Les ailes de la Délivrance

Chapitre II - ELLE & LUI-

Chapitre 2

ELLE

Nous atteignons le sous-sol de son immeuble, et mon hôte me fait l'honneur de me tenir la porte afin de me laisser passer devant lui. Mais c'est qu'il serait galant celui-là ! Hum j'aime bien, j'aime beaucoup. Le bruit de mes talons raisonne dans le sous-terrain, quand la fraîcheur de ce début de soirée se fait sentir par un voile de frissons parcourant mon corps. Monsieur sexy me devance par ses grands pas, et sans que je n'aie le temps de m'apercevoir de son geste mes yeux se posent sur des lumières clignotantes d'une Mercedes grise. Pas n'importe laquelle, la toute dernière ! Bon ok c'est quoi son plan ? Non parce que c'est soit il est riche ou soit il l'a loué pour m'impressionner. Encore un mec matérialiste qui se préoccupe plus de son apparence et de son alter-égo que de ce qu'on puisse penser de lui ! Et oui, qu'est-ce que vous vous voulez que je vous dise, on est en 2010. On avance en dépit des prouesses de la technologie. Rien n'est plus comme avant où les hommes convoitisaient les femmes en écrivant des lettres ou à l'occasion des bals dansant du village. Maintenant il suffit de deux verres, d'une danse collé serré et c'est partie pour une valse vite fait bien fait dans les toilettes de la boîte de nuit.

—      Poupée, tu as l'intention de rester planter ici à reluquer ma caisse ?

—      Non non bien sûr que non. Ne crois pas que tu vas te débarrasser de moi comme ça.

Au moment où je mets un pied dans la voiture, je le regarde insérer la clé, boucler sa ceinture et sans réfléchir je me tourne face à lui, le prends par le menton et l'embrasse fougueusement. Et lorsque le balaie de nos langues cessent. Je plante mon regard dans le sien, souris et lui balance :

—      Une dernière chose avant que l'on aille se défoncer la tête. Ne t'avise plus de m'appeler poupée ! ok ?!

—      Sinon quoi ?

—      Sinon, je risque d'être vilaine avec toi, très vilaine.

—      Ah oui ?! J'aimerai bien voir ça ! Dis-moi poupée tu comptes me lâcher un jour ou tu veux que l'on passe la soirée ici ?

—      Quoi avec toi ? Une soirée, enfermé ici, en tête à tête ? Non merci ça ira !

Un clin d'œil et un sourire plus tard le ronronnement de la Merco se fait entendre et le son d'une musique entraînante que je ne connais trop bien sort des enceintes dispersées un peu partout dans l'habitacle.

« ... Rentre dans la chambre on va fumer, tiser, baiser
On va juste fumer, tiser, baiser
Non d'abord tu vas me branl...
Et n'oublie même pas de me suc...
Ouais, t'inquiète, tu vas kiffer
Viens avec deux copines, je serai avec Jo et Pims
Il y aura du Sprite, de la codéine
On sera le meilleur coup de vos vies, sans doute
Bébé, vous serez plus en chaleur qu'en août
Pour le rap, pour le sexe t'as confiance en nous
Donc vous viendrez comme des chiennes en loup
On sera sous pillave, je sais que t'aimes ça, coquine ! ... »

Je ris aux éclats et chante à pleine voix jusqu'à ce que le son du poste se fassent plus faible. Je le vois secouer la tête, avec un air stupéfait et en enclanchant sa ceinture il me balance du tac au tac :

—      T'es quel genre de nana toi ? Enfin, ce que j'veux dire c'est qu'aux premiers abords je ne te croyais pas du tout comme ça avec ta gueule d'ange...

Je pouffe de nouveau, glisse ma main sur sa cuisse et d'un air provocateur je lui réponds :

—      Mon cher, j'ai envie de te dire que les apparences sont trompeuses. Il est certain, qu'elles reflètent bien des fois le contraire de ce que l'on est réellement.