Extrait 2.

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J'ouvrais à peine les yeux, la gorge desséchée et les muscles engourdis par la danse que j'avais entrepris toute la nuit avec ma douce, et sûrement à cause de la drogue avalée contre mon gré. J'ouvrais les yeux pour tomber sur cette belle lune de mes jours à mes côtés, mais ce fut comme la première fois et mon regard tomba sur une place vide, l'empreinte de sa tête encore imprimée sur l'oreiller. Mon coeur se fendit un peu alors que je tâtais ce vide encore chaud qui abritait quelques heures auparavant la femme de mes nuits. Je ne comprenais pas pourquoi elle devait toujours disparaître au petit matin, créant ce sentiment que cette magnifique nuit d'amour m'avait jamais existé. Je pris du temps à me remettre de mes émotions, sentant l'angoisse grandissant dans mon ventre, tordant mes boyaux et écrasant mon coeur. Je me sentais pire que tout, je ne comprenais pas pourquoi cela prenait autant d'envergure dans mon être. Mais elle me faisait quelque chose que jamais je n'avais eu la chance, ou la malchance de ressentir un jour. Ses traits étaient gravés dans mon esprit comme si ce souvenir était le plus important, j'entendais encore sa douce voix dans ma tête me crier son bonheur, et je pouvais presque ressentir ses lèvres brulantes contre les miennes. Et puis je me rappela de ce mot laissé à l'aube de la soirée de bienvenue, alors je m'empressais de me lever à la recherche d'un autre mot, battant mes maux sans gêne tant l'envie était grande. Et je ne fus pas déçu, il y avait bel et bien une lettre accrochée sur la porte de ma chambre. 

"Merci pour cette belle nuit, et... désolée de t'avoir droguée. Il se peut que tu te sentes déshydraté, courbaturé et surtout déprimé, prend en compte que c'est la redescendre, hydrates toi bien et repose toi, ça passera dans quelques jours. Si tu cherches à me retrouver, je t'ai laissée mon numéro en pièce détachée et colorée, suivie d'une petite énigme. Bonne journée à toi, mon bel homme de la nuit."

Je ne pus empêcher un sourire face à cette petite lettre, il était vrai que cette idiote m'avait droguée volontairement la veille, et j'aurais pu lui en vouloir mais comment aurais-je pu? Elle était si belle, si attachante et surtout si mystérieuse que je ne pensais qu'à une chose: pouvoir enfin lire en elle comme elle lisait en tout le monde, pouvoir enfin découvrir qui se cachait derrière cet être de fer, cet être volatile. J'ouvris dans une petite enveloppe accrochée à ma porte une petite lettre et la lut à voix haute, pour pouvoir mieux la comprendre.

"Je née du gris et du jaune, du mauvais et du beau, faisant resplendir tout de ma beauté. Selon les croyances, je porte à mes pieds un sac d'or, mais quiconque s'approche me voit s'éloigner. Qui suis-je?

Je suis rassemblée en désordre sur ses numéros colorés, trouve mon ordre et tu pourras recontacter celle qui a partagée ta nuit."

Et dans une dernière enveloppe se trouvaient dix chiffres découpés qui devait signifier son numéro de téléphone, portant au bas de chacun le nom d'une couleur. J'aimais ce côté joueur qu'elle avait mais pourtant, je détestais être le joueur. Elle était entièrement maître du jeu, me laissant abandonné à elle, et abandonné tout court, perdu dans ses mots insignifiants à mes yeux, perdu dans ce désir de découvrir les réponses pour pouvoir enfin lui appartenir. Enfin, je lui appartenais déjà, au fond. Maid tout pouvait être si simple. Je m'imaginais déjà me levant à ses côtés, préparant son petit-déjeuner tel un homme aimant, l'écoutant parler au lit durant des heures infinies. Je me voyais déjà, partageant ses jours et ses nuits, devenant son journal intime, son journal de rêve et de pensées. 

Mais le serais-je un jour?


Extrait d'histoire (FR)Where stories live. Discover now