Chapitre 43

84 8 2
                                    

Pdv de Gwen

J'ai craqué. J'ai répondu à James. J'ai même fait plus que ça, je lui ai envoyé une photo, et pire encore, je lui ai dit de me rejoindre lorsqu'il m'a envoyé la photo de l'avion qu'il allait apparemment prendre.

Ce qui est le plus marrant dans tout ça, c'est que même si c'est l'alcool dans mon sang qui parlait, c'était vrai, j'avais vraiment envie qu'il me rejoigne. James me manque atrocement et le fait d'avoir échangé ne serait-ce que quelques messages, cela a fait revenir les papillons dans mon ventre puissance mille, ceux qui me manquaient tant, ceux qui s'étaient envolés lorsque j'avais appris pour lui et Mag.
Bon ça aussi c'est certainement à cause, ou grâce je ne sais plus, de l'alcool que j'ai ingurgité ce soir. En tout cas une chose est sûre, c'est que je veux le revoir et écouter ce qu'il a à me dire. Parce que je n'arrive plus à continuer comme ça, sans lui, sans savoir ce qu'il s'est réellement passé avec elle. Je veux l'entendre de sa bouche, et lire dans ses yeux s'il me ment ou non.
La dernière fois, j'étais tellement en colère et triste, que je ne lui ai laissé aucune chance de se justifier.
J'ai cru sur parole cette salope de Mag,  lorsque James a avoué que ce n'était pas à cause de sa soeur qu'il avait eu du retard le soir de son retour de Londres. Alors ok, elle n'avait pas menti la dessus, et du coup, comme une conne, je me suis dit "si elle n'a pas menti la dessus, elle n'a pas menti sur le reste". Et ça, c'est vraiment mal la connaître. La preuve en est qu'elle a même menti à Sophie en lui racontant que nous étions amies. Cette mégère a préché le faux pour savoir le vrai et elle l'a vraiment bien fait.

Quoi qu'il en soit, lorsque je rentrerais d'Espagne, il faudra que je règle pas mal de trucs. Il est hors de question que cette pétasse continue à me pourrir la vie. Ensuite je devrais avoir des explications avec James.
En ce qui concerne Sophie, elle m'a dit qu'elle retournerait chez nos parents quelques temps. Elle ira déposer plainte à la police parce que tout cela ne peut plus durer. Il faut que ça cesse. Évidemment, je serais là pour la soutenir mais je pourrais aussi déposer plainte à mon tour contre mes ravisseurs. Cela tirera un trait définitif sur notre passé à toutes les deux. Ensuite quand l'affaire aura comparu au tribunal, Sophie reviendra certainement sur Paris pour recommencer une nouvelle vie comme je l'ai fait. D'ici là, elle aura peut être même d'autres destinations en tête....

J'ai juste hâte que tout cela soit terminé, mais en attendant, c'est notre soirée à toutes les deux, on oublie tout et on s'amuse, ce qui explique mon état d'ébriété très, très avancé, et ce qui justifie aussi ma nouvelle commande de mojitos.

Sophie s'avance vers moi d'un pas maladroit, s'appuie sur mon épaule et me demande en bégayant :

- Ça fait combientième verre ?

Je rigole car même si je ne suis pas mieux qu'elle, je me rend compte que sa phrase n'est pas tout à fait en français. Je bois une ou deux gorgées dans mon verre, je ne sens même plus l'alcool.

- Je sais pas, mais on s'en fou non ?

Puis avant qu'elle ne puisse me répondre, une chanson que j'adore passe dans les enceintes du club
"Whenever, wherever" de Shakira.

- Aaah j'adore cette chanson Sophie, on doit aller danser, je crie sans lui laisser le choix en la tirant par le bras.

Elle me suit en rigolant et c'est ainsi que nous enflammons la piste de danse.

À la fin de la chanson, Sophie revient avec nos verres, tandis que nous continuons à boire et à danser.
Au bout de je ne sais combien de temps, cinq minutes ou bien une heure même, je n'en ai aucune idée, je sens quelqu'un danser derrière moi.
Impossible que ce soit Sophie puisqu'elle est juste devant moi, les yeux fermés, en train de danser, imprégnée par la musique.
Je suppose de suite que c'est un homme, vu ce que je commence à sentir sur le bas de mes reins.
Seulement je ne sais pas pourquoi, je continue à danser, sans y prêter attention. James envahit tellement mes pensées, surtout depuis ses messages, alors j'imagine que c'est lui, qu'il m'a rejoins comme je lui avais demandé plus tôt, et je laisse ses mains descendrent sur mes hanches.
Il se rapproche encore plus prêt de moi, suit le rythme de mon corps, qui lui, suit le rythme de la musique latino que passe maintenant le DJ.
Je suis à présent sûre que c'est son érection qui presse contre mes fesses et mon corps frémit. Il m'a tellement manqué, alors je laisse tomber ma tête sur son épaule. Mon esprit me joue des tours car au fond  je sais que c'est impossible que ce soit James, à moins que si ? Je suis là sans y être et le pire de tout c'est que cela ne m'inquiète même pas.
Il se pourrait qu'un inconnu soit en train de se frotter contre moi, que ses mains passent de mes hanches à mon ventre, puis descendent encore, et je ne réagis même pas.
En temps normal, le mec m'aurait à peine touché que je me serais écartée. Là, non. Je n'aurais d'ailleurs même pas assez de force pour le repousser. Je regarde l'heure sur ma montre, trois heures du matin, depuis le temps que nous sommes ici, j'essaie de calculer le nombre de verres que j'ai bu, en vain.
Le mec continue de me toucher et mon corps persiste à ne pas se rebeller... je ferme les yeux pour me remettre les idées en place mais je peine même à les rouvrir. À ce moment précis j'ai juste envie de dormir... lorsque je rouvre les yeux, je suis consciente que ce mec n'est pas James car son parfum bon marché qui envahit mes narines ne peut pas être le sien. Je n'ai toujours pas vu son visage, et il devient vraiment insistant, je tend la main pour attraper celle de ma soeur et partir, sauf qu'elle n'est plus là...

Tout se passe ensuite très vite, je me retourne pour "essayer" de repousser le gars qui se frotte à moi depuis maintenant cinq bonnes minutes, mais c'est peine perdue. Il fait au moins une bonne tête de plus que moi, je lui baragouine quelque chose du style "Sorry, mon boyfriend m'attendre"
Sauf que ce n'est ni du français, ni de l'anglais et qu'en plus on est en Espagne...
Sa tête me dit vaguement quelque chose mais ça ne me revient pas, mon esprit n'a plus envie de bosser. Il passe son bras autour de mon épaule avec un sourire satisfait puis traverse la piste. J'essaie d'interpeller comme je peux, des gens sur notre passage, mais aucun ne fait attention à nous, et mon cerveau ne contrôle presque plus rien de mon corps, ce qui rend la tâche quasi impossible. Je croid que je n'arriverais même pas crier si je le voulais... j'essaie d'apercevoir ma soeur quelque part, qui lirait la détresse dans mes yeux, mais je ne la vois pas
À ce moment là, tout est flou, je suis à la fois tétanisée,  morte de trouille et complètement bourrée.

Lorsque j'arrive enfin à garder mes yeux ouverts, je vois les lumières de la rue défiler par la fenêtre. J'ai dû m'assoupir dans le taxi qui nous ramène à l'hôtel, je tate le siège de ma main, à la recherche de celle de Sophie.
Lorsque je tourne la tête pour la regarder, mon coeur rate un battement et la nausée remonte dans ma gorge. Ma soeur dort, sauf qu'elle a un oeil au beurre noir et la lèvre fendue.
Au début je pense mal voir, seulement je m'aperçois que dehors, le jour se lève doucement et que je n'invente rien.
Mais en même temps, je me dis que je suis certainement en train de faire un cauchemar comme j'en ai l'habitude. C'est forcément ça.
Mais lorsque je me redresse pour réveiller ma soeur, la personne qui se trouve sur le siège passager avant, se retourne. Je n'avais même pas encore remarqué qu'il y avait quelqu'un à coté du chauffeur avant que je ne croise son regard. Ce regard qui n'est autre que celui de Mag.
C'est alors que tout se bouscule dans ma tête, je secoue Sophie qui ne se réveille toujours pas, Mag détache sa ceinture tend son bras, et une décharge se répand dans tout mon corps. Certainement celle dû à un taser...

Lorsque j'ouvre les yeux, la lumière m'éblouie, alors je les referme aussitôt. J'ai une migraine atroce, certainement dû à la soirée d'hier soir. Quelques bribes me reviennent, des mojitos, de la musique, moi et ma soeur en train de danser, James.... oh purée les messages de James... ses photos. Je cherche mon téléphone sur la table de nuit mais je ne le trouve pas.... et lorsque je refait une tentative pour ouvrir mes paupières, je m'aperçois qu'il n'y a pas de table de nuit. Je ne suis pas non plus dans notre chambre d'hôtel... je suis dans une voiture, et là d'autres bribes totalement différentes me reviennent, Sophie allongée sur la banquette arrière de la voiture, lèvre en sang, ecchymoses sur le visage, et puis le visage de Mag.... ce n'était donc pas un foutu cauchemar.
Je tourne la tête, Sophie est toujours là, il y a juste sa position qui a changé.  Elle est repliée sur elle même, ses bras couvrent son visage comme pour se protéger de quelque chose, ou du moins de quelqu'un, et je sais de qui.

Mag est toujours sur le siège passager devant moi, j'essaie d'apercevoir les traits du visage du conducteur dans le rétro mais je n'y parviens pas. Par contre son tatouage sur le bras me rappelle des choses que j'aurais préféré oublier. C'est l'un d'eux, il fait parti de ces bourreaux qui m'ont enlevée, et donc de ceux qui font mener une vie infernale à ma soeur. Je n'ose pas bouger pour ne pas attirer leurs attentions alors je tend le bras le plus possible et essaie de réveiller Sophie, mais elle ne bouge pas d'un cheveux.

Mes pires cauchemars refont surface, la partie la plus noire de ma vie recommence et ce n'est pas une coïncidence ou le fruit du hasard. Tout ça, c'est de la faute de Mag. Je n'ai plus besoin de chercher de midi à quatorze heures, c'est cette pétasse qui a tout manigancé.
Tout s'assemble dans ma tête tel un puzzle.
Voilà pourquoi elle a gentiement remis Sophie sur ma route, ce n'était qu'une parade pour parvenir à ses fins.
Seulement cette fois ci, je n'en sortirai pas vivante, impossible. S'ils sont là, c'est pour nous tuer.
À ce moment là, je pense à ma famille, mes amis, à Meli, et à James aussi. Si j'avais su l'autre jour que c'était la dernière fois que je le voyais, j'aurais fait les choses autrement, et il y a des paroles que je ne lui aurais jamais dites... parce que le dernier souvenir qu'il aura, ce sera moi en train de l'insulter....

Le poids de mon passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant