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Il neige. Nous sommes au plein milieu de l'hiver. Quel mois déjà?...Janvier ? Février ? Il fait froid. Les passants se dépêchent de rentrer chez eux pour allumer le chauffage et s'installer confortablement devant la télévision. 

Les pavés gèlent et deviennent glissants. J'ai vu aujourd'hui au moins douze personnes glisser et tomber par terre. Ils se relèvent et me jettent alors un coup d'œil furtif avant de reprendre leur chemin.

"Où sont ses parents?" "Pauvre petit. Que fait-il là tout seul?" "Quel monde cruel, à un si jeune âge..."

Voilà ce qu'ils pensent en me voyant, installé dans un coin de la rue, un petit pot à pièces vide et des vêtements en lambeaux. Maintenant, il fait nuit. Je frissonne. Les passants se font de plus en plus rares.

Je suis fatigué. 

Mes yeux ont constamment envie de se fermer. Mais il faut que je reste éveillé, sinon n'importe qui pourrait me voler le peu que j'ai. Je prend le pot à pièces et compte les revenus de la journée. Une, deux, trois et quatre pièces. 

Dommage, à quelques centimes près j'aurais pu me prendre une baguette de pain. Si la boulangère m'aurait laissé entrer, en tout cas. Selon elle, je fais fuir les clients. C'est pour ça aussi que personne ne veut m'embaucher pour un quelconque travail.

Je suis tellement fatigué. 

Je n'arrive plus à tenir mes yeux ouverts. Ils se ferment, lentement... Tout devient flou un moment, puis soudain, j'entend des bruits de pas. Un homme vient vers moi. Sûrement pour me voler mes pièces...

Ses chaussures apparaissent dans mon mince champ de vision. Il reste immobile. Si ce n'est pas un voleur, c'est un tueur. Ou peut-être un kidnappeur, qui va me revendre. Je n'ai pas la force de fuir. 

- Tu ne vaux pas mieux qu'un animal. Si tu restes où tu es, tu seras mort avant la fin de l'hiver. Si tu viens avec moi, je te montrerai les secrets de ce monde.

J'essaye de lever la tête pour distinguer le visage de cet étrange personnage. Que veut-il dire? Que me propose t-il ? Mon esprit est embrumé. Je ne veux pas mourir. Si je ferme les yeux maintenant, je sais que je ne me réveillerai jamais. Je préférerais être un esclave vivant qu'un mendiant mort.  

Je ne veux pas mourir. 

J'utilise mes dernière forces pour hocher la tête. Puis mes yeux se ferment.

VideWhere stories live. Discover now