Harry accepta un coup d’épaule, et, la tête baissée, il lui fallut plusieurs secondes pour accuser ce qu’il venait d’entendre.
Son cœur venait de cogner si fort contre son abdomen qu’il eut envie de vomir un quart de seconde. Son sang s’était glacé dans ses veines et pourtant une chaleur soudaine l’emprisonnait de ci, de là.
Et la scène se déroula presque au ralentit. June ressentit un mélange de colère à son égard, de honte, de gêne, de dégoût, et, la voix cassée, elle prononça un simple « Quelle maturité. » étouffé par un « J’vais m’le faire » du bouclé qui se retournait vers lui comme si la blonde n’existait pas.
Elle aurait définitivement aimé que cette scène ne se produise jamais, ou que dans le cas contraire, elle ne soit pas là pour les séparer.
Pourtant, c’était ce qu’elle allait devoir faire.
Harry, toujours un polaroid dans la main auquel il n’avait pas prêté attention, le rattrapa par la manche de sa veste.
Il faisait la même taille, même corpulence, même gabarit. Si ça devait se jouer à la hargne, Harry l’emporterait largement. Il avait la haine contre lui. Contre le monde entier, même. C’est vrai, il avait été là pendant plus d’un an, il avait pris sa place. Sa place. Sa, place.
Le blond le regarda presque ahuri. Mi- provocateur, mi-effrayé.
Ça aurait pu se terminer à ce regard assez significatif entre les deux anciens amants de la même fille : un peu de jalousie, Jake à Harry parce qu’il l’avait gagnée, Harry à Jake parce que c’est lui qui s’était occupé d’elle. Il avait pu lui parler, essuyer ses larmes, la regarder, la sentir, la voire s’habiller le matin, il avait pu la déshabiller, la toucher, l’embrasser, lui susurrer de jolies paroles à l’oreille.
Ouais, il avait définitivement de la haine à son égard.
Ça aurait pu se terminer à ce regard. Au moment où Jake se défit de l’emprise du brun, réalisant que la situation était quelque peu ridicule et pourrait tourner hors de contrôle d’ici peu. Mais il en profita pour rajouter, dans un chuchotement, un « pd de chanteur » qui le rendrait peut-être maître de la situation.
Maintenant, la colère dans les veines de l’anglais était si intense qu’elle aurait pu lui faire bouger des montagnes. Ce n’était pas explicable, mais il ressentait le besoin de le frapper, lui aussi. Il n’était pas violent, d’habitude, pourtant. C’était à peine s’il avait osé croiser les brutes de son école, et maintenant, il était prêt à casser la figure à quiconque oserait se mettre en travers de leur chemin.
Sa mâchoire se serra, son pouls s’accéléra, son poing se contracta, puis, au moment où ce dernier allait partir dans le visage de son ennemi , une main froide et douce vint se poser sur ses phalanges brûlantes.
-S’il te plait. Arrête ça maintenant.
Harry baissa les yeux sur June, qui semblait à la fois désolée et apeurée, et c’est soudainement à cet instant qu’il comprit ce qu’elle avait pu endurer.