Chapitre 5 : Déterminée

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Après s'être revigorée et soignée, Élise s'apprêtait à partir. En règle générale, il ne fallait jamais trop traîner dans un seul et même endroit. Marchant très doucement sur le parquet de la maison, la jeune fille s'avançait lentement vers la porte d'entrée. Une voix derrière elle la fit sursauter :

《 - Vous comptez partir ?, demanda-t-elle. 》

Sans un regard,  la jeune fille reconnut sa voix. C'était celle de la mère de Julie. Élise hocha la tête et s'élança vers la porte. L'ouvrant et la refermant en essayant de ne pas la faire grincer, Élise s'enfuit une nouvelle fois vers le centre ville. Les chaussures que la jeune femme lui avait passées étaient très confortables pour marcher. C'était beaucoup mieux que de marcher pieds nus. La lune était haute dans le ciel, laissant apparaître un croissant de lune. Ce n'était pas encore l'heure ou le moment de mourir. Élise essayait de retrouver sa maison parmis les panneaux. Sa famille restait encrée dans sa mémoire mais leur adresse a presque entièrement disparu. Les adresses qui lui semblaient familières étaient le collège et la garderie de sa petite soeur. Les lampadaires faiblissaient à vu d'oeil. Ils approchent déjà. Une silhouette se distingua de l'ombre. Des yeux verts apparurent dans cette froideur inhabituelle. Il approcha de la jeune fille. Celle-ci n'avait bien entendu aucune chance de résister. Au lieu de souffrir inutilement, elle se rendit à l'évidence. Combattre serait idiot. Seulement, Élise ne comptait pas revenir là-bas, c'était impossible. Une image defila devant ces yeux : sa mère,  son père et sa soeur. Elle devait les rejoindre.

《 - Non. Je ne reviendrai jamais, affirma Élise, déterminée.

- Crois-tu vraiment que ce sont ces paroles qui vont arranger la situation ?, répliqua-t-il.

- Non, répondit-t-elle. 》

Le jeune garçon vint avec une vitesse phénoménale derrière elle. Cette dernière ne bougea pas, du moins pas encore. Il nicha sa tête vers l'oreille de la jeune fille qui était comme paralysée.

《 - Plus que trois jours et ils viendront récupérer ce qu'il leur appartient, articula-t-il dans le creux de son oreille. 》

Élise avança vivement pour s'éloigner de l'individu. La jeune fille se répétait ses paroles. Trois jours. Ils viendront dans trois jours. Elle avait donc trois jours pour les revoir et leur dire adieu. Non. Elle ne pouvait se résoudre à ça. Un an de fuite qui n'aurait alors servit à rien ? Un an de souffrances partit en fumée à cause de quelques Lostines ? Pourquoi abandonner si vite la partie alors qu'elle peut encore lutter ? Élise forma inconsciemment un sourire sur ces lèvres.

《 - Qu'ils viennent, s'écria-t-elle avant de partir. 》

Élise l'abandonna en plein centre-ville. Au fait,  comment a-t-il déjà su sa position ? Son plan aurait-il été déjà découvert ? Si vite. Élise frissonna. Trois jours,  c'étaient peu. La jeune fille courrut et courrut encore,  aussi rapidement que possible.

***

Trois heures sont passées, Élise n'avait cessé de courir et avait atteint une immense forêt. Quelques barrières usées essayaient tant bien que mal de protéger l'entrée ou la sortie de cette forêt d'ailleurs. Quelques nuages s'étaient formés sur le ciel qui commençait à s'éclaircir. N'ayant aucune idée de l'heure, elle situerait l'aube vers quatre heures du matin. Élise écarta rapidement les barrières qui ne servaient à rien puisqu'on pouvait les pousser facilement. Elle s'enfonça alors dans cette forêt,  plus claire que celle plus au sud,  où était situé le repaire de ces Lostines. Les arbres semblaient lumineux presque et l'herbe était très verte. Un léger parfum de fleurs et de verdures flottaient dans l'air. Le vent s'engouffrait difficilement dans ces endroits mais pourtant,  ici,  il semblait libre et soufflait partout. Cet endroit plaisait énormément à la jeune fille qui s'émerveillait à chacunes de ces trouvailles. Il n'y avait seulement qu'une chose qui la dérangeait.

《 - Il n'y a aucun insecte ou animal ici.., s'inquiéta-t-elle. 》

S'avançant encore au coeur de la forêt, Élise découvrit une petite cabane en bois. Elle semblait fatiguée et très vieille également. L'herbe autour d'elle ne poussait pas à plus de cinq centimètres et il n'y avait aucun arbre à sa proximité. On aurait dit qu'elle dégageait une sorte de champ de force. Élise s'approcha à cause de sa curiosité. Touchant les murs faibles de la cabane, on pouvait croire que juste en soufflant,  la cabane de bois s'effondrerait. Ce qui n'est pas le cas puisque la jeune fille s'aventura à l'intérieur. Dans cette dernière, rien d'intéressant au premier coup d'oeil. Pourtant lorsqu'Élise s'approcha de l'herbe qui s'étendait dans une petite partie de la cabane, elle put constater qu'il y avait une sorte de cage en verre avec des câbles reliés à des planches.

《 - Étrange, contasta Élise en soufflant sur l'engin. 》

Deux sortes de manettes s'enclenchèrent lorsque le souffle chaud de la jeune fille les frôla. L'une bougeait de haut en bas et l'autre de gauche à droite. Cela devenait de plus en plus étrange. Élise bougea la première manette en haut. Une des planches bougea du sol et se remit à sa place d'origine : la charpente du toit. La jeune fille enchaîna en bougeant la seconde sur la droite et une autre planche s'assembla sur une des murs détruit. Tout une série de manoeuvre fut nécessaire à Élise pour reconstruire toute la maison à l'aide de l'engin. Lorsque la cabane fut reconstruite, Élise remarqua que l'une des planches tomba à terre. La jeune fille allait la remettre grâce aux manettes mais la planche libéra un collier avec une pierre bleue puis s'effaça en une poudre beige. Élise prit le collier, l'enfila à son cou mais mit la pierre bleue sous son t-shirt. Elle sortit enfin de la cabane de bois,  fière de l'avoir réparé sans savoir qu'à la sortie un Lostines l'attendait...

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