Partie 9

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André
Je déboulai hors de la salle avec fureur. J’étais en rage. Je retournai à la réception et cherchai Georges du regard. Je le repérai un peu à l’écart en train de prendre
des photos avec des membres de sa famille. Le sourire radieux qu’il avait aux lèvres me retourna l’estomac. Il était heureux certes mais je ne pouvais pas garder
ce lourd secret pour moi. J’allais lui dire et après il déciderait de quoi faire. Il n’était pas question de le laisser vivre dans cette illusion. Dès qu’ils arrêtèrent les
photos, je m’approchai à grands pas mais une main me retint par le bras.
– Monsieur André !
– Excusez-moi on se connait ? Répondis-je en me retournant vers la jeune femme qui me retenait.
– Je suis Caroline, l’assistante de Sonia.
– Ta patronne envoie sa secrétaire pour m’arrêter maintenant ?
– Je ne suis pas sa secrétaire mais plutôt… Bref peu importe. Elle vous aime André. Et elle s’est vraiment battue pour en arriver là. Alors ne venez pas tout
gâcher s’il vous plait.
– Apparemment toi et ta patronne vous avez la même définition du mot « amour ». C’est une opportuniste et elle ne mérite pas Georges.
– C’est pour cela que vous vous voulez tout lui dire ? Ou c’est par jalousie ? Vous pensez que si vous gâchez son mariage, elle reviendra vers vous en courant ? Si vous l’aimez vraiment pensez à son bonheur…
J’éclatais de rire.
– Mlle Carole !
– Caroline ! Corrigea-t-elle sèchement.
– Peu importe. Le bonheur de Sonia je m’en tape. C’est celui de Georges qui me préoccupe. En tant qu’ami je suis obligé de l’informer.
– N’osez même pas André. J’aime Sonia autant que vous. Et je ne laisserai personne détruire son bonheur.
– C’est une menace ?
– Prenez-le comme vous voulez. Mais je vous aurai prévenu.
Elle tourna les talons et s’éloigna de moi. Elle avait l’air aussi déterminée que pouvait l’être Sonia et elle avait un caractère aussi fort que le sien. Lorsque je me retournai, je vis Georges et Sonia monter dans une voiture. Ils s’en allaient à Cotonou pour leur lune de miel. Ils ne partaient que pour une semaine mais je ne
pouvais pas attendre jusqu’à son retour. Il n’était pas question de le laisser consommer ce mariage basé sur mensonges et tromperies. Je sortis donc mon téléphone…

Une semaine plus tard
La haie vive, Cotonou
Sonia
J’ouvris les yeux aux côtés de Georges. Il était déjà 8h et le ciel était mincroyablement bleu comme tous les matins depuis notre arrivée, comme si la
nature était notre complice. Il me caressa tendrement le visage comme il avait pris l’habitude de le faire.
– Bonjour ma femme ! murmura-t-il avec un beau sourire.
– Bonjour petit cœur, lui répondis-je en souriant.
– Ça fait déjà une semaine qu’on a quitté Lomé pour notre lune de miel. Et ça me manque déjà.
– Moi aussi… Même si j’aurais aimé passer plus de temps ici avec toi. Si on avait les moyens on aurait passé un mois entier ici loin de tous.
– Au fait chérie il y a une chose que j’aimerai te dire me concernant… mais tu risques de te fâcher contre moi. Mais dans tous les cas je dois te le dire maintenant qu’on est marié. Et surtout sache que je t’aime vraiment et qu’il fallait que je passe par là.
– Georges, tu me fais peur là. Qu’est-ce qui se passe ?
Il m’invita à m’asseoir, il s’assit et pris mes mains dans les siennes avant de commencer son récit concernant l’héritage de sa mère. Récit que grâce à Léonard, je connaissais par cœur. Après avoir fini de parler, je pris un air surpris.
– Je suis vraiment déçue que tu n’aies pas eu assez confiance en moi pour me le dire dès le début. Ou au moins avant notre mariage. On aurait pu signer un contrat de mariage pour qu’en cas de divorce tes avocats ne viennent pas me déposséder du peu que j’ai gagné par mes propres efforts.
– Je sais Sonia… Mais on est à peine marié et toi tu penses déjà au divorce. J’étais un peu méfiant sur ce point. Je voulais qu’on m’aime pour ma personne et non pour mon argent. Et la chance a voulu que je tombe sur toi dès que j’ai mis pied à Lomé. A croire que tu n’attendais que moi. Tu as apporté que du bonheur dans
ma vie depuis ce jour. Je suis vraiment désolé de t’avoir caché ça mais c’était un mal nécessaire.
– Le mariage est déjà fait, on ne peut plus rien faire maintenant. Mais bon…
– Et une dernière chose aussi… D’ici un mois on doit quitter Lomé pour la Côte d’Ivoire. Ma mère gérait une entreprise dans l’évènementiel elle aussi, mais
à une échelle plus grande. Et sa société fait partie des plus prestigieuses à Abidjan.
– Waouh ! M’exclamai-je, sincèrement surprise. J’avoue que là je ne sais plus trop quoi dire. Je suis obligée d’accepter ?
– Oui ! On est marié maintenant tu te rappelles ? On doit tout partager et je te promets de ne plus avoir de secrets pour toi.
– D’accord. J’y penserai…
Après ma discussion avec mon mari, je m’assis avec une tasse de thé à la main et un sourire niais aux lèvres. Je planifiais déjà ma nouvelle vie, je prévoyais déjà
mes journées shopping et soins de beautés. Puis je pensai à Andrew, ce que je n’avais pas trop fait pendant ces derniers jours puisque Georges s’occupait très
bien de moi si vous voyez ce que je veux dire. Et s’il racontait tout à Georges dès notre retour à Lomé ? J’imaginais ce qui se passerait si Georges apprenait que j’étais la pire manipulatrice qu’il ait eu à rencontrer. A fond dans mes pensées, je ne remarquai pas Georges qui vint s’asseoir à côté
de moi, la mine triste.
– Il y a quoi mon amour ? Lui demandai-je.
– Tu te rappelles de mon collègue André ? J’avais voulu te le présenter au mariage
mais je n’ai pas eu le temps.
– Oui je me souviens de lui. Pourquoi ?
– En quittant Lomé, après notre mariage, j’ai vu plusieurs appels en absence de sa part et aussi un message après dans lequel il disait qu’il voulait me parler très
urgemment.
– Et tu sais de quelle urgence il s’agit ? Lui demandai-je, le cœur battant la chamade.
– Non et je ne le saurai jamais apparemment, répondit-il, le regard dans le vide.
– Pourquoi ?
– Ce matin en allumant mon téléphone j’ai reçu un message de notre rédactrice en chef, Nathalie tu te souviens d’elle n’est-ce pas ?
– Ah oui Nathalie. Je l’aime bien. Et elle disait quoi dans son message ?
Il me tendit son téléphone.

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