Prologue

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À moitié endormi, j'essaye tout de même de m'asseoir pour faire face à mes parents. Ils viennent de débarquer dans ma chambre sans prévenir alors que je me suis couché il y a à peine quatre heures. En plus, ils ont allumé les lumières de la pièce pour ne pas tenir une discussion dans le noir mais aussi – j'en suis sûr – pour m'éclater les yeux.

Ils ont l'air sérieux et rien qu'à ça, je sais que je vais en chier. Si ma mère reste discrète, se tenant à côté de mon père mais tout de même en recul, lui ne se gêne pas pour bomber le torse – juste pour donner un air supérieur – et me toiser.

_ Nous t'envoyons en Amérique, lâche-t-il. Nous en avons assez de te voir ici. Tu ne sais rien faire à part dépenser notre argent et Dieu sait quoi d'autre.

_ Mais qu'est-ce que je vais faire en Amérique ? Je parle même pas anglais ! je m'exclame.

_ Tu vas te marier, m'annonce-t-il.

Comme ça, de but en blanc. Comme s'il me disait ce qu'il y a de prévu au dîner ce soir. Euh... What ?

_ C'est n'importe quoi ! Et avec qui d'abord ?

Mes parents poussent un gros soupir.

_ Avec le fils d'une compagnie très importante alors tu as intérêt à bien te tenir et lui convenir.

_ Mais vous avez fumé quoi ? C'est quoi ce bordel ?

_ Arrête avec tes grossièretés ! Nous te donnons une chance de ne pas nous décevoir, pour une fois, alors tu la prends et tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour que tout se passe bien.

_ S'il te plaît JeongHan, c'est très important pour nous, ajoute ma mère. Depuis que ton frère s'est associé avec cette Chinoise, rien ne va plus.

_ Ne dis pas ça Yeobo, tout va bien pour le moment.

_ Oh, je sais très bien que la filière chinoise fait faillite ! JeongHan, tu es vraiment notre dernier espoir. S'il te plaît, aide-nous.

_ J'y gagne quoi moi dans tout ça ?

_ Tu peux vive ton homosexualité librement, ce qui n'est pas possible ici, me sourit-elle.

_ De plus, ton futur mari a une excellente position financière. Tu ne manqueras de rien.

_ C'est un vieux gâteux, c'est ça ?

_ Non, vous avez le même âge.

_ Sérieux ? C'est quoi le problème avec lui alors ? Il est moche ?

_ Nous ne pouvons pas te répondre JeongHan, soupire mon père. Qu'il te soit attirant ou non n'est pas dans nos priorités.

_ C'est un psychopathe, violeur et...

_ Non.

_ Un connard de la pire espèce ?

_ C'est quelqu'un de très bien élevé et j'espère que lui réussira à t'apprendre les bonnes manières et à calmer tes ardeurs déplorables. Prépare tes valises pour la fin de semaine. Tu le rencontres lundi prochain.

What ?!

_ Mais c'est dans une semaine !

_ Tu auras moins le temps d'y penser. Sur ce, nous te laissons. Et sors de ton lit avant quatorze heures aujourd'hui s'il te plaît.

_ Je peux au moins savoir son nom ?

_ Ce n'est pas nécessaire pour le moment.

Ma mère me lance un sourire compatissant mais j'ai juste envie de l'envoyer chier. Me marier. Non mais n'importe quoi ! Autant me demander de devenir moine, ça reviendrait au même. J'attends qu'ils sortent de ma chambre où ils m'ont réveillé - il est même pas neuf heures bordel ! - et attrape mon PC portable pour rechercher tous les riches célibataires - gays - des États-Unis. Pourquoi aller si loin en plus ? Je sais rien dire en anglais à part « what », « please » et « shit ». Elles vont être bien nos conversations !

Après même pas dix minutes de recherches, la porte s'ouvre à nouveau.

_ Quoi encore ?

_ JeongHan, s'il te plaît.

Je relève la tête vers ma mère qui s'approche et s'assoit sur mon lit, avec son petit sourire de mère tendre sur le visage.

_ Moi aussi j'ai subi un mariage arrangé mais tout se passe bien. Les débuts sont gênants pour tout le monde mais nous nous aimons sincèrement ton père et moi et nous vous aimons profondément ton frère et toi.

_ Hm.

_ Tiens, me dit-elle en me tendant une enveloppe. Ne le dis pas à ton père, d'accord ?

Elle me sourit et je comprends qu'il y a certainement dans cette enveloppe le nom du type que je vais épouser.

_ Il fait beau aujourd'hui, tu devrais ouvrir les volets et aérer un peu. Et pourquoi ne pas sortir avant quinze heures pour une fois ?

Un dernier sourire de sa part et elle me laisse tranquille. Enfin ! Comment veut-elle que j'assouvisse ma curiosité si elle reste dans les parages ? Voyons voir de quoi son nom a l'air et ce qu'il peut révéler sur lui. J'ouvre l'enveloppe, arrachant la languette, et sors le papier. Sous mes doigts, je sens qu'il glisse. Une photo retournée. Je n'ai pour l'instant que le verso où est écrit : Hong Joshua. Ça me fait sourire : on dirait un mixte entre un coréen et un juif. Quel nom de merde.

Bon, voyons voir de quoi il a l'air maintenant. Faites qu'il ne soit pas moche. Ou qu'il n'ait pas les yeux qui louchent. Ou qu'il soit gros. Ou pire, qu'il ait l'air d'un handicapé mental. Je sais même pas s'il est handicapé. Qu'est-ce que je vais faire s'il sait pas marcher ou s'il lui manque un bras ? Ou un œil ? S'il est sourd, muet ou aveugle ou les trois en même temps ? Faites qu'il soit, ou du moins, qu'il ait l'air normal. Please, please, please.

Je retourne la photo d'un coup.

Bon, d'accord. Il est pas mal. Il est même beau. Bon, moins que moi évidemment mais c'est plus qu'acceptable. Reste à voir comment il est maintenant. Pitié, faites que ce ne soit pas un psychopathe violeur ou un emmerdeur de la pire espèce. Please, please, please. 

My perfect husbandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant