Chapitre 5 : la célébration

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Notre matinée avait été consacrée au repos et à la détente. Repos bien mérité après ces quelques jours de préparation plutôt agités. Le départ étant demain, j'avais finalisé mes bagages la veille avec appréhension. Appréhension de ne rien avoir oublié, appréhension de quitter mes proches, mais aussi excitation de découvrir de nouvelles choses. La peur est une émotion forte lorsque nous sommes dans l'inconnu. C'est donc avec un sentiment mitigé que j'avais accompagné mes camarades. C'est près de la sortie sud que se trouvait la source chaude. Divisée en plusieurs plans d'eau, elle était composée d'un grand bain à débordement donnant sur de plus petits en base. Entourée de roches sur une majeure moitié, la source créait une atmosphère de sécurité bienvenue. Mon dos était calé dans un creux, façonné par l'écoulement de l'eau au fil des années, tandis que je faisais remonter mes pieds à la surface.

Les bains se situaient plus en hauteur que le reste, nous avions donc une vue dégagée sur la végétation luxuriante, digne d'une forêt tropicale, débordante de vie. Un chemin de bois avait été construit au-dessus de l'eau jusqu'aux bains. La roche, érodée par le temps, était douce au toucher sous mes doigts. Les muscles détendus et l'esprit apaisé, nous étions restés jusqu'au début d'après-midi, nous séchant au soleil sur la mousse verte épaisse recouvrant les roches. Des paniettes de fruit passaient de main en main pour ce pique-nique improvisé et nous parlions de tout et de rien. Le sujet se concentra évidemment sur nos futures écoles et j'appris que Menediel, un garçon de ma classe, viendrait à Istya tout comme moi. Je n'avais vraiment pas fait attention lors de la cérémonie ma parole. Quelle tête en l'air ! Sa spécialité est l'eau, il adore venir ici pour s'exercer et développer ses pouvoirs. Pour l'instant, il arrive à mouvoir le liquide de quelques centimètres, mais ce n'est qu'une question de temps.

Après cette baignade aux sources, nous nous étions dirigés, Elanor et moi, vers sa maison, laissant les autres aller se préparer de leur côté. Sa chambre était parfaite pour s'apprêter à la fête. Une douche plus tard et elle s'occupait de ma coiffure. Je me regardais dans le miroir. La ressemblance avec mon frère était sans conteste présente. Le même nez droit légèrement recourbé et les lèvres pleines se dessinaient sur mon visage aux traits délicats. Les yeux déterminés surmontés de sourcils fins étaient adoucis par mes taches de rousseur. Mes cheveux de la même couleur châtain que Kyli m'arrivaient jusqu'aux fesses. Ela adorait les tisser en coiffures élégantes comme à l'instant. Elle avait entrelacé en épis la moitié supérieure, créé de petites tresses sur le côté tombant derrière les oreilles et mis quelques mèches devant. Le reste de la chevelure raide ondulait dans le dos fourni par de minuscules tresses ci et là. Sa mère nous appela pour nous prévenir que l'heure était venue de se joindre aux festivités. C'est donc avec enthousiasme que nous sommes dirigés vers lesdites festivités.

Un chant mélodieux d'un calme intense racontait une histoire d'amour d'une tristesse absolue. Seule la façon dont la chanteuse s'exprimait et modulait sa voix me faisait ressentir les émotions des personnages liés à cette musique. Malgré tout, je me sentais bien, comme apaisée. Le cœur, composé d'une demi-douzaine d'elfes, était en parfaite harmonie avec la voix de tête, ajoutant de la profondeur au chant. Les instruments, eux, permettaient d'accompagner le timbre de l'artiste sans se faire sentir, le tout de façon naturelle. Un ébéniste de talent avait sculpté ceux-ci à partir d'essences différentes de bois précieux. Les nœuds formaient des motifs mis en relief par les heures de ponçage et de vernissage du maître de ces chefs-d'œuvre. Tantôt en bois tropicaux comme l'acajou ou l'ébène de couleur sombre, tantôt en bois d'olivier ou de châtaignier aux teintes claires, chaque instrument était adapté à son utilisateur. L'arbre millénaire trônait derrière eux, ses branches semblant les entourer de façon protectrice.

Un banquet rempli de denrées et de boissons en tout genre était dressé pour le plaisir des fêtards. Aujourd'hui, nous célébrions le retour du printemps, signe de renouveau dans la nature. Les bourgeons commençaient à apparaître, les cerisiers en fleurs déposaient leurs délicats pétales sur le sol, et les jours s'allongeaient. Une fête était organisée tous les ans à cette occasion. C'était la tradition de se réjouir pour le futur et de dire au revoir au passé. La musique avait changé de rythme pour suivre l'humeur de l'auditoire. Les voix paraissaient plus entraînantes, accompagnées d'un tambourin, d'une flûte, d'un luth et d'une harpe à présent. Les danseurs endiablés mettaient le feu à la piste, les corps ondulaient au rythme de la mélodie sans jamais s'arrêter. Je me joignis à eux et me perdis dans la foule. La chaleur était agréable en cette soirée fraîche. Elle provenait à la fois des gens qui m'entouraient et à la fois de grands feux de joie allumés pour l'occasion. L'alcool grisait mes sens tandis que je me déhanchais.

Des heures avaient passé tandis que nous célébrions. La nuit était tombée. Le temps était enfin venu d'envoyer nos messages vers les étoiles. Nous nous dirigions donc vers une grande clairière au bord de l'eau où la canopée était plus mince. Chaque individu avait fabriqué de ses mains une lanterne afin de l'adresser au ciel. Nous écrivions nos vœux pour qu'ils se réalisent. Chacun alluma le sien dans l'attente de pouvoir l'envoyer. Une pensée pour nos proches n'étant plus de ce monde et une autre pour ceux à naître. Mes parents étaient les premiers à devoir libérer les leurs, puis mon frère et moi en même temps que les anciens. Suivit chaque habitant de notre communauté pour former un nouveau ciel illuminé. Les lanternes avaient remplacé les étoiles, brillants de mille feux dans la nuit noire, si calme à présent.

Le temps de regarder l'envol de nos créations, l'aube approchait à grands pas et le ciel se teintait d'un camaïeu de rouge et orange. Sans quitter des yeux ce magnifique tableau, une larme coula sur ma joue. L'alcool avait dû me monter à la tête, je n'étais pas si sentimentale d'habitude. Certaines personnes restèrent pour admirer les derniers vestiges de l'envolée des illuminations, d'autres retournèrent à la fête et le reste partirent à leurs différentes occupations. Pour ma part, mes paupières se fermant toutes seules je décidais d'accompagner Kyllian à la maison pour un sommeil bien mérité. Un bisou au passage aux parents et nous filions direction le lit. Pour cette dernière nuit ensemble, nous avions partagé le hamac serré l'un contre l'autre comme lorsque nous étions enfants, le soleil nous réchauffant de ses rayons.

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Hola Wattpadiennes et Wattpadiens,
Ce chapitre a été assez dur à écrire, j'espère donc qu'il répond à tes attentes.
Dis-moi tout en commentaire stp :) La suite de l'histoire sera amenée à l'école Istya.
Besos,
Meira.

Olympe d'EsméraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant