Un silence de plomb régnait sur l'appartement. Celui-ci se trouvait être entièrement plongé dans le noir, si bien que l'unique source de lumière était les pointillés des volets mal fermés.
On pouvait apercevoir, grâce à eux, des capsules de café éparpillées un peu partout sur la table de la cuisine. À côté, se trouvait une tasse de couleur noire remplie d'un fond de café, semblant être là depuis quelques jours. Et encore à côté étaient écrasés des mégots de cigarettes, prenant place dans un cendrier sombre.
Et soudain, alors que lui dormait encore, un bruit perçant et aigu vint s'ajouter à l'habituel calme. Edgar sursauta.
- Bordel de voisins avec leurs travaux à la con, souffla-t-il.
Il se redressa, difficilement. Cela devait bien faire plus de vingt heures qu'il dormait là. Le jeune homme soupira. Se nourrir, sortir de chez lui, étudier... Ces derniers temps, ce n'était plus des tâches quotidiennes; mais des épreuves bien trop difficiles à franchir. Julia, qui commençait à bien le connaître, avait déjà dû venir le réveiller en donnant des coups de pied dans la porte d'entrée, quand après deux jours il ne répondait toujours pas aux messages avec lesquels elle la harcelait.
Maintenant assis, il souffla et réfléchit. Aujourd'hui, il devait manifestement aller en cours. Il ne pouvait pas continuer à les rater, enfin, c'est ce que lui répétait son amie du moins. Edgar tendit le bras afin d'attraper son ordinateur portable, l'alluma rapidement, regarda les cours qu'il était censé avoir dans la journée sur le site de sa fac, et vit finalement qu'il avait un cours dans l'après-midi. Il tourna les yeux vers l'heure, pour apercevoir onze heures et demie. Alors ça pour un exploit, c'en est un, pensa-t-il. Edgar ne se levait habituellement jamais à une heure si matinale.
Il referma son ordinateur et se leva. Un pas, puis deux se firent sur le carrelage froid de son appartement. Il se dirigea lentement vers un plan de travail posé sur un vieux meuble. En vérité, il avait marché jusqu'ici sans aucune raison apparente. Mais ça allait bien avec la vie qu'il menait avec tant de bien que de mal.
Et une envie, puis deux arrivèrent dans sa tête. Il avait besoin d'un café. Ou d'une cigarette. Ou les deux. Le jeune homme lança sa cafetière après avoir mis une capsule dans le réservoir de celle-ci. Il plongea sa main de sa poche afin d'en sortir un paquet. Un paquet rectangulaire rouge où trônait l'inscription "Malboro". Il en extirpa une cigarette et l'alluma à l'aide d'un paquet d'allumettes posé sur ce même plan de travail. Il la fourre dans sa bouche, inspire la substance, et l'expire peu de temps après.
Le bruit de la cafetière résonnait dans tout l'appartement d'Edgar; il était vrai qu'il habitait dans un lieu de vie plutôt calme, enfin, quand ses voisins n'étaient pas en plein travaux. Mais auparavant, il se trouvait même bien trop calme, uniquement peuplé de groupes de musique qui jouaient sur son tourne-disque, du bruit émanant de sa cafetière, et de d'autres objets ménagers.
Mais depuis qu'il avait accepté d'aller à la fête de cette fille, sa vie avait changé en tout point. Il ne se souvenait plus du prénom de celle-ci, mais elle avait les cheveux roses. Et elle était accompagnée d'une autre aux cheveux bleus, qui semblait très triste.
Mais ce qu'il savait, c'était que durant cette nuit d'après pluie, ce fut pour lui comme sentir une multitude de sentiments nouveaux, car il n'avait jamais eu beaucoup de personnes qui se retrouvaient réellement dans sa vie. Avec Julia, il découvrait ce dont il avait beaucoup trop entendu parler au cinéma, l'Amitié.
Il éteignit la cafetière qui avait déjà fait débordé sa tasse sur laquelle apparaissait un dessin rappelant le super-héros Thor, en restant dans ses jolies pensées.
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Hortense
RomansHortense c'était un petit bout de l'Univers. Elle avait la peau pâle mais n'avait rien d'une Blanche-Neige. Elle était aussi folle qu'une averse en plein août. Mais aussi douce que l'aurore d'un beau matin de printemps. Hortense, elle aimait les fil...