This pain is just too much

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Jeudi 30 septembre 2010, à 15h13 :



— Quand on passe sa journée à travailler et même lorsqu'on a 18 ans et qu'on vit son rêve, le soir ou quand on a une pause, on a envie de retrouver ses repères. Je veux dire, c'est normal. On a besoin de discuter avec notre famille, ou notre petite-amie. Ça nous permet de garder les pieds sur Terre tout en tenant le coup malgré la fatigue, le bruit, le décalage horaire et le manque. C'est dur, de vivre pendant plusieurs mois sur un autre continent même si on touche notre but. J'ai de la chance parce que j'ai mes 4 meilleurs amis en permanence avec moi, mais souvent, j'aimerais m'isoler. Appeler la fille que j'aime. Lui demander de me raconter sa journée. Ce qui a pu se passer d'intéressant. Lui dire que je pense à elle et reprendre le cours normal des choses. Parce qu'à notre âge, c'est tout sauf normal de vivre ce genre de trucs. Moi.. J'ai besoin de ça. De cette petite bouffée d'air frais..... J'ai besoin de ça... et en fait, je l'ai perdu il y a quelques mois et ça me manque vraiment. Mais je suis heureux et j'espère qu'elle aussi, est heureuse. Elle reste ma plus grande fan, ma meilleure amie et ma plus grosse source d'inspiration. Alors oui, j'espère réellement qu'elle soit heureuse et qu'elle le reste le plus longtemps possible.


« Le rôle d'un ami, c'est de se trouver à votre côté quand vous êtes dans l'erreur puisque tout le mondesera à côté de vous quand vous aurez raison. »

Mark Twain




[b] [font=Courier New] ♦ “ Révélation ” :


Dimanche 10 octobre 2010, à 16h23 :



— Tu comprends pas que c'est blessant, dit finalement June en mettant le gâteau dans le four.
— Pardon ?
— Je sais que t'es venue un long week-end fêter ton anniversaire avec moi et ta famille... mais j'ai l'impression que là, tu te fais chier comme pas possible. 
— C'est pas vrai June. 

Emily était assise au comptoir de la cuisine, les coudes posés sur ce dernier et le portable entre les mains. June remonta les manches de son chemisier en la toisant du regard. Elle avait du mal à reconnaître son amie. Elle était plus bronzée que jamais et rayonnait de bonheur. Elle s'était fait des mèches et avait succombé à l'envie de se faire un piercing sur la narine gauche. Son look était différent et totalement américain. C'était.. comme une autre personne à laquelle elle parlait pour la première fois. Depuis son arrivée, elle n'a fait aucune blague, n'a pas plaisanté, n'a même pas demandé comment elle allait... Ce n'était pas réellement Emily.

June plaça ses cheveux derrière ses oreilles, s'humecta les lèvres et reprit la parole. 

— Depuis que t'es là, tu passes ton temps sur ton iPhone à parler avec Liam. Tu l'as quitté hier soir, je sais que.. tu fais des efforts parce que t'as encore le décalage horaire dans les jambes... mais là, comme j'ai dis... c'est blessant. 
— Arrête June, on va pas se brouiller pour ça.
— On se brouille pas, là. Je te dis juste que ton attitude est blessante. Comment tu penses que je prends les choses ? Tu pars carrément vivre en Amérique moins d'un mois après le départ des garçons. Tu me dis que tu finis et continues tes études là-bas. J'ai accepté et je t'ai souhaité bonne chance. J'ai tenu mon rôle de meilleure amie, non ? Moi aussi j'ai fais des efforts, des concessions et on s'est de moins en moins parler. J'ai perdu tous mes proches en moins de quelques semaines, et je m'en fiche, tant que vous êtes tous heureux et que vous prenez vos décisions, mais fallait pas revenir si ta tête est toujours avec eux.
— T'énerves pas. Il me demandait juste si j'étais bien arrivée.
— Me prends pas pour une conne, s'il te plait. 

L'atmosphère était devenue glaciale et le silence habitait la cuisine même si de la musique s'évadait de la télé allumée dans le salon, à côté. Elles se regardèrent et rien ne laissait montrer que June était en colère. Elle avait gardé un ton calme, on distinguait que ses sourcils étaient froncés et que ses lèvres étaient pincées. Les seuls signes montrant qu'elle était contrariée. 

— Qu'est ce qui te prends ? 
— T'as changé.
— Je viens d'arriver, comment tu peux dire ça ?
— J'ai simplement l'impression de retrouver une personne totalement différente de celle que j'ai quitté à l'aéroport et qui m'avait presque supplier de l'accompagner.
— Toi aussi t'as changé, et alors ? J'ai juste grandis... c'est pas cool de ta part de dire ça.
— Quand je sortais avec Harry et qu'on passait l'après-midi ou la soirée toutes les deux, j'ai jamais pris monportable avec moi. J'ai toujours privilégié notre amitié parce qu'elle me tenait à coeur bien plus que mes sentiments envers un garçon. Et depuis que t'es avec Liam, et surtout depuis que tu vis avec lui, j'ai compris que ces idées n'étaient pas réciproques. 
— Tu me fais une scène ?
— Tu sais ce que j'aurais aimé ?
— Quoi ?
— Que tu prennes de mes nouvelles comme j'ai pris des tiennes. Cet été, j'ai auditionné et été acceptée pour un grand ballet. Un espèce de rêve de gamine et un truc pour lequel j'aurais jamais pensé être à la hauteur. Le soir de la première, quand y a eu des critiques et des spécialistes, j'aurais aimé savoir que t'étais là. J'aurais fais le voyage pour toi... 
— J'ai pris de tes nouvelles et j'en ai parlé aux garçons. répondit-elle en frolant l'insolence et l'impertinence.
— Je m'en fiche des garçons, je te parle de nous, là. T'as pris de mes nouvelles, ouais. Je t'ai envoyé un message absolument tous les jours, et j'avais une réponse une fois sur 5. En fait.... t'as même pas vraiment pris de mes nouvelles, je t'en ai donné toute seule parce que j'ai cru... j'ai cru que ça t'intéresserait.
— Je pensais à toi absolument tous les jours, t'as pas le droit..
— J'en doute pas. Mais tu comprends pas que je sature ? Toi, t'en as presque rien à foutre puisque t'as toujours Liam. Il est toujours là, tout le temps. Je lui parle pas, et pourtant il est toujours présent, métaphysiquement. Quand tu me parles, c'est que de lui, et que d'eux. Je sais que tu vis à leurs côtés mais s'il te plait, moi, j'ai pas envie de savoir ce qu'ils font, toujours. J'en ai marre, des quelques messages qui me disent 'y a une centaine de fans dehors.', 'Zayn a rencontré une fille, super belle', 'on a tous été mangé dans un restau', c'était super bon'. Quand je voulais parler avec toi, c'était pour les oublier, mais toi justement tu les ramènes à la surface. C'est comme une gifle. Tu pourrais pas éteindre ton téléphone, là, par exemple, ajouta t-elle la voix défaillante. Tu pourrais pas répondre à mes messages, m'appeler sur skype. Tu pourrais pas répondre à leurs messages plus tard, quand je ne serais pas en train de t'adresser la parole, par exemple ?
— Je te comprends pas June. Vraiment pas... 
— J'arriverais pas à avancer si t'es là à me ressasser le passé. C'est tout ce qu'il faut comprendre.
— Tu peux pas les oublier, tu sais.
— Et je peux pas aller bien si je ne le fais pas.
— Tu te voiles la face.
— Je pense qu'au contraire, j'ai les yeux bien ouverts. Pourquoi t'essaies pas de te mettre à ma place quelques secondes ? Peut-être que tu pourrais me comprendre, au lieu de me juger, Emily. 
— Je ne te juge pas. J'ai simplement du mal à te comprendre.C'est même impossible, là. Je vois pas pourquoi tu m'en veux autant... j'ai le droit d'aller vivre où je veux et avec qui j'ai envie. Tu pourrais, toi aussi comprendre que rester ici, c'est pas simple pour moi. Mes parents s'engueulent tout le temps. Tu passes ton temps à la danse. Si je serais restée, je me serais retrouvée toute seule, et je n'aurais pas supporté. Là-bas, j'ai des opportunités, une chambre étudiante pas très chère, j'ai Liam.. 
— Justement... T'as laissé ton petit frère au milieu de tout ça. Il affronte les disputes sans pouvoir se réfugier dans ta chambre. T'as laissé l'école où grand nombre de personnes t'apprécient. Et moi, quand j'ai fini mes cours de danses, quand j'ai envie de parler et rire avec toi, je me retrouve plus seule que jamais. 
— Si Jennyfer avait été à ma place, elle aurait sûrement fait la même chose, et tu sais quoi, je suis persuadée que tu n'aurais pas eu la même réaction. 

June ne répondit pas immédiatement. Elle eut un mouvement de recul comme si elle avait tenté d'échapper à un coup. Puis elle inspira longuement. Le simple fait de citer son prénom réanimait toujours un petit feu dans le fond de sa poitrine. La blonde se contentait de regarder son amie, la bouche presque ouverte et les yeux anormalement écarquillés. Oui, elle avait réellement changé. 

— Tu peux répéter, s'il te plait ?
— Arrête tu m'as très bien comprise.
— Est-ce que tu peux m'expliquer ce que Jen' vient faire là dedans ?
— Arrête de l'appeler Jen' comme si elle était toujours vivante. 
— Et toi arrête de faire comme si elle n'avait jamais existé.
— Je dis juste que t'as une réaction disproportionnée..
— Et moi je te disais juste que j'étais blessée de ton comportement, et comme je l'ai dis, t'es sans cesse en train de ressasser le passé. 

Et l'atmosphère se fit encore plus froide qu'elle ne l'était auparavant. Langage de sourdes. Le téléphone de la plus vieille vibra sans grande surprise. June haussa les épaules en croisant les bras sous sa poitrine. 

— Et Jen', si elle serait là, avec nous, elle dirait quoi de toi ? 
— Je sais pas, mais elle ne réagirait pas comme toi.
— Prenons les choses dans l'autre sens. T'as rompu avec Liam. Deux semaines après votre rupture, je me casse avec Harry et les autres garçons sur un autre continent à 9h de décalage horaire d'ici. Admettons que t'acceptes cette situation, difficilement, mais t'acceptes, tout va bien. Mais comment tu réagirais si, dès que je te parlais, c'était des garçons, de leurs interviews, shootings et j'en passe ? Comment tu réagirais si je ne te donnais même pas de nouvelles et si, quand je revenais, je restais scotchée à mon téléphone en ne t'écoutant pas ?
— Hé ! Je t'écoutais, je te signale.
— Vraiment, je parlais de quoi, alors ? 
— De... la danse ? 
— Félicitations, ce n'était pas ça.

Elle soupira longuement tandis qu'Emily tentait par tous les moyens de ne pas ouvrir la petite enveloppe qui s'affichait sur son fond d'écran. June le remarqua facilement, et ne put s'empêcher de sentir son coeur se serrer un peu plus. 

— Vas-y. Lis ton message. Au point où j'en suis. 

Cette dernière ne se fit pas prier et se jeta presque sur le clavier de son téléphone. June s'attacha les cheveux et vérifia le gâteau dans le four. Elle avait cherché la recette de son gâteau préféré exprès la veille, et avait passé la soirée à tout expérimenté pour être sûre qu'il serait bon et surtout comestible. Elle avait tout préparé pour lui faire plaisir, lui avait acheté plus de 5 cadeaux en tout genre qui lui feraient certainement plaisir et était prête à lui offrir toute une soirée dehors en payant tout. Elle avait eu tellement hâte, elle attendait ce moment depuis plus d'une semaine et là, elle n'avait plus envie de rien. De l'abandonner sur son tabouret, et de monter se coucher en écoutant de la musique.

La solitude lui manquait. Parce que lorsqu'on est seule, on n'attend rien de personne. Lorsqu'on attend rien de personne, on n'est pas déçu. Lorsqu'on est pas déçu, on n'a pas à supporter le poids d'un coeur trop lourd. La solitude, c'est un sentiment qui est là de notre naissance et sera là jusqu'à notre mort. 

— T'es jalouse parce que je vois Harry tous les jours, c'est ça, le vrai fond du problème, n'est-ce-pas ? 

Elle fut surprise de constater que l'énonciation de son prénom ne lui faisait plus aussi mal qu'avant. Ça piquait toujours, mais c'était légèrement moins douloureux. C'était toujours une nouvelle dose de souffrance dans les veines, mais moins accentuée. 

— Non, je parlais bien de toi, ma meilleure amie, pas d'Harry, répondit la blonde plus froidement qu'elle ne l'aurait souhaité. 
— Il m'a demandé de te passer le bonjour.
— Cool. C'est pas comme si il pouvait me le dire aussi. Quitte à payer un sms pour me passer le bonjour, autant le faire sur mon téléphone, non ? 

Elles se regardèrent plusieurs secondes dans les yeux et l'espace d'un instant, l'ancienne petite amie du bouclé crut retrouver Emily, et pourtant, la seconde d'après, celle ci avait les yeux rivés sur son smartphone. 

— Laisse moi deviner, vous êtes en train de vous dire à quel point vous vous manquez mutuellement. 
— Non. Harry est en train de me demander comment tu es habillée. Je vais lui dire que si j'avais été un garçon ou gay, je t'aurais déjà totalement déshabillée. 

June ne répondit pas, songeuse et rêveuse. C'était censé réchauffer l'ambiance et faire passer le malaise et pourtant, elle n'eut aucunement l'envie de rire. C'était faux,de mauvais gout, blessant et amer. 

Et telle une bombe, elle lâche les mots qui changeraient tout. 

— Em... J'ai rencontré un garçon.

Wild Souls 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant