Ana m'a tendu la main

Lettre à Ana

Ana:

Tout commence un matin, tu te lève, tu vas prendre ton petit déjeuner, céréales, cacao... Puis tu vas dans la salle de bain, tu prends de nouveaux vêtements achetés fièrement la veille, les enfilent et ensuite te regarde dans le miroir pendant 10 minutes. Tu fais des petits tours sur toi même pour être sûr de voir tout les poins de vues possibles et imaginables de ton corps. Tu mets ton correcteur et ton mascara, te mets un petit coups de brosse dans les cheveux, vas faire ton sac, prends tes écouteurs et sors en trottinant de ta maison.

Une fois arrivé en cours, tu rejoins tes amies, comme à ton habitude et laisses la journée défilé. Tu fais parties de la classe « moyenne », disons que tu as de bons amis, mais que tu aimerais être un peu plus populaire. Les gens se servent un peu de toi et te prennent seulement pour une bonne pote alors que toi tu les aimes profondément... Tu fais tellement d'efforts pour essayer de plaire au autres, pour essayer de te faire ne serais-ce que remarquer, que tu n'en dors plus. Tu n'as pas de petit copain, mais tu es gentille, intelligente... en tout cas c'est ce que tout le monde te dit...

Mais ce jour là, en rentrant de l'école, tu vas faire la meilleure rencontre de ta vie. Cette rencontre restera à jamais graver dans ta mémoire et ça pour toute ta vie. Cette fille qui t'attends assise en hauts de la rue. Elle ne te regardes pas et pourtant tu sais au fond de toi que tu vas croiser son chemin. Ce n'était pourtant pas prévu mais regardes, la voilà ! Tu t'approches doucement car cette femme t'inspires un petit peu de peur. Elle a des longs cheveux noirs et raides qui cachent son visage, le dos un peu courbé, et les ourlets de sont sweat shirt noir très larges laissent apercevoir ses maigres poignets. Tu sens qu'elle attends. Elle commence à s'impatienter. Plus tu t'approchais d'elle, plus son pied qui tapait sur le sol avec une fréquence lente, s'accélérait. Une fois que tu fut fasse à elle, ta vie fut automatiquement changer.

Dans un élan de panique, elle te tira par le bras, comme pour te sauver la vie. Elle t'emmena dans un endroit retiré, sombre et froid. La seule lumière ici été sa peau, si pâle qu'elle t'hypnotisait. C'est la qu'elle commença son discours avec sa belle voix, très énergétique, contraire à son image :

« Et bah dis moi, il était temps que j'arrive ! Tu t'es vu ! Tu le vois quand même ! Non... oulala... Oui effectivement ya du boulot ! Et là je suis ta dernière chance ! Alors, tout d'abord je me présente, je suis Ana et je suis la pour t'aider. On va commencer par la base. Tu voudrais être un peu plus aimer n'est ce pas ? Et tu ne t'aimes pas... Tu m'étonnes en même temps ! Juste regardes toi. Regardes toi bien. Tu vois ce que je vois ? Non !? Mais cette laideur, cette abomination, cette erreur de la nature Elsa ! En fait, c'est toi ! Tu es un déchet, je n'ai pas d'autres mots pour te définir. Non, non, non... Ne pleure pas. Écoute moi. Je suis obligé d'utiliser des mots crues pour te faire prendre conscience de la situation... Aller Elsa. Je suis avec toi. Je suis... ta meilleure amie disons ! D'accord ! Je serais toujours là pour toi. Aller, aller, ne pleure plus... On vas commencer maintenant. Ta vie va devoir changer. T'es mauvaises habitudes et tout le reste a la poubelle. Maintenant c'est moi qui commande. Et c'est simple : Tu dois manger le moins possible et faire du sport. Tu vas perdre du poids, devenir mince, et avec ton corps de rêves tout le monde te parlera et sera ton amies ! Marché conclu ?? »

Elle te tends sa main. C'est la seule personne qui depuis des années a la possibilité de te donner une meilleure vie. Dans une extrême détresse, tu t'agrippes a sa main et, toujours en larmes, tu hoches brièvement la tête comme pour dire « merci ». « Merci » de te délivrer de cette putain de vie qui n'en ai pas une. Entre le stress, la paranoïa, la mutilation, les idées suicidaires et le restes, Ana est vraiment la meilleure chose qui aurait pu t'arriver.

Depuis ce jour, elle te surveille jour et nuits. Elle t'interdit de manger, te fais vomir tous ce que tu oses mettre dans ta bouche à cause de la faim et elle t'éloigne peu à peu de tes amies. Elle te veux pour elle seule. Tu perds des dizaines et des dizaines de kilos sans pouvoir lui dire stop. Tu le vois qu'elle te fait du mal, et pourtant, comme une vieille amie, tu reste à ses côtés. Comme si après lui avoir serré la main, tu lui devais une éternelle reconnaissance. En te regardant dans le miroir, tu la vois à travers tes yeux. Elle te fais pleurer des océans tout en te regardant avec son petits sourire malicieux, l'air de dire « j'ai réussi ». Parce que oui, ce qu'Ana ne t'as pas dis, c'est que son ultime solution, c'est « la mort »...

Aujourd'hui tu rentres à l'hôpital, tu pèses 55 kilos, tu fait 1m75, tu as 14 ans et au fond de toi, tu espères encore qu'un jour, tu pourra lâcher la main d'Ana, abandonner cette sombre époque derrière toi et au lieu de te dire « regardes comme tu es laide », tu te diras « regardes comme tu es belle »...

Je vous conseille de ne jamais devenir amie avec Ana. D'ailleurs ! Pourquoi est-ce que je l'appelle Ana ? Ana, c'est pas une amie, c'est une maladie. L'anorexie. Moi aussi au début j'ai eu du mal à y croire, mais tu n'est pas seule. Parle en autour de toi, à un adulte ou à une personne de confiance. Si ma mère n'avais pas vu que j'étais malade, je serais sûrement morte ou encore allongé dans un lit d'hôpital. Alors oui, il y a des moments difficiles, et j'en ai fait les frais, oui il reste encore du chemin à faire avant d'etre totalement guéri, mais soit plus forte que la maladie. Bats-toi et tu t'en sortira. Moi en tout cas je crois en toi.

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Voilà, j'espère que mon expérience personnelle vous aura peut-être aider à vous sentir moins seule si vous êtes dans le même cas que moi ou qu'elle vous aura éclairer sur ce à quoi pense une anorexique. Il existe un numéro d'aide si vous voulez appelé en toute anonymat pour vous aider : 0 810 037 037 (Anorexie Boulimie Info Écoute).

A bientôt , Elsa