Chapitre 7

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1 jour avant ma mort

     Je n'en peux plus de cette routine infernale: Je me lève en pleurs, j'essaye de camoufler au maximum mes blessures, je ne mange pas. D'ailleurs, j'ai perdu 6 kilos en seulement quelques jours. Ensuite je pars en cours où je reçois une multitude d'insultes, des bousculades et des coups qui ne cessent pas. L'un d'entre eux était particulièrement violent et m'a littéralement coupé le souffle. Au self, je ne mange pas non plus, je suis trop occupée à savoir si c'est de la purée ou de la compote de pommes que l'on m'a lancé dans les cheveux. En cours, les insultes se succèdent et je ne peux rien faire pour empêcher ça. Lorsque ces horribles journées s'achèvent enfin, je entre chez moi avec toujours plus de bleus, toujours plus de sang déversé, toujours plus de bosses...

     Mes parents ne se rendent compte de rien, puisqu'ils n'ont jamais une seconde à m'accorder. Ma mère dit que son travail est plus important que moi car je peux me débrouiller toute seule. Ma seule raison de vivre c'est Chris. Il est toujours là pour moi, c'est l'amour de ma vie et je ne supporterais pas de le perdre. Dès que je le vois, il me fait oublier les malheurs qui nous entoure, je ne ressens plus les douleurs qui brûlent ma peau, la peur qui me tord l'estomac.

    D'ailleurs, en parlant de Chris, je n'ai plus aucune nouvelle depuis que l'on s'est quittés hier. Je trouve ça étrange puisque d'habitude il m'envoie toujours un petit message avant de dormir. Mais après tout ce qu'il lui est arrivé, je pense qu'il a besoin d'un peu de temps. Les seuls messages que je reçois, ce sont ceux de Jérémie et ceux de quelques pétasses qui m'insultent. J'aimerais vraiment casser mon téléphone et le noyer dans les toilettes. Mais je me retiens, car j'attend toujours les messages de Chris. 

2 heures plus tard

     Toujours aucune nouvelle de Chris. Je lui ai envoyé quelques messages mais il n'a pas répondu.

4 heures plus tard

     Je reste collée à mon téléphone malgré les notifications incessantes des réseaux sociaux. Les moqueries pleuvent, les insultes déboulent par centaines.  Des personnes m'appellent en numéro masqué, je ne décroche pas. Je reçois de plus en plus de messages, Jérémie à dû faire passer mon numéro à tout le monde. Génial. Il ne manquait plus que ça. Je décide alors de supprimer tous les réseaux sociaux que je possède et j'éteins mon téléphone. Tant pis pour Chris. J'irai le voir demain soir directement chez lui et je lui expliquerai que j'ai éteint mon téléphone.









Le jour de ma mort

    Cette nuit, j'accumule les insomnies. J'ai peut-être dormi trois heures, maximum. Cela se remarque à mes cernes jusqu'au nombril. Je ne tiens plus debout. Mon dos et ma cage thoracique n'étaient qu'une masse d'ecchymoses violet foncé. Je n'y peut pas grand chose, je devrais sans doute prendre une aspirine. Et peut-être faire quelques étirements qui me permetteraient de bouger sans que ce soit trop douloureux.

     Je sèche les cours, de toute façon si c'est pour me ramasser des insultes dans le tronche c'est même pas la peine. Je suis encore en pyjama. Mon maxi tee-shirt m'arrive à mi-cuisses et flotte autour de moi. La seule chose qui joue en sa faveur, c'est le dessin sur le dos. Il représente un petit dragon entrain de peindre une toile. J'ai acheté ce truc pour dormir, pas pour le porter là ou des gens risquent de me voir. Ce n'est pas ça qui va changer ma situation. J'enfile rapidement une ceinture dans les passants de mon jean noir que je viens d'enfiler en vitesse et me précipite chez Chris. Je suis déjà devant sa porte. Je toque une fois, puis deux. Aucune réponse. Lorsque j'abaisse la poignée, la porte s'ouvre. 

*Moi* Chris!? Tu es là? Réponds-moi s'il te plaît!

     Malgré mes efforts, je n'obtiens aucune réponse. Je décide de me diriger vers sa chambre. Je monte les escaliers qui poussent des petits grincements sous mes pas. La porte est restée entrebâillée. Je la pousse doucement et appelle:

*Moi* Chris?Je peux entrer?

     Toujours aucune réponse. J'ouvre alors entièrement la porte. Je remarque immédiatement ce qui ne va pas: Je m'éffondre devant cet horrible spectacle qui m'arrache le coeur.

*Moi* CHRIS!!!

     Je me précipite vers son corps étendu sur le sol. Il est positionné sur le dos, il à l'air paisible. Sans l'immense flaque de sang qui l'entoure, on pourrait croure qu'il dort. Je soulève doucement son avant-bras, taillé en profondeur jusqu'à l'os, comme si j'avais peur de le blesser. Je prend ensuite son pouls mais je ne ressens aucune pulsation. Mes mains soulèvent doucement son beau visage. Je hurle à m'en briser les cordes vocales. 

     Les larmes perlent en abondance sur mes joues. Je ne veux pas y croire! C'est encore l'un de ces foutus cauchemars qui gâche ma nuit! Demain je vais me réveiller, tout ceci s'effacera et tout redeviendra comme avant! C'est impossible que tout soit vrai... Pourtant, une lame imbibée de sang repose dans sa délicate main. Mes yeux se déposent soudain sur un morceau de papier. Une... une lettre? Elle est adressée à mon nom. 

     Hanna, 

     Mon amour, pardonne-moi. Tu sais, j'ai beaucoup réfléchi avant d'en arriver jusque là. Pendant de longues années, j'ai pris sur moi mais l'espoir est parti désormais. Tu sais, je suis bien là où je suis. Je suis heureux. S'il te plait, ne pleure pas, mon cœur. Ne couvres pas ton joli visage de larmes, je ne les mérite pas. 

     Je t'en supplie, prends tout ton temps pour me rejoindre. Tu es la fille la plus incroyable que je connaisse et grâce à toi, mes derniers jours ont été les plus merveilleux de toute ma vie. Je t'aime mon amour. Je t'aime plus que tout au monde. Je t'aime plus que la vie elle-même. 

     J'espère que tu parviendras tout de même à continuer ta route sans moi. Tu verras, un jour tu me rejoindras et nous pourrons enfin vivre heureux, ensemble, pour toute l'éternité. Je t'attendrai le temps qu'il faudra dans ce monde meilleur. Tu me manques déjà.

   Je t'aime mon ange.

                                  Chris.

     Ses mots me bouleversent. Je ne peux pas continuer à vivre sans lui. Je ne pourrai pas affronter ça toute seule. Il était ma seule raison de vivre et maintenant, il n'est plus là. Je tremble de tout mon corps. Je dois prendre une décision. Je sais que c'est la bonne.

  *Moi* Attends-moi, mon amour. Patiente encore quelques minutes. J'arrive.   

     Je m'allonge à ses côtés. Je récupère la lame qui reposait dans sa main. Je prend une très longue inspiration puis la plante fermement et profondément dans mon poignet. J'appuie le plus fort que je peux tout en la glissant le long de mon avant bras jusqu'à mon coude. Ça me fait mal, je gémis et je crie. Le sang coule en abondance mais je résiste. Je me coupe une seconde fois sur l'autre bras. Je hurle. Je lâche la lame pour prendre la main de Chris. Je regarde mon bras se vider de mon sang en pleurant. Je tourne la tête vers Chris qui lui, a l'air paisible. Les minutes passent, je me sens de plus en plus faible. Je sens mes yeux se fermer doucement. Je sens mon cœur battre très lentement dans ma poitrine. J'ai froid et je ne peux plus bouger. Mes membres se tétanisent, et je  ne parviens bientôt plus à respirer. Deux gros points jaunes tournent lentement devant mes yeux. Dans un dernier souffle, j'arrive tout de même à murmurer:

*Moi* Je suis enfin là, mon amour...

Les derniers jours de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant