Elle s'approcha. La situation s'était aggravée. Les bleus recouvraient l'ensemble de son corps comme les océans recouvrent la Terre. Ses cernes déparaient son regard éteint. Celui-ci assombrissait son teint déjà torve et livide. Ses cheveux devenus gras étaient emmêlés. Elle portait un jean trop grand et un pull arraché qui laissait apparaître une partie de sa poitrine tout de même protégée par un soutien-gorge.
Son visage semblait défiguré, même si on pouvait apercevoir un reste de sa beauté naturelle. Le coin de ses lèvres pleines de sang formait une blessure.
Ses lèvres sentrouvrirent mais aucun mot ne put sortir de sa bouche. Je vis des larmes couler le long de ses joues. Ça l'a détruite. Je ne pensais pas que cela aurait pris cette ampleur.
Je pris ses mains tremblantes entre les miennes et la pris dans mes bras. Celles-ci étaient abîmées et sanglantes. Nous allâmes à l'intérieur, chez moi. Nous ne nous étions pas encore parlé. J'allai chercher de quoi nettoyer son visage, ses mains et quelques autres blessures sur son corps. Je pris aussi de quoi pour qu'elle s'habillait. Après l'avoir soignée, son regard bleu se leva vers moi, ses yeux et ses cils étaient humides, j'entendis un petit « merci » timide. Et elle baissa le regard. Après un long silence, en aucun cas pesant, de mon point de vue en tout cas, j'essayais de comprendre ce qui s'était passé pour en arriver là. Je lui posai la question mais elle paraissait gênée d'y répondre. Vu la situation, je lui ai dit qu'elle n'était pas obligée d'y répondre tout de suite, mais qu'elle devrait quand même en parler un jour ou l'autre. Je la ramenai chez elle, elle avait encore des marques de blessures, mais ses parents ne la remarquèrent pas. Elle monta dans sa chambre et alla dans la salle de bain, se déshabilla et constata l'état de son corps. Elle laissa couler l'eau jusqu'à ce qu'elle se réchauffe. Elle entra dans la douche mais l'eau chaude aggravait sa douleur. Elle sortit finalement et enfila son pyjama. Ses cheveux blonds et bouclés tombaient sur ses épaules. Elle partit manger et revint dans sa chambre, c'était encore une chambre d'enfant, les murs roses, la coiffeuse blanche, les autocollants de princesse sur son miroir. Elle avait aussi une photo bien distincte près de sa fenêtre. Elle avait jusqu'ici renfermé sa colère contre ceux qui avaient fait de sa vie un enfer, mais on ne peut pas la garder éternellement alors il faut trouver un moyen de la rejeter. Sa solution à elle, était de lire, écrire ou dessiner. Quand elle choisissait celle du dessin, elle esquissait le visage de ses néfastes, les gribouillait et les arrachait. Parfois, elle écrivait des poèmes, en pleurant, c'était comme-ci son cur se déchirait à chaque mot.
Le lendemain, elle arriva au lycée, en espérant qu'une seule chose, que ses agresseurs n'avaient pas parlé. Sûrement parce qu'elle avait honte, mais moi, je ne comprends pas pourquoi, ce n'est pas elle qui devrait avoir honte, mais plutôt ceux qui l'ont persécuté. Elle portait des vêtements noirs et ses cheveux étaient attachés en un chignon mal fait. Son visage était abîmé, moins que la veille mais on pouvait voir les blessures encore présentes. Je ne la reconnaissais plus, personne ne la reconnaissait. Elle ne dit bonjour à personne, même pas à celle qui était censé être sa meilleure amie. Elle alla en cours et attendit le temps passé. Plusieurs personnes se moquèrent, je ne savais pas qui lui avait fait autant de mal mais j'allais vite le découvrir.
La sonnerie venait de se déclencher et tout le monde rangeait ses affaires, y compris Alyson, elle sortit du lycée, et je la suivis jusque chez elle. Elle l'a vite remarqué et m'a demandé pourquoi je la suivais. Je lui ai répondu que ce n'était pas ce que je faisais. Mais elle leva un sourcil et changea de conversation. Elle me proposa d'aller chez elle, qu'elle m'expliquerait tout. J'acceptai de suite, nous allâmes dans sa chambre et nous installâmes sur son lit. Ses yeux se remplirent de larmes prêtes à couler et elle commença à me raconter, elle me dit les noms de ses offenseurs, pourquoi lui avoir fait ça, comment... Au plus elle parlait, au plus elle pleurait. Moi aussi je me mis à larmoyer. Quand elle eût fini, elle éclata en sanglots et, par réflexe, je la pris dans mes bras, ce qu'elle fit aussi. Nous n'avions jamais été aussi proches, elle me faisait confiance, elle m'avait tout raconté... J'étais heureux et à la fois triste. Cela faisait quelque temps que je ressentais quelque chose pour Alyson, mais ce que je ne savais pas, c'est qu'elle aussi ressentait quelque chose pour moi. Elle leva ses yeux vers moi, et nos visages se rapprochèrent, mon cur battait la chamade, nos bouches continuaient de s'attirer, tandis que nos mains se touchèrent, je pouvais entendre sa respiration. Ses lèvres douces se posèrent sur les miennes et nos langues remuèrent ensemble. Nos yeux étaient fermés, elle passa ses doigts dans mes cheveux et ma main glissait le long de son corps. Nous nous allongeâmes tout en continuant de s'embrasser. Je sentis sa bouche sourire et je fis de même. Son odeur naturelle dont je rêvais depuis longtemps entra dans mes narines. J'étais heureux. Nous finîmes par stopper ce baiser magique et sourîmes. Tout s'est passé tellement vite. On s'embrassa encore une fois mais cette fois-ci, c'était plus rapide, je rentrai chez moi, toujours le sourire aux lèvres. Pour un instant, nous avons oublié nos problèmes.
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Short StoryCe texte a été rédigé spécialement pour le concours de @SoleneStories Alyson, lycéenne simple dans son genre, se retrouve face à une situation difficile. Entre harcèlement et amour, la jeune fille va-t-elle réussir à s'en sortir?