Le temps passe. Chaque jour se ressemble, chaque nuit... Le repos m'a quitté depuis bien trop longtemps. Je gis dans mon lit, les yeux rivés sur l'écran.
Les yeux brûlés par mon inactivité.
Tout s'est effondré. Tout n'est plus qu'inexistant. Je me replonge dans mes souvenirs, me rappelle ces jours plein d'espoir. Où sont-ils ? Revenez ! Je ne vous ai pas encore enterré, il est encore temps, par pitié !
J'avance, dans la noirceur. Les couleurs si vives ont disparu. Que du gris. Et du noir.
Je plisse les yeux, croise quelques passants. Vous aussi, vous sentez-vous ainsi ?
Je croise le regard de l'injustice. Mon cœur se fend. Est-il possible d'être plus égoïste ? Je baisse les yeux, contiens mes larmes. Que puis-je faire... ?
Je suis si lâche.
Encore et toujours ce regard. Il me hante, nuit et jour. Je revois l'indifférence, je revois mon ignorance. Les larmes roulent sur mes joues, et ma main sur ma poitrine se sert.Explose, je t'en prie, explose !
Ces rues de l'injustice me tuent petit à petit. Mais où sont les rêves ? Où se cachent-ils derrière ces regards affamés et ces sacs gonflés par l'avarice ? Ma honte suit les pavés à mes pieds, et mes dents déchirent les discours vides sur mes lèvres.
Je me laisse guider par les scénarios. Je me laisse voyager, loin de la réalité. A-t-elle toujours été si amer ? Pour me pousser à voyager au-delà les mers.
Ma voix résonne, si lointaine, dans l'étroitesse de ma chambre à coucher. Je me mets à pleurer. Depuis quand m'a-t-elle quitté ? Comment pourrai-je à nouveau m'exprimer... ?
Je tremble, secouée par les coups assenés. Je tremble, échouée sur les rives des rêves oubliés.
Les mots ne veulent plus sortir. Je tente de m'exprimer, en vain.Que vaut l'amour d'une damnée ? Me suis-je toujours demandée.
Je penche la tête sur le côté, assise sur un banc. L'oiseau sur sa branche prend son envol.
Je lève les yeux vers le ciel. Quel est donc le coût de la liberté ?