Maladivement Séduisant

CHAPITRE 92

ELLIE

Je lève yeux au ciel alors que ma mère m'envoie un énième message pour me demander confirmation de ma présence à la maison pour le nouvel an. Je décide de ne pas répondre et enfonce mon téléphone dans la poche de ma veste tout en continuant mes emplettes. Mes yeux longent les vitrines à la recherche de potentiels cadeaux. J'y vois à l'intérieur, la panique mais surtout un très grand nombre de personnes. Je me suis toujours promise de ne jamais faire mes courses de noël la veille pour le lendemain mais j'ai été très occupée.

Alors que je me résigne à m'aventurer dans une boutique qui pourtant me plait énormément, je fais une rétrospective. Je compare ma situation actuelle avec celle de l'année dernière et si peu de choses ont changé je dois dire que j'ai l'impression d'être totalement différente.

Lowell a tout simplement bouleversé mon univers, et la phrase « Le malheur est le père du bonheur de demain prend tout son sens ». Je ne dirais pas que de devoir placé Ruth en hôpital a été un pur malheur, je n'ai pas le droit de me plaindre de cela alors que je n'ai pas subi le plus gros changement. Mais c'est ce moment difficile qui m'a finalement poussé à déménager à Philadelphie et à rencontrer Lowell.

De son côté, je sais que son père a détruit la vie d'un collègue pour obtenir ce travail, donc on peut tout aussi dire « Le malheur des uns fait le bonheur des autres ».

C'est fou de constater à quel point une suite d'évènement qui n'ont pourtant rien de similaire peut provoquer de si gros changements.

Alors profondément perdue dans mes pensées, je manque de percuter une petite fille qui court vers sa mère en pleurant. Je l'évite de justesse et mes yeux se relèvent sur une boutique plus petite, perdue au fond du centre commercial. Personne n'a l'air d'y faire attention et je n'ai pas la foi de me battre dans les rayons pour acheter quoique ce soit. Je décide donc d'aller jeter un coup d'œil dans cette boutique quasiment vide de client.

Je sais que généralement les boutiques vides sont synonymes de mauvais produits mais je suis désespérée mais aussi très fatiguée. Je sais que Lowell va bientôt finir sa journée de travail. C'est surprenant de se dire qu'au réveillon de noël autant de personne commande des pizzas.

Je pousse la lourde porte qui fait sonner une cloche. Une fille qui semble être étudiante émerge de l'arrière-boutique et me lance d'un air pratiquement automatisé : « Bienvenue à Nineties(90's) boutique, un endroit qui en jette sa mère ! ». Elle conclut sa phrase par un bref hochement de tête avant de disparaitre à nouveau dans l'arrière-boutique.

Je décide de ne pas trop m'attarder sur le sentiment de méfiance qui se forme au creux de mon estomac et balaie la pièce du regard.

Il fait sombre, la plupart du mobilier est en bois, il y a beaucoup de vinyles et de tourne-disque, quelques albums photos dédicacées par je ne sais quel artiste. Je parcours les deux allées qui constituent le magasin et mon regard s'attarde sur un objet en particulier. Je le prends en main et imagine Lowell avec. Un sourire se dessine sur mes lèvres à cette idée.

Je sais que nous avions dit que nous n'achèterions rien mais il s'agit d'une babiole, je ne pense pas qu'il m'en voudra pour cela.

« —Ca vous plait ? » Me lâche subitement la fille de tout à l'heure au creux de l'oreille.

Je me fige et tourne brièvement la tête pour constater qu'elle regarde par-dessus mon épaule.

Je hoche doucement la tête et déglutis.

« —Si vous êtes intéressée on a aussi quelques accessoires en plus. » Me conseille-t-elle en désignant le fond de la boutique.

J'acquiesce et la remercie.