I know I've messed up. I know I've loved you 'till the moon and back.

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Lundi 13 février 2011, à 18h21 :



Assise timidement sur un fauteuil de cuir noir étrangement ressemblant à celui que l'on trouve chez les dentistes, June attendait en passant la pièce personnelle et décorée au peigne fin. Sur les mûrs de cette pièce étaient accrochés toutes sortes d'esquisses longuement travaillées et souvent impressionnantes. Un travail qui demandait du talent, c'était sûr.

Un mélange de hâte et de peur roulait dans ses veines et la confortait dans l'idée que c'était ce qu'elle voulait plus que tout au monde.

Le tatoueur revint enfin avec les dessins préparés lors de leur dernier rendez-vous et un sourire se voulant rassurant sur les lèvres.

Son premier tatouage. Trois étoiles derrière l'oreille. La première serait la plus grosse, et elle serait coloriée. Les deux petites seront à côté en partant vers la nuque. Elles représenteront toutes une personne qui avait eu un impact dès plus primordial dans sa vie et qui l'avait quitté à cause du destin ou par dépit. Peu importe l'endroit où ils sont, une partie d'eux sera sous sa peau, toujours là à l'accompagner comme s'ils étaient à côté d'elle. Un porte-bonheur constant. Un grigri qu'elle ne perdrait jamais et qui serait toujours là. 
Harry. Luke. Jennyfer. 

L'endroit était choisi à l'avance. Derrière l'oreille, discret, significatif. Il avait eu l'habitude de passer une mèche de ses cheveux derrière et de l'embrasser à cet endroit précis. Tout le temps. Peu-être même trop souvent.

... Derrière l'oreille, pour entendre leurs murmures et les rires d'un passé encore -trop- proches. 

— Personne n'est là pour t'accompagner dans la souffrance qui t'attends, demanda t-il en plaisantant.

Elle esquissa un sourire qui ne cacha pas son appréhension et son stress. La blonde était seule et aurait apprécié avoir une main à serrer ou une personne à regarder et avec qui parler. Mais personne.

Il était jeune, les cheveux blonds qu'elle soupçonne d'être décolorés, portait un débardeur gris et laissait apercevoir une bonne dizaine de tatouages. « Le meilleur de la ville » lui avait dit Charly.

— Comme vous pouvez le voir.
— Pas de parents présents ?
— Ils sont en voyage.
— Un petit ami ?

Le visage d'Harry s'immisça dans son cerveau, sous ses paupières et imprégnant chaque parcelle de son esprit mais elle le chassa aussitôt en secouant la tête de droite à gauche en signe de négation.

— Une meilleure amie ? 
— Non plus.
— Tu veux dire que je peux te tuer sans que personne ne s'en aperçoive ? 

Elle rigola pour la première fois de la journée et ce fut suffisant pour la décontracter un peu. Tous ses muscles étaient contractés et elle aurait pu en trembler, d'impatience ou de peur, elle l'ignorait. Depuis le temps qu'elle attendait ce moment, elle n'allait reculer pour rien au monde, peu importe ce qui pouvait arriver et qu'elle ressentait à cet instant précis.

— Alors June, prête ?
— Allons-y.

« On ne possède pas le bonheur comme une acquisition définitive. Il s'agit à chaque instant de faire jaillir une étincelle de joie. Ne l'oublions pas: Souris au monde et le monde te sourira. »

R.Gary




♦ “ Joyeux anniversaire (1/2) ” : ♫


Lundi 14 février 2011, à 23h00 :



Transpirante et les joues rougies, June alla se reposer contre le mûr de cette grande salle de répétition en attrapant sabouteille d'eau déjà bien entamée. Sa troisième aujourd'hui. La gorge sèche, les muscles en compotes et la peau collante et brûlante, elle agrippa son portable après avoir vidé la dernière moitié de sa bouteille.

23 nouveaux messages. Rien que ça. Son doigt glissa à travers les textes souvent concis et pourtant adorables jusqu'à ce qu'une prénom n'attire son attention plus que les autres. La blonde l'ouvrit curieusement les mains légèrement tremblantes de part l'effort physique fourni ces dernières heures.

'Skype. Maintenant.'

Le message précédent de sa part avait été un : Bonne année Soleil ! Tu me manques, ON t'aime ! Toujours plus expressifs que ces deux minables mots qui n'avaient été envoyés dix minutes précédents.

> 'Je viens de finir ma journée de répétitions. Et bonjour à toi aussi. OH. Oui je vais bien, merci de le demander Zayn.'

Elle se laissa glisser contre le mûr et essuya son front. Dans deux jours, elle tournerait son deuxième clip et elle avait encore du mal à y croire.18 ans aujourd'hui, et son contrat prenait donc désormais entière forme. Le miroir géant en face d'elle la laissait apercevoir une fille totalement différente de l'année passée. Plus maigre, extérieurement. Plus forte, intérieurement. Plus solide, physiquement. Plus déterminée, mentalement. Aucune peur, aucune attente, aucune déception. Elle s'était ancrée dans cette vie vide de tendresse, de marques d'affections et de support moral permanent.

C'est comme ça qu'elle avait réussi toutes ses nombreuses auditions menant quelques fois à des échecs douloureux : la hargne. 

Ses relations avec Emily s'étaient calmées mais elles se parlaient désormais que trop rarement. Nouvelle vie, nouvelle ville, nouvelles amies. Charly et sa mère envisageaient de déménager dans l'année qui arrivait. Son petit frère marchait, parlait et allait bientôt aller à l'école. Elle l'avait vu moins de 10 fois depuis sa naissance et c'était désormais sa petite bouille rondelette qui occupait son fond d'écran. Son père se marierait pour la seconde fois l'année prochaine et le monde continuait à tourner pour tout le monde.

Ça allait bien, non ?

'Tu rentres quand ?'
> 'Tu sais être aimable de temps à autre ?'

La danseuse se releva difficilement, des courbatures déjà présentes dans les cuisses et les bras. Elle avait passé sa journée ici et n'en était pas mécontente. Elle détestait ce jour en particulier. Inutile et trop long pour elle. Mélange de St Valentin et donc de couples ambulants et de joyeux anniversaire en rafale de mensonges.

Pas besoin de ça.

'Tu rentres quand, s'il te plait ?'
> 'Pourquoi ça t'intéresse ? '

Ici, elle avait bougé, dansé, rigolé et apprit.

- Demain, même heure les filles ! cria le chorégraphe pendant que June enfilant l'un de ses gilets.

Elle avait compris qu'elle n'avait plus rien à perdre quand elle n'avait plus ressenti cette sensation de peur. Peur de souffrir. Peur de ressentir le manque. Peur de l'oublier. Peur qu'il l'oublie. Peur de tout, peur de rien. Ça piquait, mais c'était supportable, quelque peu désagréable dans sa constance mais toujours gérable.

Rien ne la retenait, et au lieu d'en faire une faiblesse, elle en avait fait une force. Si rien ne la retenait, rien ne la blesserait. Elle pèse ses paroles, contrôle ces sentiments et transforme la souffrance en rage ; celle qui lui permet de tenir des journées entières à danser ou faire du sport sans être découragée ou surmenée. 

'On veut te parler avec les garçons. C'est un jour spécial pour toi, non?'

June enfila sa veste, détacha ses cheveux, mis son sac sur son épaule, fit un signe de main à tout le monde et partit sous des 'Et encore joyeux anniversaire Cooper !'

' Je serais chez moi dans 20 minutes. Je resterais pas longtemps, je suis fatiguée. '

Wild Souls 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant