Partie deux.

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À peine étais-je libre que je me précipitais vers l'énorme porte en fer. Le contact de ma peau contre la paroi humide et glacée fit frissonner mon être tout entier. J'agrippais la poignée et poussais : je n'étais pas enfermée. Abasourdie par le fait de pouvoir m'échapper de cette satanée pièce lugubre je me glissai dehors et me mis à courir sans me retourner, car je savais que je devais partir le plus loin possible.

Le sol tumultueux me fit tomber rapidement. Je sentis de l'herbe entre mes doigts et commençais à scruter mes alentours : une forêt immense avec les arbres les plus majestueux et imposants que je n'avais jamais vus. Je jetai à coup d'œil derrière moi pour constater à quoi ressemblait l'endroit où je m'étais réveillée, mais à ma grande surprise, il n'y avait rien. De la verdure se trouvait tout autour de moi, mais aucun signe d'une quelconque construction humaine.

«J'ai dû courir moins d'un kilomètre, je devrais être capable de voir la bâtisse. Qu'est-ce qu'il se passe?» Pensais-je.

L'ambiance de la forêt était étrangement lourde, pesante ; tout à fait le genre d'endroit dans lequel on ne veut pas se retrouver seul. La taille des brins d'herbe et la raideur des nombreuses pentes, je pus affirmer que cette zone n'était pas habitée ; pas par des humains en tout cas.

Le temps semblait être suspendu. Je pouvais apercevoir les particules anormalement immobiles dans l'atmosphère : je balayais ma main dans l'air pour me rassurer du fait que le problème était dans ma tête et non pas dans ce bois ; mais ce n'était pas le cas. Rien ne bougea. Tout était figé.

— Je vais mieux. C'est clair que ces dernières années ont été difficiles, mais je suis sur la bonne voie, je le sais.

— Est-ce que tu fais toujours des cauchemars?

—Plus vraiment. Mes insomnies se font plus rares aussi. Mais...

— Oui?

— Bruno veut que j'aille le voir en prison, il m'a envoyé une lettre.

— Et qu'est-ce que tu en penses?

— Quand j'ai aperçu son nom sur l'enveloppe, j'étais pétrifiée... mais je sais que j'ai besoin d'y aller. Non pas parce que j'en ai envie, mais parce qu'il faut que je mette fin à cette histoire une fois pour toutes.

— Beaucoup de personnes dans ton cas ressentent ce besoin ; c'est tout à fait normal. Tu veux qu'il voie que même après t'avoir fait du mal pendant des années, tu t'en es sorti.

— Il faut que je passe à autre chose. J'ai toute la vie devant moi et je vais faire en sorte qu'elle soit la plus heureuse possible.

Cela faisait maintenant quelques heures que j'errais entre les arbres, mais toujours aucun signe de sortie, ou même d'entrée : c'était comme être coincé dans un labyrinthe. La tête en l'air dans le but de voir s'il y avait de la vie dans la verdure, je tombai sur un objet inerte et froid : une voiture. Elle était blanche, usée et ses cinq portes étaient ouvertes. La seule preuve que cette carcasse avait appartenu à quelqu'un était le diamant en plastique rouge qui pendait du rétroviseur.

Sans réfléchir, je me mis au volant de l'engin et constatais que les clés étaient encore accrochées. Je tentais de démarrer l'auto sans succès.

Je levais les yeux et vis le pendentif trembler : les secousses reprirent une fois de plus.

Je sortis en trombe de la voiture pour ne pas me retrouver piégé et me mis à sprinter afin de trouver un abri le plus tôt possible, sauf qu'à peine quelques mètres plus loin une branche se brisa et s'effondra.

Je longeais les rues enveloppées dans la nuit lorsque j'entendis des bruits de crissement de pneus. J'accélérai le pas, je n'étais pas particulièrement dans mon élément à cette heure-ci. Quelques mètres plus loin, je me retournai furtivement pour voir s'il n'y avait rien derrière moi : la rue était déserte.

«Ouf!»

Je pris mon téléphone pour prévenir Anna que j'étais pre-

***

Je ne pouvais rien voir. Un morceau de tissu me bloquer la bouche ce qui m'empêcher de parler, mais surtout de crier, et ce qui ressemblait à un câble comprimait mes mains l'une contre l'autre. Je compris rapidement que je me trouvais dans un coffre de voiture, je pouvais entendre le bruit du moteur et au moins une voix d'homme. Je tentais de m'extirper mes liens sans y parvenir et finis par opter pour une autre approche : attaquer le kidnapper et m'enfuir.

«Calme-toi Alexis, calme-toi! Tu vas t'en sortir, ne paniques pas, il faut juste que quelqu'un entende que t'es là.»

Affolée, je me mis à chercher quelque chose, n'importe quoi qui pourrait me servir d'arme. Mes mains repérèrent un objet : probablement était-ce un crayon de papier : c'était ma seule option. J'essayai de briser l'attache à mes poignets; les mouvements à ma disposition, bien que réduits m'ont permis d'apercevoir un minuscule trou au-dessus de ma tête.

J'étais pétrifiée; toutes les fibres de mon corps me hurlaient de jouer la morte le plus longtemps possible pour rester en vie, mais c'était plus fort que moi, je devais m'en sortir et vite. Je finis par atteindre le trou avec tant bien que mal, me donnant ainsi une vue de la personne qui m'a fait ça, mais la seule chose que j'aperçus avec distinction était ce petit pendentif rouge qui pendait du rétroviseur.

Je me réveillais en sursaut. Les tremblements avaient cessé, mais les dégâts considérables témoignaient de leur passage. En une fraction de seconde, chaque image de mon rêve me revint en mémoire. Je connaissais cette voiture : c'était là que mon enfer avait commencé.

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