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Je n'avais aucunes nouvelles de Ed,aucune, jusque ce soir là, il était rentré frigorifié, les yeux rouges, les lèvres bleues et tremblotantes, il semblait réellement mal en point. Je m'étais tout de suite inquiété pour lui, j'avais peur qu'il ne se soit à nouveau fait frapper par Harry. Lorsque je lui avait posé la question, il s'était contenté de me regarder comme si j'étais un étranger, ou juste une connaissance, comme si je n'étais plus moi en fait, comme si j'avais changé. C'était peut-être le cas, je ne saurais le dire honnêtement, mais je savais que je n'étais plus totalement le même, ça c'était clairement sûr. Il ne m'avait pas laissé le prendre dans mes bras, le toucher,le serrer contre moi, lui embrasser la tempe pour lui montrer que je le soutenais, non. Il s'était contenté de me regarder, juste comme s'il me redécouvrait. Ensuite il avait fais quelques pas, hésitants,jusqu'au fauteuil, je l'avais regardé faire, il semblait...différent, comme si quelque chose avait changé en lui. Lorsqu'il était dos à moi, je me suis doucement avancé et j'ai entouré son torse de mes bras, dans un geste réconfortant. J'espérais sincèrement qu'il ne me repousserait pas, et heureusement pour moi,il ne le fit pas. A la place, il se retourna et laissa tomber sa tête dans mon cou avant de se mettre à pleurer, il semblait réellement déboussolé. Je le serra un petit peu plus fort dans mes bras, comme pour essayer de prendre un peu de sa peine, mais rien n'y fit, je nous fit tomber dans le canapé, lui sur moi, toujours sa tête dans mon cou, je passa doucement mes mains le long de son dos et dans ses cheveux dans une vaine tentative de l'apaiser un peu. Nous restâmes ainsi de longues minutes avant qu'il ne se calme, il s'endormit dans mes bras, comme un enfant, je n'eus pas le cœur de le réveiller ou de bouger alors je me laissa aller et m'endormit à mon tour, bien décidé de mettre tout cela au clair dès mon réveil.

Lorsque je sentis le soleil agresser mes rétines j'ouvris les yeux sur une paire d'yeux bleus qui me fixaient tendrement, je me racla doucement la gorge me rendant compte de la position gênante dans laquelle nous étions. Je me redressa légèrement, faisant asseoir Ed a califourchon sur moi, il enfouit sa tête dans mon cou, j'avais l'impression d'avoir affaire à un enfant, la même sensibilité, la même douceur dans ses gestes, la même expression tout au fond des yeux, il ne m'avait jamais parut aussi fragile qu'à l'instant.

-Ça va mieux ? Demandais-je la voix encore enrouée du à notre sieste.

Il hocha la tête, comme s'il avait peur que s'il parlait, sa voix se casse, se brise, tremblote et prouve ainsi que c'était faux, que ça n'allait pas mieux... Je ne releva pas, me doutant bien que de toute manière il ne parlerait pas.

-Pourquoi tu pleurais comme ça tout à l'heure ? Le questionnais-je tout en allant dans la cuisine, lui tournant le dos, afin de sortir quelque chose à manger.

-Je...

J'attendis la fin d'une phrase qui ne vint jamais, il baissa la tête et prit place sur un des tabourets du bar pour manger ce que j'avais posé dessus.

-Il s'est passé quelque chose depuis que je t'ai vu la dernière fois ?

Il secoua négativement la tête mais des larmes s'insinuèrent dans ses yeux, me retournant l'estomac et me donnant à nouveau envie de le câliner.

-C'est à cause de ce que j'ai dit l'autre soir ? Ma voix était douce, comme pour ne pas le brusquer ou l'effrayer.

Il ne répondit pas, se murant dans un silence que je ne lui connaissait pas, je décida de le laisser un peu tranquille, il me parlera sûrement quand il en aura envie ou qu'il en ressentira le besoin. La journée passa sans qu'il ne prononce un mot, je lui avais prêté des vêtements afin qu'il se douche et se change et nous avion finit sur le canapé où nous étions en ce moment même en train de regarder un film d'action quine semblait aucunement l'intéresser, depuis tout à l'heure il me fixait, pensant sans doute que je ne le voyais pas. Ça me perturbait légèrement mais je ne voulais pas que cela le gêne si je faisais comme si je le surprenais en flagrant-délit, c'est pourquoi je me concentra faussement sur le film. Lors de la pub je ne put m'en empêcher et me tourna vers lui, baissant au passage le son de la télé pour entendre ce qu'il avait à me dire.

A ma plus grande surprise aucun son ne passa la barrière de ses lèvres, non, à la place il se pencha sur moi et posa délicatement ses lèvres sur les miennes, comme s'il voulait me laisser le temps de reculer, de lui dire de s'arrêter,comme s'il ne voulait pas me brusquer ou m'effrayer. Pourtant j'avais comme l'impression d'être un animal prit au piège, un gibier devant un rapace, une proie devant son prédateur... Je me sentais mal à l'aise, mais je ne m'écouta pas bien longtemps, j'étais décidé à ne penser qu'à ses lèvres sur les miennes. A présent, seule sa respiration hachée et mon souffle haletant se faisaient entendre lorsque nos bouches se lâchaient, aspirant un maximum d'air avant de repartir à l'assaut l'une de l'autre. La température dans la pièce monta en flèche, nos lèvres se faisaient plus avides, plus sauvages, nos mains se faisaient plus aventureuses, exploratrices.Appréciant la situation autant l'un que l'autre, profitant de notre intimité, de nos cerveaux déconnectés. Lorsque nous échangeâmes notre dernier baiser il souffla trois mots, trois petits mots qui allaient tout bousculer, tout casser, tout détruire, créer des problèmes et en résoudre, il souffla trois petits mots qui me retournèrent l'estomac et que je ne parvins pas à lui rendre, il souffla :

-Je t'aime.

Il s'endormit à nouveau sur moi, je pris un plaid qui traînait sur le fauteuil et nous couvrit avec. Je ne savais pas ce que je venais de faire, ce que je faisais ou même ce que j'allais faire, j'étais simplement paumé, je ne savais pas si je regrettais de l'avoir embrassé, si j'allais regretter, s'il voudrait plus, s'il voudrait moins, je ne savais pas comment j'allais me sortir de ce merdier pas possible, c'est sur ces pensées pour le moins optimistes que je m'endormit, la tête bouillonnant et les yeux se fermant, ayant peur d'hier, vivant au jour le jour, mais en étant tétanisé par le lendemain.

A mon réveil, Ed n'étais plus à mes côtés, j'entendis l'eau de la doucher couler ce qui me rassura, il n'était pas parti comme un voleur après avoir eu ce qu'il voulait... Je me leva tout en réfléchissant, comment allait-il réagir après nos baisers plutôt enflammés d'hier soir ?Comment allait-il réagir en apprenant que c'était Harry que j'avais embrassé ? Qu'allait-il me dire en me voyant après la soirée d'hier ? Je souffla, trop de choses me tournait dans la tête en ce moment, je n'allais jamais m'en sortir... Je prépara un rapide petit déjeuner pour nous et l'attendit. Il sortit de la salle de bain avec un de mes caleçons et un t-shirt trois fois trop grand pour lui. Il me rejoignit, la tête baissée et les joues rouges, je ne saurais dire si c'est du à la chaleur de sa douche ou à la gène qu'il a en repensant à hier mais j'aime voir cette couleur sur ces joues.

-A propos d'hier soir... Je...commença-t-il en s'asseyant en face de moi. Je suis désolé...J'avais pas prévu de faire... ça..., et de dire ce que j'ai dit...

-Il n'y a pas de mal... chuchotais-je pour parler sur le même ton que lui. C'est pas comme si je t'avais repoussé ou que je n'avais pas apprécié...

Ses joues se tintèrent d'un rouge encore plus foncé tandis que je sentais les miennes se colorer  quelques peu... Il se racla la gorge mais je le coupa avant qu'il ne parle, si je ne lui dis pas maintenant, je ne lui dirais jamais.

-Tu sais le gars que j'ai embrassé ?Quand ça s'est fait je ne savais pas qui c'était... Et il se trouve que c'était Harry... Je suis désolé. Mais je veux que tu le saches avant de décider si tu veux tenter quelque chose avec moi ou pas...

Je baissa la tête vers le sol,observant les rainures irrégulières du parquet, quand je sentis deux doigts se poser sous mon menton et me le relever doucement jusqu'à ce que nos yeux bleus s'affrontent.

-Je ne t'en veux pas, on fait tous des erreurs de parcours, j'aurais juste voulu que tu me le dises avant...

-Je suis désolé, j'avais peur de te perdre alors j'ai été lâche et je ne t'ai rien dit... Je suis sincèrement désolé... ma voix craqua sur les dernières paroles.

-Et... souffla-t-il. Je ne t'en veux pas, promet moi par contre que tu ne ressens rien si ce n'est de la haine pour lui...

Je ne me laissa pas le temps d'analyser ou de comprendre ses paroles que je promis, sans plus réfléchir,sans me prendre la tête, je voulais vivre au jour le jour sans me soucier du lendemain. De toute manière je n'étais plus sûr de rien, seule une chose me semblait logique : Ed ne me lâcherait jamais.

Maybe I Hate You [Larry]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant