Échec au Roi [Histoire terminée]

Chapitre 3

« Un être-humain était comparable à un iceberg, la surface qui émergeait de l'eau n'était qu'une minime partie de ce qui se trouvait caché aux yeux des autres. »

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— Hé.

Kyle ignorait les appels incessants de cet homme à l'allure patibulaire. Qui était-il pour le juger, d'ailleurs ? Un être-humain était comparable à un iceberg, la surface qui émergeait de l'eau n'était qu'une minime partie de ce qui se trouvait caché aux yeux des autres. Un Humain dévoilait toujours qu'une partie de ce qu'il était.

— Eh, je te cause ! poursuivit l'homme.

Le jeune lycéen se raidit en faisant la sourde-oreille, les mains dans les poches de son sweat, et le regard rivé sur l'horizon, insensible quant à l'odeur des poubelles traînantes dans le quartier, se mêlant à l'urine.
Ses pensées le tourmentaient bien trop pour qu'il s'y attarde, le perdant dans un océan de tracas.
Il ne savait plus où donner de la tête.

L'homme pressa sa main contre l'épaule de Kyle qui se retourna violemment en ravalant un juron, et ses prunelles plongèrent dans celles, grises, du cinquantenaire.

— Putain, ça fait vingt minutes que je t'appelle, gronda-t-il en fronçant ses sourcils broussailleux.

— Et ça fait vingt minutes que je t'ignore, renchérit Kyle en le toisant froidement. Maintenant, ôte ta main de là, sinon je te l'arrache.

L'homme tiqua avant de raffermir sa prise en esquissant un rictus carnassier, dévoilant une rangée de dents jaunâtres.
Kyle, perdant patience, saisit sa main avant de la tordre avec lenteur sans jamais le quitter des yeux, la mâchoire serrée.

— Ne tente pas le diable, siffla-t-il agressivement.

Le cinquantenaire parvint à se libérer de sa prise avant de relever la main, prêt à asséner un coup au jeune merdeux lui faisant face, mais une sirène de police retentit au loin. Il lança un rapide coup d'œil au gamin et s'éloigna rapidement. Kyle le suivit du regard, le sang bouillonnant, et les muscles crispés.
Pourquoi fuyait-il ainsi ?

Ses yeux balayèrent les alentours.
Il se trouvait dans une rue centrée dans la ville, entre deux boutiques de vêtements.
Ce chemin lui permettait de rentrer chez lui sans faire de détour.
En général, le lieu était peu fréquenté.
Du moins, pas des types aussi bizarres.

D'un pas nonchalant, il reprit sa route en s'interrogeant. Pourquoi cet abruti l'avait interpellé ?
Un sifflement d'agacement lui échappa.
Des cernes creusaient son visage et montraient à quel point il était fatigué.
Hier soir, en cherchant le sommeil, son souffle s'était coupé jusqu'à meurtrir ses poumons.
Une violence crise d'angoisse l'avait terrassé jusqu'à ce qu'il ait l'impression de mourir.
Seul dans sa chambre, il s'était battu avec ses démons pour reprendre de l'air, avant de foncer dans sa salle de bain pour se rafraîchir, écrasé par la douleur.
Ce n'était pas la première fois, et sûrement pas la dernière.