Chapitre 17

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Dans le noir, j'essaye de localiser Cooper au son de sa voix qui chantonne les paroles de la chanson qui passe dehors, mais n'y arrive pas. Pourtant je sens sa présence, là, tout proche. Je ne sais pas ce que je ferais de cette information une fois que je l'aurais, mais savoir où il se trouve me rassurerait.

- Leanor Tenderstone, dit-il finalement. Comme s'il venait de trouver LA réponse à une question qu'on se posait tous les deux. 

- Quoi ?

- La dernière fois qu'on s'est retrouvés tous les deux enfermés dans un placard, c'était à l'anniversaire de Leanor Tenderstone...

- Pendant la partie de cache cache.

- Pendant la partie de cache cache.

Nous rions tous les deux d'avoir dit la même chose, en même temps. Mais bien vite mon rire s'éteint, petit à petit, laissant place à d'autres souvenirs moins agréables. 

- J'ai l'impression que c'était dans une autre vie, soufflé-je, amère.

Il se racle la gorge, sans rebondir sur ce que je viens de dire. D'un autre côté, le contraire m'aurait étonné. J'entends sa chemise bruisser et après quelques secondes, une douce lumière nous éclaire. Déjà lassé par notre conversation, il a sorti son téléphone de sa poche et pianote distraitement sur le clavier. La main sur ma veste, je m'apprête à l'imiter quand une lumière plus forte illumine l'espace réduit dans lequel nous nous trouvons. Cooper regarde brièvement autour de nous, puis décide finalement de poser son téléphone au sol, le flash dirigé vers le plafond. Je rêve ou il nous a installé une lampe d'appoint ? 

- Merci, je dis, sans réellement savoir si cette petite attention m'était destinée.

- De rien, ce n'est pas la première fois que je joue à ce jeu. Je sais que le fait d'être enfermé dans le noir peut être déstabilisant. Surtout quand la personne avec qui tu te trouves n'est pas... 

Il ne termine pas sa phrase, à la recherche de la formulation idéale ou pour me laisser la possibilité de combler les blancs, peut-être. Je saisis la perche tendue pour essayer d'entériner notre traité de paix tacite. 

- Quelqu'un que tu fréquentes au quotidien ? 

- Oui, c'est ça, sourit-il, soulagé que j'ai choisis cette façon de le présenter. 

Puisque c'est bien de ça dont il s'agit. Si je lis entre les lignes, j'ai l'impression qu'il essayait de savoir comment je le percevais. Une présence hostile ou un ancien ami perdu de vue ? Malgré notre passif, je choisis la seconde option. Un autre jour que celui-ci, je l'aurais considéré comme quelqu'un dont je dois me méfier comme la peste, mais son comportement ce soir et cette après-midi m'a poussé à reconsidérer la question. Même s'il ne s'est pas conduit comme un parfait gentleman, il n'a pas cherché à me provoquer ou à m'insulter. Au contraire, alors que Madison lui a laissé la possibilité de changer de partenaire pour ce jeu, il a refusé. S'il s'était plié aux exigences de sa petite-amie, les autres auraient pu croire que la simple idée de se retrouver enfermer avec moi le répugnait tant qu'il aura préféré se retirer. Ç'aurait été une humiliation pour moi. Une de plus. Et je lui suis reconnaissante de me l'avoir évité. 

- C'est la première fois que tu te retrouves dans cette situation ? 

- Que je me retrouve enfermée dans un placard avec un garçon tu veux dire ? je demande, le sourcil arqué. 

- Oui. 

- Non ! Bien sûr que non ! Ça m'arrive au moins trois fois par week-end... C'est la routine pour moi. 

Il rit et secoue la tête. 

- J'avais oublié. 

- Quoi ? 

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