Partie 8

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André resta debout pendant quelques secondes à me regarder avec dédain. Puis remarquant que tous les regards étaient braqués sur lui, il quitta la cérémonie. Je
me tournai vers Georges et pris un air étonné. Après avoir haussé l’épaule, il se tourna vers le célébrant et lui fit signe de continuer. Au cours de la cérémonie, je craignais qu’Andrew ne revienne faire un scandale. Il n’a même pas assisté à la cérémonie. La cérémonie se poursuivit sans interruption jusqu’au moment crucial.
– Monsieur Georges Abiola Batounde, acceptez-vous de prendre pour épouse mademoiselle Sonia Amouzou que voici, de l’aimer et de la chérir dans le meilleur comme dans le pire ?
– Oui je le veux, cria Georges sans hésiter.
– Mademoiselle Sonia Amouzou, acceptez-vous de prendre pour mari monsieur Georges Abiola Batounde que voici, de l’aimer et de le chérir dans le meilleur
comme dans le pire ? Je jetai un rapide coup d’œil dans la salle et vis Andrew qui se tenait près de la porte. En une fraction de seconde, je revis tous les bons moments passés dans son lit. Je clignai rapidement des yeux pour chasser ces souvenirs et criai un grand «
oui » comme Georges. Le reste de la cérémonie se passa très vite.
Pendant la réception, je vis mon organisatrice, Caroline et l’appelai pour la féliciter du travail qu’elle avait fait.
– Caroline, je suis très émue par tout ceci. Tu m’as vraiment impressionnée et tu sais très bien à quel point c’est rare que je sois impressionnée.
– Merci beaucoup Sonia. Vraiment merci de m’avoir donnée ma chance.
– Sonia ? ! Ce n’est pas parce que je te félicite que tu ne dois plus m’appeler madame. Elle me regarda d’un air sérieux, je fis de même jusqu’à ce que j’éclatai d’un fou rire et elle fit de même.
– Je suis tellement impressionnée que j’ai décidé de faire de toi mon associée, lui dis-je une fois que je repris mon souffle.
– Oh mon Dieu ! S’exclama-t-elle, ne sachant quoi dire d’autre.
– Respire, lui dis-je. Respire. On en reparle à mon retour de lune de miel.
– D’accord. Au fait Sonia… euh madame, le monsieur qui s’est levé pendant la
cérémonie est dehors. Et il veut vous voir de toute urgence. Il dit de le retrouver dans la salle à côté de celle où a eu lieu la cérémonie.
– Merci Caroline. Surveille mon mari, il ne faut pas qu’il se doute de mon absence et si je tarde trop, viens me chercher. Je sortis et me rendis dans la salle indiquée. Je vis Andrew assis sur une chaise, le dos tourné à la porte d’entrée.
– Andrew, l’appelai-je doucement.
Il tourna vers moi des yeux rougis par la colère.
– S’il te plaît, laisse-moi poser les questions ce soir. Dis-moi depuis quand tu savais que je travaillais avec ton mari ?
– Dès le premier jour à la plage.
– Tu pouvais te contenter de me raconter ton histoire pourquoi m’avoir dit que tu m’appréciais ? Pourquoi m’avoir attiré dans ton lit ?
– C’est la vérité. J’ai toujours des sentiments pout toi.
– Non Sonia. Tout ceci n’était qu’un jeu dont je suis le pion. Et comme tout pion, tu manipulais à ta guise.
– Non je ne jouais pas. Au début je voulais juste te raconter mon histoire mais je n’ai jamais raconté tout ça à qui que ce soit, ce qui a fait que je me suis attaché à toi.
– Tu m’as dit que tu aimais les hommes riches. Georges n’est qu’un simple journaliste. Pourquoi te marier avec lui ?
– J’ai voulu te raconter ma rencontre avec Georges, mais je n’ai jamais eu le temps.
– Tu n’as pas eu le temps ? Tous ces rendez-vous au restaurant puis dans les hôtels
et tu n’as trouvé le temps de me raconter ?
– Tu te rappelles lorsque je t’ai dit que je sortais avec des hommes, juste pour le sexe et l’argent ? Eh bien dans mes rencontres je suis tombée sur un homme, Léonard. C’était un très avocat réputé à Lomé et un peu partout dans l’Afrique de l’Ouest, marié et père de deux enfants. Sa femme attendait un troisième enfant quand je l’ai connu. Et il avait des vices que ne pouvait pas assouvir une femme enceinte. Je satisfaisais alors ses vices. Et je le faisais vraiment bien. Tellement bien qu’il m’emmenait avec lui lors de ses voyages. L’un de ses nombreux voyages d’affaire nous a conduits à Abidjan. Le soir même de notre arrivée, il devait dîner avec son client en question M. Laurent Batounde.
– Batounde ? C’est le nom de Georges ça.
– Oui. Laurent est le père de Georges. Il est actuellement à la réception. Il est l’un des hommes d’affaires les plus riches d’Abidjan. Sa femme, fille du feu Felix Houphouët Boigny avait perdu la vie dans un tragique accident de circulation. Dans son testament, elle stipulait que son fils unique, Georges hériterait de sa fortune le jour où il se marierait. J’étais assis tout près d’eux donc je n’ai rien raté
de leur conversation. Heureusement, Léonard ne m’avait pas présentée à la
famille. Georges a donc décidé de quitter son pays pour Lomé histoire de trouver
une fille qui l’épousera pour sa personne et non pour sa fortune promise. Le lendemain, Léonard reçut un coup de fil de Lomé lui annonçant que sa femme
allait accoucher. Il rentra donc aussitôt me demandant de rester si je le souhaitais. Ce que je fis. Après avoir bien profité de mon séjour, je pris mon vol de retour
pour Lomé. Pendant que j’attendais mes bagages à l’aéroport Gnassingbe Eyadema, Georges vint se tenir à côté de moi. Je le reconnus aussitôt. C’est là qu’il vint vers moi pour se renseigner.
– Bonsoir ! Salua-t-il poliment.
– Bonsoir, répondis-je.
– Vous êtes Togolaise ?
Je fis oui de la tête.
– Vous ne connaissez pas un hôtel où je pourrais passer la nuit ? C’est la première fois que je viens ici et je suis un perdu et il est assez tard. Au début je voulais juste l’aider mais il était tard et le vol m’avait épuisé malgré
sa courte durée. Je lui ai donc proposé de passer la nuit chez moi. Après un court moment d’hésitation, il finit par accepter mon invitation. Il dormit alors chez moi cette nuit-là. Le lendemain, je l’aidai à trouver un hôtel et il prit mon numéro au
cas où il aurait d’aide après.
– Au cas où il aurait besoin d’une pute tu veux dire ! lança André.
Quelques jours après quand il trouva finalement un appartement, il m’appela pour
m’inviter à sortir. Dans nos causeries, il n’avait pas mentionné qu’il était riche.
Mais moi je le savais. Avec le temps on a fini par quitter le stade d’amitié et nous voici aujourd’hui mariés.
– Si tu n’avais pas su que Georges allait hériter de cette fortune, l’aurais-tu accueilli chez toi ?
– Peut-être que oui, peut-être non, on ne saura jamais.
– Pour une fois sois sincère avec moi. Tu ne vois pas que je le mérite ?
– Sûrement je l’aurais aidé à trouver un hôtel mais pas l’accueillir chez moi. Andrew je suis vraiment désolée de t’avoir blessé. Je n’imagine pas à quel point tu te sens mal.
– Mal ? Moi ? Tu devrais plutôt t’inquiéter pour toi-même.
– Pourquoi ?
– Dès que je sors d’ici j’irai tout raconter à Georges. Il n’est pas question que je laisse mon ami se marier avec une garce et une manipulatrice dans ton genre.
C’est un type bien et tu ne le mérites pas.
– Andrew tu ne peux pas faire ça. Je me suis battue pour arriver là où je suis. Et ne t’avise pas de te mettre sur mon chemin.
– Des menaces ? N’ose même pas Sonia.
Il se précipita vers la porte. Je le retins de toutes mes forces mais d’une seule main il me repoussa violemment et je me retrouvai au sol avec ma magnifique robe de
mariée. Quand il ouvrit la porte, je vis Caroline qui se tenait sur le seuil. En voyant
sa tête, je compris qu’elle avait tout entendu. Je fondis en larmes. Elle vint me serrer dans ses bras.
– Je vais tout perdre Caroline, lui dis-je en pleurant.
– Non Sonia. Tant que je serai à tes côtés tout ira bien. Je couvrirai tes arrières.

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