CHAPITRE 8

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Ezio.
Voilà le mot qui me brula les lèvres et qui brouilla mes pensées confuses lorsque je me réveillais en sursaut vers 3 heures du matin, les yeux gonflés et la respiration saccadée.

Je savais qu'il fallait que je me calme, mais il m'en était impossible. Les pieds froids nus, je sortis de ma chambre rapidement avant que la panique ne prenne le dessus, et traversa les couloirs et escaliers qui me paraissaient infinis.

Je n'étais même plus consciente de là où je me rendais, laissant juste mes pieds se poser l'un après l'autre sur le sol glacé et me guider vers le bout de ciel le plus proche.

Et je me retrouvais debout, a l'arrière du château, sous un énorme sol pleureur laissant ses feuilles calmes effleurer le sol, puis je m'écroulais.

Pendant un long moment, je ne fus pas bien. Mes souvenirs et inquiétudes avaient pris le contrôle de mon corps, et je n'avais plus la notion du temps.

Puis je restais assise contre le tronc, frissonnant quand le vent frôlait mes bras dénudés, a observer le soleil se lever sur les toits de tuiles et de cheminées éteintes.

Comment allait mon frère jumeaux? Au téléphone, il m'avait dit que tout se passait bien, et qu'il était heureux de son voyage. J'aurais aimé qu'il me parle plus, qu'il me raconte chaque détails de son vol, du paysage, de son nouvel appartement. J'aurais voulu lui parler de l'ennuis que je devais supporter ici, des connaissances que je m'étais faite, du livre que j'avais lu. Mais il a raccroché rapidement, sans me laisser en dire plus.

« Mon cours commence dans quelques minutes, bisous. »

Quelque chose le préoccupait, mais je n'en était pas vraiment sûr.

Je n'aurais jamais pu imaginer qu'ils me manquent autant, mon père et lui, seulement après quelques jours. C'était comme si je perdais une seconde fois deux membres de ma famille. 

Je voulu pleurer, mais je me retins. Voila bien longtemps que je n'avais pas versée de larmes, et je n'avais pas envie de les laisser couler à nouveau. J'avais pris trop de mal à soigner mes maux, et je me demandais presque si les plais étaient complètement fermés.

Un vide complet, voilà ce qu'il me fallait. Je voulais me lâcher, crier, et oublier tout un instant. Je me rendais alors compte que ce concert était vraiment ce qu'il me fallait, et que pour rien au monde je ne voulais le rater. Alors qu'hier les doutes m'aveuglaient encore un peu, je me trouvais alors plus déterminée que jamais.

Je remontais dans ma chambre discrètement, mais d'un pas déterminée. Je pris une douche, m'habillais, et descendais prendre mon petit déjeuner dans la grande salle.

Je m'installais à la même place qu'hier aux côtés d'Exia, Hymène, Youma, Pia et Ahiru.

-Pourquoi tu manges aussi vite? ria Pia.

-Je sais pas. J'ai faim peut être. répondis-je.

Nous discutâmes, nous mangeâmes, ces filles avaient le don de me donner la forme.

-Sinon, vous savez ce que le prince va faire, aujourd'hui? demandais-je, d'un air curieuse.

-Tu t'intéresse à Éric toi, maintenant ? me demanda la métisse Youma, d'un air surpris.

-Non, je voulais juste savoir.

-Apparement, il va pique-niquer dans la prairie avec des filles. Certaines m'ont dit qu'il allait peut être regarder un film. me répondis Hymène du tac au tac, toujours au courant des dernières activités du prince.

Je devais avouer que cela me faisait un peu penser a une colonie de vacance, ou un après midi entre amis. Je ne savais pas vraiment a quoi m'attendre en venant ici, mais je n'aurais pu imaginer que le prince et ses amis s'amusaient a pique niquer et regarder des films. En y réfléchissant, tout cela me faisait penser a des adolescents ordinaire voulant s'amuser, sauf que parmi eux se trouvait le prochain gouverneur du pays, et que les personnes qui l'entourait étaient simplement la pour le conquérir, si on exclu les garçons. Et si le prince était gay? Bien que la société ai était de moins en moins indulgente avec cela, je doutais qu'un couple d'homosexuel soit accueillis a bras ouvert a la tête du pays. Mais après tout, pourquoi pas?

Mais bon, vue les conquêtes que celui-ci enchainait sans arrêt, je doutais qu'il le soit vraiment.

Je savais a présent ou aller, et bizarrement, un sentiment d'excitation et de hâte s'empara de moi. Quand je remontais dans ma chambre, j'écrivis jusqu'a midi.

Ensuite, j'allais à la rencontre d'Hymène pour lui demander si elle souhaitait m'accompagner a ce fameux repas a l'extérieur, car m'y rendre seule aurait paru étrange, et je n'aurais personne a qui causer. Comme je m'y attendais, elle accepta directement et partit se changer.

Quand vins l'heure, et après quelques renseignements, je descendais le grand escalier de marbre qui menait jusqu'aux grandes portes d'entrée. Depuis les dernières marches, je pouvais apercevoir un groupe d'une quinzaine de filles encerclant le prince. A côté d'eux se tenaient 3 majordomes en costumes simples portant d'énorme sacs devant contenir le repas. Même si il s'agissait d'un pique-nique, je doutais que la nourriture serait constituée de sandwichs et tomates cerises, comme tout pique-nique ordinaire.

Une fois en bas, Hymène me rejoignit et je vis le prince me lancer un bref regard. Au moins, il était déjà au courant de ma présence.

Tous ensembles, nous descendîmes les quelques marches a l'extérieur qui nous séparait de la pelouse, et je riais intérieurement en voyant la plupart des filles trébucher a cause de leurs chaussures a talon. Peut être qu'avec mes baskets, je paraissait petite, mais au moins, je ne me cassais pas la figure.

-Dis moi, tu n'avais pas dit que tu n'étais pas là pour conquérir le prince ? demanda t-elle, l'air curieuse.

-Si mais vois-tu pourquoi pas essayer de faire des rencontres et profitez de ces mois de repos qui  s'offrent a moi? mentis-je en souriant du mieux que je pus. 

Je ne la connaissais presque pas que je me mettais déjà a lui mentir. Je me sentais mal pour elle, car mentir était loin d'être la chose que je préférais faire sur cette terre.

Comme d'habitude, le soleil brillait, et les nuages étaient peu a tenir compagnie au ciel. L'herbe était plutôt sèche mais toujours aussi verte, et les feuilles des arbres balançaient de gauche a droite, portées par le vent chaud du printemps. A cause du réchauffement climatique, les jours d'orages étaient de moins en moins présents, mais l'hiver, il continuait tout de même a faire froid. Je n'avais jamais vue de neige de ma vie, et mourir sans en avoir vue aurait été un de mes plus grands regrets.

Le groupe s'arrêta au beau milieu de la prairie, près d'un grand arbre au tronc imposant.

Les majordomes installèrent une gigantesque nappe blanche sur l'herbe, et y déposèrent petit a petit toutes sortes de plats, protégés la plupart du temps par une fine vaisselle probablement en porcelaine.

Salade de riz, de tomate, jambon, saucisses, yaourt, glaces, je devais l'avouer: le festin était grandiose.

Le prince s'installa en premier, et je remarquais alors la présence d'Akio, qui s'essaya a ses cotés.  Quelques filles se disputèrent les places les plus proches du prince et j'en repérais une, de l'autre cotée du grand tissu, pas trop loin de là ou il se trouvait. 

A toi de jouer, Homey. C'est maintenant, ou jamais.

ROYALEMENT STUPIDE.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant