Vacances...

  Ce paysage est juste sublime, des arbres à perte de vue quand je regarde derrière moi. Une grande étendue d'eau devant moi avec un sable d'une finesse absolue juste devant. Dès que je marche dessus c'est comme la soie. J'aime cette sensation de douceur, même quand je suis sur la partie mouillée du sable, il reste doux. Quoiqu'il arrive, c'est fabuleux. 

 Depuis que je suis arrivé, il y a eu la pluie, le vent, le soleil. Une chose est sûre, je déteste le vent, il amène le sable, et dans les yeux ça pique, ça brûle. Le soleil brûle aussi mais c'est une sensation différente, une sorte de caresse. Vous savez comme quand on vous effleure la joue ? Eh bien c'est pareil, c'est tellement agréable. Mais quand je regarde ce qui ressemble à une sphère tout plein de lumière, je suis aussi ébloui que lorsque je regarde Natasha.

 D'ailleurs c'est pour elle que je suis ici. Je suis tellement béat quand je la vois que j'en suis tout chose, vous voyez ce que je veux dire ? 

 Ici, tout est fait pour permettre aux personnes d'être en vacances ou tout du moins de s'y sentir. Et ça fonctionne très bien puisqu'elles se comportent en parfait touristes, ils sont bien plus sereins que lorsqu'ils sont dans leur environnement personnel. Ça me fait penser à l'escale que j'ai effectuée avant d'arriver ici pour retrouver Natasha. Les gens n'étaient pas encore en mode « vacances », ils étaient pressés, désagréables, à la limite de la méchanceté, à tel point que cela m'a choqué.

 Actuellement, je cherche l'amour de ma vie et je ne m'arrêterai que lorsque je le trouverai. Ce qui, visiblement n'est vraiment pas gagné. Je navigue ainsi entre les vacanciers, les vendeurs, et les enfants, qui eux, sont toujours en vacances... 

 Ma destination n'est pas fixe puisque je ne sais concrètement où chercher. C'est difficile, mais pas impossible, par amour on peut tout faire. Et moi je l'aime tellement. Je la trouverai quoiqu'il arrive. Mais pour le moment j'ai faim et il me faut trouver à manger, seulement, financièrement ce n'est pas ça. La seule solution que je possède c'est d'aller de bungalow en bungalow et de demander. Même si les gens sont plus agréables quand ils sont en vacances, ce n'est pas toujours valable ; la preuve, je viens de me faire envoyer bouler par un monsieur âgé. On entend souvent dire que les vieux sont plus agréables, surtout en vacances, mais bon, ce sont des vieux quoi, ils sont tout le temps en vacances. Ben quoi ? C'est vrai... 

 Il commence à pleuvoir et je n'ai toujours pas trouvé Natasha, je commence à m'inquiéter car j'ai fait tellement de route pour la rejoindre que j'en viens à me demander si je ne me suis pas trompé en cours de route. 

 Je passe plusieurs nuits. Mauvaises. Le gros inconvénient de cet endroit c'est que lorsqu'il pleut, c'est torrentiel, comme la saison des pluies, c'est une horreur, ça s'infiltre partout. J'ai faim. Il faut que je trouve à manger. C'est de pire en pire. J'essaie d'aller voir les vacanciers, mais il semblerait que la pluie rend tout le monde grognon. Je suis affamé. Je ne sais plus quoi faire. Mon ventre est tiraillé par la faim, je n'ai rien avalé depuis des jours. J'ai froid. Terriblement. Ah non, j'ai chaud. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je change de température. J'ai mal au dos. Je n'en peux plus. 

 Je me traîne vers l'accueil du centre de vacances afin que l'on m'aide. J'attends devant. Une personne arrive, c'est celle qui est chargée de l'accueil. Je suis content de la voir et je tente de lui montrer. Je la vois sortir son téléphone portable. J'ai du mal à entendre ce qu'elle dit, je me sens tellement malade que c'est difficile. Je respire difficilement. 

 Je ferme les yeux pour me reposer quelques minutes. Mais finalement, je m'endors. J'entends de loin un bruit, de plus en plus fort. Je ne me réveille que lorsque je sens que l'on m'attrape. Ce n'est qu'une fois que je suis à l'intérieur du camion que la secrétaire a appelé que je comprends.

 Moi, Maestro, jeune berger australien de 2 ans, j'ai été abandonné par l'amour de ma vie, Natasha lorsqu'elle m'a emmené en promenade il y a deux semaines. 

Je ne la reverrais probablement plus jamais.