Sacrifice

Chapitre 4 : Blessée

Élise étouffait. Ses mains devenaient moites,  le sang ne circulait plus correctement. La jeune fille eût un mal de tête et s'arrêta de bouger. Toujours vivante,  certes, mais elle avait mal partout. D'un geste faible, elle essaya vainement d'enlever ses mains de son cou. Il la lâcha enfin,  réalisant l'erreur qu'il avait faite.

《 -J'espère qu'elle est en vie, argh ! Tout ça, c'est de ta faute !, s'écria-t-il en lui mettant une gifle. 》

Élise fermait petit à petit les yeux. Sur ce carrelage froid, une partie de son bras touchait le tapis gris. Il était très doux et soyeux au toucher. La jeune fille fit semblant de dormir et se fit porter en princesse sur le lit. Sa joue encore rouge lui brûlait légèrement. Seulement,  elle ferait tout pour sortir d'ici et juste après,  s'occupera de détails superficiels. Il se releva,  lui jeta un petit coup d'oeil et quitta la chambre. Élise ouvrit légèrement les yeux pour au cas où,  si quelqu'un était entré. Une grosse douleur s'abbatit sur son cou à cause de l'autre. Juste le toucher réveillait une bonne petite douleur. La jeune fille aurait besoin d'un petit somme pour récupérer la forme avant de s'engager à faire de l'escalade sur le mur. Elle ferma les yeux et pénétra dans le royaume des rêves.

***

Élise était en compagnie de ses parents. Sa mère lui avait hérité ses magnifiques yeux bleus et son père,  ses cheveux blonds. Sa soeur la serrait dans ses petits bras. Elle était son sosie : même yeux,  un peu plus d'ailleurs vers le bleu-vert et ses cheveux plus clair,  blond platine. Elle avait quatre ans,  juste avant qu'Élise soit désigné. Ce souvenir restait vague.

《 - Je vous jure que je reviendrai coûte que coûte. Même si,  je n'ai plus d'amis ou de famille. Il n'en est pas question,  je dois vous retrouver avant de perdre  la vie. Alors s'il vous plaît,  attendez moi.... rassura Élise, quelques gouttes d'eau perlant sur ses joues. 》

Sa famille partit soudainement en un nuage rouge comme le sang. La lune avait remplacé le ciel bleu et cette couleur se tint en bleu marine. Un ciel de pleine lune... oui, c'était cela. La lune trônait dans le ciel,  apportant une lumière faible mais apaisante.

《 - Charmante famille, murmura quelqu'un dans son dos.

- N'est-ce pas ?, répondit Élise sans se retourner.

- La pleine lune est un... commença-t-il.

- Signe de pouvoir. Je parie que dans quatre jours, c'est la pleine lune, commenta Élise.

- Exact. Qu'est-ce qui vous a mis sur la piste ?, demanda une voix masculine.

- Ceci, désigna la jeune fille en montrant le ciel. Est-ce le hasard ?

- Il n'y a jamais de coïncidences, se contenta-t-il de répondre. 》

***

La jeune fille se réveilla en sursaut. C'était la nuit dehors, et quelqu'un a apporté un plateau garni de nourriture. Élise se releva et son rêve était comme ancrée dans sa tête. Quelques douleurs se reveillaient partout sur son corps. Sans perdre un instant, Élise ouvrit la fenêtre et commença silencieusement son repas. Il ne fallait pas allumer la lumière ou montrer quelconque signe de réveil pour son plan. Elle finit de manger sa pomme et jeta le trognon dans la poubelle. La fenêtre était grande ouverte. Pas de lumières ou de portables qui sonnent. Ni quelconque indice d'où était-elle partie, Tout était bon. Prenant son courage à deux mains, elle mit son oreiller en dessous de la couverture et essaya de déposer quelques gouttes de son sang sur l'oreiller. La silhouette puis l'odeur, ce plan ne contenait pas de faille. Élise s'approcha de la fenêtre et commença sa descente aussi rapidement que silencieusement. Pieds nus, les pierres aiguisaient leurs arêtes sur son corps fébrile. Arrivée en bas, Élise ne se disait pas que c'était fini. Maintenant,  il restait le trajet pour rejoindre la ville. Marchant doucement mais rapidement possible, elle dévalait la forêt. Ses pieds étaient en sang,  pourtant,  rien ne semblait la préoccuper mis à part,  le fait qu'on la rattrape. Les arbres semblaient presque vivants et les herbes frolaient ses pieds. Enlevant le sang qui envahissait ses chevilles, elle se disait pour se rassurer que ce cauchemar cessera une fois là-bas. La lune éclairait faiblement sa route. Après plus de deux heures de marche et de douleur,  elle y arriva enfin. C'était enfin fini.

En réalité,  tout ne venait que de recommencer. Tout : se faire traquer par ces Lostines, fuir chaque semaine ces monstres, se soigner à chaque poursuite, essayer de retrouver sa famille et ses amis et bien sûr,  le plus important,  survivre.

《 - Vous êtes blessée madame ?, demanda une petite voix.

- Oui... répondit Élise, essoufflée.

- Venez,  ma maman est médecin.., dit-elle en lui prenant le bras. 》

Après plus d'une dizaine de minutes de marche sans s'arrêter, les deux jeunes filles entrèrent dans une assez grande maison. Une jeune femme vint immédiatement vers ces dernières. Elle semblait fatiguée et également inquiète.

《 - Julie ! Je t'envoie chercher du pain déjà à une heure tardive et voilà que tu reviens comme une fleur avec... commença-t-elle, oh ! vous êtes blessée,  venez vite,  je suis médecin. 》

La dénommée Julie articula un petit merci et entraîna Élise vers son cabinet. Comme tous les autres il contenait une armoire,  des étagères et d'autres meubles pleins à craquer de médicaments,  un bureau et une chaise longue. Sous la demande du médecin, Élise s'assit dessus et Julie attendit, debout contre la porte. Après avoir examiner tout le corps de la jeune fille, la mère de Julie fit une sorte de bilan,  à l'oral pour que la blessée l'entende.

《 - Vous avez quelques blessures étalées sur votre cou, votre avant bras droit, votre cuisse gauche et également votre dos. Les autres sont des bleus, plus petits. Vos pieds ont besoin d'un désinfectant et ils sont entaillés de part et d'autres. Vous avez fait quoi pour avoir tout cela ?, énuméra-t-elle.

- J'ai... je suis tombée d'une petite colline et il y avait des pierres... mentit Élise.

- On va désinfecter tout ça,  hein... dit la mère de Julie, mais vos parents, le savent-ils ?

- Ils sont morts,  lâcha Élise.

- Ah, toutes mes condoléances alors... s'excusa-t-elle rapidement. 》

C'était à moitié vrai puisque ses parents ne se souvenaient plus d'elle. Ils étaient au fond morts puisque Élise ne fait plus partie de sa vie...