Je suis ma pire ennemie, ne cessait-elle de se répéter, encore, encore, encore et encore. Peut-être qu’à force, elle arrêterait de le penser et apprendrait enfin à relativiser en s’aimant ne serait-ce qu’un minimum. Un minimum...
Les insultes valsaient d’une partie de son crâne à l’autre en même temps que la haine à son égard ne cessait d'accroitre au centre de sa poitrine. Elle était assise et faisait tourner son portable sur le comptoir de la cuisine.
June hésitait entre l’appeler, lui envoyer un message, prendre ses clés, et en finir une bonne fois pour toute en lui offrant ce que tous les deux voulaient plus que tout le reste.
Un réel baiser, certainement. Des explications claires et précises. Trois mots magiques qu’elle avait, il y a quelques temps, eu des difficultés insoupçonnables à prononcer.
Les paroles qu’il lui avait lancées plus tôt résonnaient encore au fond d’elle-même, faisant vibrer douloureusement ses organes vitaux comme s’ils n’étaient que de vulgaires marionnettes qu’un enfant traînerait derrière lui, des feuilles impuissantes à un vent soufflant un peu trop fort. Peut-être était-elle l’une de ses feuilles, peut-être était-elle une de ses marionnettes. Harry était le vent, Harry était l’enfant, le maître, le tout.
Elle avait tenté de se boucher les oreilles pour arrêter de les entendre, en vain.
« J’ai peut-être été un con, j’en suis tout à fait conscient, mais là, si on prend les choses telles qu’elles sont, actuellement, tu me traites comme une merde, un moins que rien. Peu importe mes décisions, mes actes, je t’ai toujours respecté. Tout ce que tu fais, toi, c’est te venger. »
Il avait raison, un peu trop, certainement. Assez pour qu’elle en ait la nausée et l’envie de pleurer, en tout cas.
C’était elle, le souci. Pas lui, ni même les autres. Juste elle, et malheureusement, elle venait seulement de s’en rendre compte. Ça lui coûtait quoi, d’être gentille avec le garçon qu’elle aime ?
C’était de sa faute, la sienne, uniquement la sienne, si aujourd’hui, elle est malheureuse comme si elle n’avait jamais fait un pas en avant depuis tout ce temps. Elle est en constante stagnation, et dès qu’elle pense aller mieux, quelque chose la fait soudainement reculer jusqu’à retrouver la case départ, loin, très loin.
« Tu sais quoi ? Toi aussi va te faire foutre June ».
Un souffle.
« J’en ai marre. »
Elle baissa la tête.
« T’as pas le droit de me faire ça, merde. ».
Elle essuya une larme sur sa joue.
« J’ai jamais rien été, pour toi, c’est ça ? »
Elle fut obligée de tenir son abdomen pour ne pas crier.