Féline

Chapitre 26

PDV Nala

Depuis que j'ai accepté l'offre de Daniel, notre chef, Aaron et Killian m'entraînent tout les jours. Je fais maintenant partie de la Ligue Pourpre, et je suis devenue amie avec Cyna, une métamorphe volatile qui se transforme en aigle. Elle m'a tout de suite accueillie chaleureusement et m'a expliquée pourquoi elle était là. Elle aussi a été trahie par un membre de son clan, mais je n'en sais pas plus.
Nous portons tous les marques de notre passé, de ce qui nous a décidé à devenir des assassins. Car c'est ce que nous sommes. La Ligue Pourpre s'attaque aux clans, vole et tue lorsqu'il le faut.
Il y'a quelques mois, l'idée de faire partie de ces rebelles m'aurait révoltée. Plus maintenant. Je me dis que les autres méritent aussi de souffrir. Nous avons tous au cours de notre vie mal agit.
Nos missions me permettent de ne pas céder à la tristesse, elles m'occupent l'esprit. Je veux absolument être prêtre lorsque je serais en face de Théo et Léo, et m'entraîne donc nuit et jour à me battre, que ce soit avec les mains ou avec des armes.

Je sors de ma douche et me regarde dans le miroir. J'efface rapidement la buée sur celui-ci et scrute une à une mes cicatrices. La plus grande est celle de mon ventre, qui vient du coup de poignard des hyènes. Elle laisse une fine ligne blanche qui traverse le bas de mon ventre. Mon regard dérive sur mes bras qui porte eux aussi, comme mes jambes, les marques que Léo m'a laissé.
Toutes mes heures d'entraînements m'ont également permis la silhouette élancée que j'ai maintenant.
Je laisse mes cheveux sécher à l'air, et enfile rapidement ma tenue de combat.
Cette nuit, nous allons voler des armes blanches dans un clan de canidés réputé pour leur forte production de couteaux et autres. Je sors de la pièce et vais dans la salle de réunion pour attendre Aaron, Killian, Cyna et Maëlys, la rousse qui avait participé à mon enlèvement. Après quelques minutes, ils arrivent et Killian me tend ma cape que je m'empresse de mettre, imitée par les autres. Pour chaque mission, nous mettons cette même cape noire, ce qui nous permet de garder notre identité secrète. Au moment de sortir, je rabat ma capuche sur ma tête, si bien que seuls ma bouche et les pointes de mes cheveux sont visibles. Nous sortons par l'échelle de sortie et arrivons finalement dehors.

J'inspire longuement, appréciant l'air frais qui se glisse dans mon nez et la gorge. Mon lieu de vie me pousse à apprécier chaque sortie que nous faisons. J'aurais pensé que vivre sous la terre me serait impossible, mais je me suis rapidement habituée. De toutes façons, mes nombreux  entraînements m'empêchent de trop y penser.

-« On fait comme d'habitude; Nala, Aaron et Maëlys, vous passez par les toits et vous vous introduisez dans le bâtiment par l'aile Ouest, là où sont placées les armes. Cyna et moi, on vous couvre et on fait diversion en passant par la porte d'entrée. On se retrouve ici vers 1h00. »

Nous acquiesçons et commençons à courir vers le territoire des canidés. J'ai appris qu'ils étaient tous loups-garous et étaient très à l'aise dans la forêt. Nous serons donc plus à l'aise en passant par les toits, surtout si ils venaient à nous trouver. Je jette un coup d'œil à Aaron, qui a pris de l'avance. Il est pour sa part un tigre blanc, et Maëlys est un renard, ce qui explique sa chevelure de feu.

Nous arrivons rapidement à la frontière de leur clan et Killian nous indique d'un signe de tête qu'il est temps de se séparer. Il se faufile alors à travers les arbres avec Cyna, tandis qu'Aaron, Maëlys et moi prenons la direction inverse pour pouvoir arriver à l'aile Ouest de leur bâtiment.
Après quelques minutes, nous arrivons devant un mur de pierre grise, haut d'une quinzaine de mètres. Je tourne la tête vers Aaron, qui sort avec un sourire un petit grappin fixé sur une sorte d'arme. Il vise le haut du bâtiment et appuie sur la gâchette, faisant ainsi partir la grappin à une vitesse fulgurante. Une corde est désormais reliée entre le grappin et les mains d'Aaron, qui tire dessus afin d'en tester la solidité. Il fais signe à Maëlys, qui saisit la corde et commence à monter rapidement, témoignant de son agilité. Lorsqu'elle atteint le sommet, elle nous fais signe de la main et je monte à mon tour.
A la moitié du trajet, je ressent une douleur cuisante au niveau de mes paumes mais continue, désireuse d'en finir. Enfin, je parviens sur le toit après quelques minutes et c'est au tour d'Aaron de monter.
Lorsque nous sommes tout les trois prêts sur le toit, Aaron nous fais signe de le suivre. J'entends au même moment des hurlements de loups, ce qui signifie que Killian et Cyna sont entrés, et que nous devons nous dépêcher. Nous courrons un moment et nous arrêtons à un endroit précis. Sous nos pieds se situe la salle des armes, ce qui signifie que nous allons devoir passer par la fenêtre qui longe la façade. Pour cela, Maëlys et moi tenons la corde que Aaron utilisera pour se propulser dans le vide et faire un arc de cercle afin de passer à travers la vitre. C'est un saut risqué mais tout à fait faisable pour un métamorphe de sa trempe. Aaron me regarde avec amusement, ayant visiblement remarqué mon inquiétude, puis se détourne et attrape la corde. Maëlys et moi nous plaçons le buste en arrière et le poids sur nos pieds, de manière à ce que Aaron puisse sauter en toute sécurité.
Il prend son élan, coure et saute dans le vide. Ma respiration se coupe, et je tends mes muscles au maximum lorsque la corde se tend. Un bruit d'éclats de verre me parvient alors, et je  lâche la corde. Toujours sans parler, Maëlys me fais signe de passer en première. Je m'avance jusqu'au bord, fait pendre mes jambes et me retourne avant de me laisser tomber a travers le trou qu'Aaron a formé.
Je me réceptionne agilement et me redresse, regardant autour de moi.
La pièce est sombre, éclairée par la seule lumière de la lune. Plusieurs coffres et boîtes sont rangées contre les murs et au milieu, plusieurs lames sont posées sur une table en bois à côté d'un chiffon. Elles viennent  visiblement d'être nettoyées.
Je tourne mon regard vers Aaron et vois plusieurs petites coupures sur son visage et ses mains, causées par le choc contre le verre.