Solitude

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Je revoyais le couloir se fermer devant moi, me coupant une nouvelle fois du monde qui m'entourait. J'étais indéniablement seul dans cette partie de ce labyrinthe qui retenait prisonnier nos âmes et corps, dégoulinant de sueur et d'impureté. Un autre passage s'ouvrit à ma droite, il ressemblait atrocement à tout les autres.

Mes pas résonnaient sur les carrelages souillés de sang. Parfois on pouvait y apercevoir une flaque, plus ou moins étendue. Parfois il ne s'agissait que de gouttelettes. Cela dit peu importait la quantité de ce liquide que je trouvais, je devais y faire abstraction et continuer ma route. Aucun de nous ne s'était aventuré jusqu'ici. Pourquoi ? Intrigante question.

Je repassai devant sa porte, la salle avait changé de place. J'arrivais à apercevoir le corps en décomposition de mon ami. Les vers grouillaient autour, sur et à l'intérieur de la carcasse. Les mouches survolaient le tout à la manière des vautours. L'odeur était infâme.

Je tournai à gauche, étant ennuyé de cette vision que j'avais pris l'habitude de voir. Il était là. Je l'observai un moment et criai son nom après quelques secondes. Il se retourna et me scruta avant de s'enfuir, tel une proie apeurée. Je m'élançai à sa poursuite, je ne voulais pas être seul dans cet endroit lugubre et presque sans vie.

- Attends moi !

Je sentais la veine de mon cou se raidir, mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Le souffle court je l'appelai une seconde fois. Il était pris au piège, moi aussi.

- Pourquoi me fuis-tu ?

Les larmes me montaient aux yeux, je voyais trouble à présent. Mais ce corps qui tremblait de peur, je pouvais facilement deviner ce qu'il montrait, deviner l'expression de son visage. Peur, appréhension, dégout, horreur, mépris, colère et supplication.

Une brèche s'ouvrit en bas du mur, il s'y engouffra et je le suivais toujours. Je suais, mes vêtements devenu trop grand maintenant collaient à ma peau laiteuse. Mais je continuai. Je ne voulais pas abandonner et me retrouver seul et en danger, sans défense. Je pleurais à présent.

- Ne me laisse pas...

Des spasmes avaient pris possession de mon corps, le chagrin de mon être. Je le sentais vouloir s'immiscer en moi, attraper le sommet de mon crâne et vouloir l'ouvrir pour s'y glisser. Je ne voulais pas qu'il le fasse, je refusais qu'il le fasse. Je le rejetais à l'autre bout de la pièce, regardant le vide avec dédain. Il s'était arrêté. Pourquoi ? Je ne savais pas.

- Pourquoi est-ce que tu me fais ça ? Pourquoi ?

Je pleurais à chaudes larmes, mes lèvres tremblaient. Un filet de bave coulait le long de mon menton et s'écrasa par terre, se mélangeant avec les miasmes qui jonchaient le sol. J'étais en colère, contre lui et contre l'autre.

- Tu me fais peur !

Je basculai la tête en arrière, en colère contre lui. J'étais toujours le même, celui qu'il avait connu, qu'ils avaient tous connu. Je le sentais une nouvelle fois sur moi, c'était à ma poitrine qu'il s'attaquait à présent. Je sentais ses ongles s'enfoncer dans ma chair devenu trop fine, il riait, ça l'amusait. Mais ce n'était pas drôle. Je ne le voulait pas. J'étais en colère contre lui et eux, mais aussi contre moi.

Le mur se referma d'un coup derrière lui, il était obligé de me faire face, il ne pouvait plus s'enfuir.

- Regarde moi !

Je m'approchai de lui, il ne pouvait plus bouger. Je sentais son souffle court et saccadé contre mon menton. Je baissai les yeux vers lui. Il avait fermé les siens. Je le sentais serrer mon cœur entre ses doigts, ses ongles s'enfonçant à l'intérieur de mon organe. Je tremblais, ma tête tournait et s'agitait, dans tout les sens du terme.

- Jungkook reprends toi !

Il pleurait à chaudes larmes contre moi, je grognai. Il me suppliait de le laisser mais je ne pouvais plus. Son couteau se matérialisa dans ma main. Il pleurait encore plus fort, me criant de m'écarter, il n'osait pas le faire lui même, il n'osait pas me toucher.

Ils avaient tous agit de la même manière en l'apprenant, ils avaient tous fuit ce que qu'il avait fait de moi, reniant celui qui avais toujours était là pour eux et ne voyant à présent que le mal. Celui que j'avais fais et celui que je pourrais faire, même si je ne le voulait pas.

Mon bras se leva et se fendit en lui. Il ne prononçait rien, il s'y attendait, comme tout les autres. Il s'était arrêté de pleurer. Son sang imprégnait son haut, il s'étendait. Il me tomba dessus. Je le rattrapai. Il m'avait quitté, il n'avait plus rien à faire de moi maintenant.

Je me mis à terre, serrant le corps inerte de mon grand frère dans mes bras. Il était sans vie, comme tout les autres. C'était le seul frère qu'il me restait. Ils étaient tous partie, il venait de les rejoindre. Je pleurais, je le berçait, je caressais ses cheveux, ses joues, ses lèvres pulpeuses. Mes larmes tombèrent dans sa cavité buccale. Que pouvais-je faire maintenant que j'étais seul ? Il m'avait quitté, et Jimin aussi.

Je le portais, ne voulant pas le salir en le trainant pas terre. J'ouvris la première porte qui me passait sous la main. Déposant le cadavre écorché de mon camarade à l'intérieur. J'arrangeai ses cheveux gras, fermai ses yeux qui étaient restés ouverts, embrassai son front.

Je les voyait, ils étaient là. J'étais surpris de les voir, si proche de moi. Mais j'étais heureux. Ils voulaient marcher mais n'étaient pas sûr, ils hésitaient à me rejoindre. Mais, dans un mouvement commun ils le firent. J'étais de nouveau avec eux. Je n'était plus seul. Je ne serais plus seul, plus jamais.

 Je ne serais plus seul, plus jamais

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