Abigail leva les yeux vers le ciel. À travers la vitre, elle aperçut le ciel gris foncé, presque noir, et soupira.
Elle se mit à songer. Et si il avait vraiment eu une autre couleur autrefois ? Si il avait vraiment été bleu, comme les vieux écrits le contaient ? Et si les paysages avaient été teintés de vert, de bleu, de turquoise ?
Cela avait dû être magnifique. Comme cette toile qu'elle avait déjà aperçu au sous-sol.

Elle décida de se lever, enfila un pantalon en jean un peu trop grand qu'elle améliora en passant une ficelle à la taille, avec son haut de travail noir. Ses Rangers l'attendaient à côté de la porte. Elle empoignait son revolver quand elle entendit du bruit de l'autre côté de la porte. Des enfants. Elle soupira et ouvrit la porte.

"Prête Jones?
-Comme tous les matins." Répondit Abe avec simplicité.

Devant elle se tenait Sebastian. Il avait à peu près son âge, peut-être un an ou deux de plus. À vrai dire, quand ils se voyaient, ils ne parlaient pas vraiment d'eux. Ils avaient d'autres préoccupations. C'était un garçon au regard vif, aux épaules carrés, aux muscles qui se dessinaient sous le même haut qu'elle portait. Les Coureurs avaient tous le même, les plus fins pour les filles, un peu plus grands pour les garçons, mais toujours très près du corps.

"Où va-t-on aujourd'hui ? demanda Abe en regardant Sebastian droit dans les yeux.
-Cooper a repéré une pharmacie il y a deux semaines, vers le Nord, à quelques kilomètres. Lors de la réunion, on a pensé que ça te serait utile d'y aller jeter un coup d'œil.
-Utile ? Plus qu'utile. Nous n'avons presque plus rien. Si ça continue comme ça, nous n'aurons plus un seul antibiotique à la fin du mois.
-Certes. Tu ne prends pas ta veste ?"

Abe lui fit signe de la tête qu'elle n'en aurait pas l'utilité. Son Compteur lui indiquait qu'il faisait 35°C à l'extérieur. Juste assez pour un mois de décembre dans l'hémisphère Nord.

Ils déambulèrent dans le couloir. Leur bâtiment était le seul qui datait de l'Adaptation, et il n'avait jamais été remis à neuf. Quelques fissures faisaient leur apparition à certains angles des murs en plâtre blancs, usés par le temps. Le sol en béton avait, par-ci par-là, quelques traces noires indélébiles. Mais c'étaient ces mêmes murs, ces fenêtres épaisses, qui les gardaient de tout danger que représentait l'Exterieur.
Certains vivaient confinés dans la Résidence, en sécurité. D'autre, comme les Coureurs, s'aventuraient dans cet Extérieur de perdition, tâchant de trouver de quoi survivre depuis la grande Catastrophe.

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