminées. Une forge, sans doutes. Minute, depuis quand peut-il y avoir une forge ici ?

Je voulus bouger, mais quelque chose m'en empêchait. J'étais - encore une fois - attachée à une croix. Un géant de feu se tenait près de moi, et, voyant que je m'étais réveillée, fit signe à des nains - des esclaves au vu de leurs chaînes- de venir. Ils obéirent, certains portant un brasero avec eux. Le géant me retira les liens qui me retenaient, puis un des nains m'attrapa les bras, tandis qu'un autre sortit de sous les braises une chaîne dorée ressemblant à celle que j'avais aux poignets. Il me retira ces dernières et me regarda d'un air triste et désolé, avant de me planter les pointes de la nouvelle chaîne dans les poignets. Je me suis mise à hurler de douleur, en sentant quelque chose faire le tour de mes muscles et de mes os à l'intérieur de mes membres. Comme si cela ne suffisait pas, il me rajouta des sortes de menottes autours de mes poignets, toujours avec des pointes allant se planter dans ma peau. Quand je réussi à ouvrir les yeux, je ne voyais plus que du sang sur mes mains.

Le géant me détacha, attrapa la chaîne qui reliait mes poignets et me tira hors de la forge. Le changement de température des deux côtés de la porte ne me surpris pas plus que ça : à peine 50°c de différence ! (En même temps je ne vois pas bien ce qui pourrais me stupéfier après ces derniers jours.)

Deux soldats Jötun étaient debout devant la porte. Le géant de feu donna mes chaînes à l'un d'eux, qui me ramena dans la prison. Malgré la douleur, je m'efforçais de garder la tête haute : je ne voulais en aucun cas paraître faible devant eux.

Le géant me fit descendre d'innombrables escalier avant de passer devant ma cellule.

- Et ! C'est là mon cachot ! lui dis-je.

- Silence, midgardienne. me répondit-il en me regardant froidement avec ses yeux couleur sang.

Et il m'emmena encore plus profondément dans la prison, à des centaines de mètres sous terre. Nous étions passés devant des dizaines (voir centaine) de cellules où étaient enfermés d'autres "extraterrestres", mais aucune ne m'avais plus marquée que celle où une gamine (elfe peut-être) était seule, effroyablement maigre et blessée de toute pare. Elle me lança un regard mêlant de la folie et de la détresse. Je voulus lui parler, mais le géant me tira, m'obligeant à partir.

Après de longues minutes de descente vers le fin fond de la prison, il s'arrêta enfin devant un cachot plongé dans l'obscurité la plus totale. La grille se mit à grincer quand le Jötun l'ouvrit, avant de me pousser brutalement à l'intérieur. Il ferma la grille et repartit, me laissant seule dans le cachot.

Ce ne fut qu'à ce moment là que je pris entièrement conscience de la situation : utilisée comme un objet par mon père, "adoptée" par d'autres êtres dans une autre dimension, capturée et torturée par des géants sous la coupe d'un "maître" qui veut mes pouvoirs pour je ne sais quelles raisons, et, surtout, le fait que toute ma vie n'a été qu'un perpétuel mensonge.

Je me demandais comment allait Loki. N'allez pas imaginer que je m'inquiétais pour lui ; je voulais juste savoir si il avait été gravement blessé après l'explosion que j'avais crée (entre nous, j'espérais que oui). 

Trop de choses étaient entassées dans ma tête, à tel point que j'ai cru qu'elle allait exploser. Pourquoi moi ? Que veut faire ce "maître" de mes pouvoirs ? Qui est-il ? Pourquoi mes amis se sont-ils embarqués dans cette histoire ? Sont-ils seulement véritablement humains ? Et d'où vient cette dague qu'ils m'ont donné ? Minutes, elle est toujours avec moi, non ? 

Je passais ma main autours de ma ceinture. Elle tomba sur quelque chose de dure : ma dague. Je la remit à sa place, songeant qu'elle pourrait m'être utile pour plus tard.

Je m'assis par terre, la tête dans les genoux, et fermais les yeux. Cela faisait des jours que je n'avais pas mangé. Je crois que si un poulet serait passé par là, je l'aurais mangé, cuit ou pas. 

Je finis par m'endormir, allongée par terre, les bras croisés sur mon torse.


Laïra, la fille du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant