Amis, Amants, Ennemis {Terminée}

CHAPITRE 20 : Fièvre

Le début de la période des fêtes de fin d'années était un des moments préférés de Charlie. Malheureusement, elle était restée clouée au lit avec une fièvre qui n'avait apparemment pas envie de lui ficher la paix. Elle avait passée la semaine sous les couvertures, à frissonner de froid avant de se plaindre d'avoir chaud, la tête lourde, le nez bouché, les yeux qui semblaient ne jamais vouloir s'arrêter de pleurer seuls, et les membres courbaturés. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle avait posé le pied à terre – ce qui, quand elle avait la force de penser, l'inquiétait légèrement. Elle somnolait beaucoup mais arrivait quand même à s'ennuyer énormément. Elle avait essayé de se distraire en regardant ces téléfilms romantiques de Noël ridicules, mais avait vite abandonné. Pas la peine d'essayer la lecture, avec ses yeux embués.

Elle tentait donc de faire une énième sieste qui la débarrasserait de cette fichue maladie, quand elle entendit frapper à sa porte d'entrée. Toujours fiévreuse, elle se dit que peut-être son esprit lui jouait des tours, et elle se cacha sous la couverture.

Toc toc toc.

Avait-elle, dans son brouillard enfiévré, commandé une paire de chaussures hors de prix et immettable sur Internet ? C'était bien son genre. Elle grommela quand elle entendit la sonnette, et sortit difficilement du lit pour se traîner jusqu'à la porte. Elle l'ouvrit à la volée, peu envieuse de passer plus de deux minutes debout, et ses yeux s'écarquillèrent quand elle reconnut Tom. Elle fut soudainement bien trop consciente de ce à quoi elle ressemblait – cheveux en bataille, vieux pyjama dépareillé, et depuis quand ne s'était-elle pas douchée ? Elle essaya de deviner ce qu'il pensait de son accoutrement en fixant son visage, mais rester debout commençait à lui demander trop d'efforts. Elle se traîna alors en sens inverse jusqu'à son lit, tout en laissant la porte ouverte derrière elle – pourvu que ce soit bien Tom et pas une hallucination. Elle se rallongea sous les couvertures et entendit la porte se refermer. Peu de temps après, elle sentit une présence dans la chambre et sortit la tête du duvet.

Non, elle n'avait pas rêvé.

Tom était bien là, au bout du lit, portant une chemise en flanelle à carreaux rouges déboutonnée sur un t-shirt blanc, avec un jean parfaitement taillé, sexy en diable, et si elle n'avait pas été si malade – et si elle s'était douchée plus récemment que cinq jours plus tôt –, elle lui aurait sauté dessus. Au lieu de ça, elle grommela quelque chose d'incompréhensible.

– Les commères du bureau pensent que tu as disparu, tu sais, Simmons.

Charlie fit de son mieux pour se redresser et le regarder. Ils n'avaient pas beaucoup échangé, depuis le dîner chez Eva et David, quand elle lui avait présenté ses excuses, et le voir devant elle lui fit admettre que, bizarrement, il lui avait manqué. Pas seulement le sexe, mais lui.

– J'ai la crève.

– C'est ce que je vois. Quand j'ai entendu dire que tu étais pas venue depuis deux jours, j'ai essayé de t'appeler.

Il s'était inquiété ? Charlie se sentit toute ramollie. Ou peut être que le dernier cachet qu'elle avait pris commençait à faire effet. Et où diable était son téléphone portable ? Elle n'avait même pas vu son appel manqué.

– J'ai demandé à Eva ce qu'il t'arrivait, elle m'a dit que tu étais toujours malade à cette période. Je serais venu avant mais c'était une semaine chargée, au boulot.

Charlie crut un instant qu'il parlait de moins en moins fort, avant de se rendre compte que c'était simplement parce qu'elle s'endormait que le volume sonore de sa voix diminuait.

– Si ça te dérange pas, Fleming, faudrait que je dorme. Et tu devrais partir, ou ce sera ton tour la semaine prochaine, dit-elle en désignant vaguement les boîtes de médicaments et de mouchoirs sur sa table de chevet. Dis aux commères que je suis vivante, ajouta-t-elle en se rallongeant, avant de ramener la couverture sur sa tête.