A la marge

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A la marge est un texte brut de décoffrage. J'avais juste envie de partager mon sentiment.

Je vous souhaite une bonne lecture ! Et je m'excuse pour les fautes qui traînent.

A la marge

En ce 21ème siècle il est une chose qui est trop souvent incomprise, et dont on ne parle pas parce que c'est une chose qui doit rester cachée sous le tapis.

C'est sale alors il faut se taire et ne rien dire.

Tu te retrouves dans cette situation, et d'ailleurs énormément de gens passent par là pourtant, et c'est paradoxal, mais chute ça doit rester dans l'ombre.

Et pourtant des millions de personnes le vive et davantage encore aujourd'hui.

Le chômage.

Le vilain mot qu'il faut taire.

Tu es dans cette situation tu as honte. C'est comme un piège, un traquenard qui te freine brutalement d'un coup.

Le chômage c'est le sentiment d'abandon.

Dans l'existence certaines personnes sont en mouvement, d'autres pas. Quand on est au chômage on a que la seconde perspective.

C'est comme un mur cachant l'horizon.

Difficile d'aller au-delà de ce sentiment et de se dire que l'on va en profiter pour faire telle ou telle chose. D'ailleurs le simple mot profiter n'existe pas vraiment.

C'est un peu comme s'il y avait des castes dans notre société, avec d'un côté les personnes dans une situation stable, et de l'autre ceux avec une situation bancale, et les autres encore sans rien du tout.

Et ces castes vous font tel que vous êtes pour beaucoup de personne, alors qu'il ne s'agit que de situations vécues qui ne vous définissent pas.

Seulement voilà, nous sommes dans une société de compétition dans laquelle il faut être performant à tout prix, et meilleur que l'autre. Toujours, tout le temps, quoi qu'il en coûte.

C'est un système qui ne profite qu'à quelques-uns.

Où est passée la combativité des peuples ?

La révolte c'est le flou, l'inconnu, alors ça fait peur. Donc on ne bouge pas.

Mais du coup, et c'est évident, rien ne change. Jamais.

Parfois il faut oser des coups de folie pour secouer les choses, faire réagir l'univers pour qu'il bouge lui aussi.

*

Durant des mois, qui m'ont paru très long, j'ai été au chômage, sans aucune activité professionnelle. Comme mise de côté dès le lendemain de la fin de chacun de mes contrats, mon solde tout compte comme lot de consolation.

Plus on acquière de l'expérience et plus on pense que ça va être plus simple pour la suite. Mais il n'en est rien. Les opportunités, et la chance qui va avec, quand elles ne sont pas avec vous c'est compliqué.

Et c'est comme ça qu'une « pause » qui ne devait durée qu'un ou deux mois finit par s'étendre encore et encore.

Il arrive un moment où tu te dis : « mais est-ce que je vaux vraiment quelque chose ? » C'est complétement faux, mais même si on le sait pleinement, l'idée fleurie quand même à un moment ou un autre dans notre tête, nous qui ne sommes rien, comme dirait l'autre.

C'est usant, vraiment, profondément usant.

Les deux fois, et peut-être davantage pour la seconde d'ailleurs, j'en étais fatiguée d'être fatiguée de mon existence schématique à base de boulot, chômage, boulot, chômage. Un marasme.

Qui dit chômage dit prospecter chaque jour, regarder les annonces, voir les compétences, parfois hallucinantes, demandées, avec l'expérience et les connaissances également ; et forcément, ensuite, il faut savoir se vendre. Si bien sûr on en a la possibilité.

On en revient toujours à être le ou la meilleure.

La compétition et la performance encore elles. A croire qu'elles sont partout, dans les moindres recoins, même improbables. Partout, tout le temps.

Mais peut-être n'ai-je pas compris, et peut-être sommes nous des machines sans le savoir ?

Si on est honnête il y a bien longtemps que les salariés ne sont plus que des chiffres, des statistiques, des résultats, dans un tableau excel fait par un autre salarié, et qu'un autre reprendra dans son petit tableau pour le patron, lui-même surveillé par plus haut que lui.

Une chaine de chiffre qui marche bien.

Qui exclu sciemment la vie, l'existence de chacun, ses envies, ses rêves, et que sais-je encore.

Vous êtes un chiffre, tout le temps. Une donnée parmi d'autres, qui va être utilisée, puis jetée, puis réutilisée, puis mise au placard encore, et reprise, et enfin cédée, mise au rebut de façon définitive. Le cycle de la vie au 21ème siècle.

Inutile de dire que les chiffres, qui ne sont pas moins que des personnes réelles, en souffre. Mais problème : la souffrance, elle, ne se calcule pas.

Et quand bien même, le tableau excel, lui, ça lui passe au-dessus de la tête. D'autant plus que si untel n'est pas jouasse on en prend un autre. Comme un téléphone qui ne fonctionne plus, on le jette, et on le remplace.

*

Il y a plein de questions et de nombreux sentiments qui vous viennent quand vous êtes au chômage.

Parfois on a même envie de se taper la tête dans le mur ou de jeter son ordinateur par la fenêtre.

Et c'est encore pire quand les politiques ou autres y mettent leur grain de sel à la télévision. On juge avec des idées toutes faites, et inventées de toutes pièces en prenant de grands airs supérieurs.

Ceux qui ne sont rien, peut-on entendre. Les fainéants, les moins que rien, ceux et celles qui, de toute façon ne veulent pas travailler.

Aux yeux de beaucoup on profite des aides (70% du salaire brut), pour aller se faire dorée la pilule à Bora-Bora en riant grassement de ceux et celles qui sue en travaillant.

Vous n'imaginez même pas comme ça fait mal d'entendre ça. On a déjà l'impression d'être un poids (alors qu'il faut avoir travaillé pour toucher le chômage).

Bref, ça n'aide pas le moral, c'est juste profondément injuste. Pour beaucoup c'est comme si, non, c'est nous qui l'avions choisi. Point final. C'est de ta faute.

De toute façon c'est toi le problème t'avais qu'à prendre ce poste à des années-lumière de tes compétences/diplômes et puis c'est tout. Ou tu avais qu'à faire plus d'études hein.

Une souffrance, le sentiment de délaissement, cela ne s'invente pas, ça vous tombe dessus et ça vous fait mal. Point final.

Et peu importe le temps que ça dur.

Il faut arrêter de se voiler la face et être honnête. La plupart des personnes sans emploi elles ne l'ont pas choisi, très loin de là.

Certes il y a toujours des profiteurs (mais où y'en a-t-il pas ?) mais ils sont très très peu.

*

Moralité de ce petit texte : le chômage est une situation très délicate qui peut être très pesante et personne n'y va de son plein gré en se disant : « cool je vais rien foutre ». Et personne ne va à Bora-Bora ou je ne sais où.

A la margeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant