Chapitre 18

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Bon sang, achevez-moi. 

Je n'en peux plus de cette semaine. Je n'ai qu'une hâte, qu'elle se termine, et pourtant nous ne sommes que mercredi. Alors c'est vrai, la journée touche à sa fin, mais il n'empêche que le temps m'apparaît trop long. Et je ne suis pas certaine que le week-end soit vraiment plus plaisant. 

Luc est bizarre depuis que je suis revenue de la fête de Madison. Est-ce qu'il m'en veut de l'avoir laissé ? Ou est-ce que son attitude a à voir avec ses parents ? Je ne sais pas, et quand je lui demande si tout va bien, il m'assure que oui et m'offre un sourire ultra white aussi faux que les seins de sa mère. 

C'est comme ce soir, il dit avoir un rendez-vous avec son professeur de soutien en mathématique avancé qui l'empêche de me retrouver après les cours, mais je commence à trouver ses absences étranges. Cette semaine, il a été pris trois jours sur trois. Tandis que moi, qui suis dans le club de photographie depuis la semaine dernière, n'ait été retenue que mardi. Bien sûr, l'ambition de nos activités extrascolaires ne sont pas les mêmes. Là où moi je me distrais et j'améliore ma pratique, lui travaille pour son avenir. Mais tout de même, ce sont deux clubs qui dépendent du lycée, ils devraient être soumis au même règlement, non ? 

Il faut croire que non, puisque je suis seule dans le bus. Encore une fois. 

Blasée par ce constat, et inquiète à l'idée d'avoir raté quelque chose d'important - quelque chose qui pourrait ternir ma relation avec Luc - je me laisse tomber en avant. La tête contre le siège de devant, je me laisse bercer par les mouvements du bus qui se balance à chaque fois que quelqu'un monte à bord. Et ,les yeux fermés, je repense au mois de juin. Ce n'était que quelques mois plus tôt, mais tout était si différent alors. Luc et moi ne faisions qu'une seule et même personne, Cooper m'ignorait - dans le meilleur des cas - , et les garçons ne faisaient pas parti de l'équation. Aujourd'hui, tout me semble plus compliqué. 

Cette petite rébellion me donne l'impression de me révéler et d'enfin exister, mais elle a aussi une contrepartie non négligeable. Elle est chronophage. En ce moment, je ne pense plus qu'à cette fichue liste et n'envisage mes actes qu'en fonction de celle-ci. C'est peut-être ce qui m'a éloignée de Luc, pour me rapprocher de Shawn, et de Cooper. Bien que cette idée m'apparaisse toujours aussi étrange.  

Pourtant, depuis la fête et notre petit tête à tête, je dois bien admettre qu'il a changé. Nous ne sommes pas redevenus les meilleurs amis du monde, comme nous l'étions enfants - entre nous rien ne sera plus jamais comme avant -, pourtant il se montre plus sympathique avec moi. Enfin, le terme "correct" serait probablement plus approprié. Il ne cherche plus à me provoquer, ni à me ridiculiser et me salue même dans les couloirs. Quand ses amis ne sont pas là. 

On est encore loin de l'entente cordiale, mais c'est un bon début. 

- Jamers, souffle Cooper alors qu'il se laisse tomber sur le siège à côté du mien. Qu'est-ce que tu fais là, toute seule ? 

Quand on parle du loup. 

- Je croupis dans la fange avec des animaux.

- Tu ne crois pas que tu en fais un peu trop ? ricane-t-il. 

Je décolle mon visage du tissus dans lequel il était enfoui, pour lui jeter un coup d'oeil en coin et arque mon sourcil lorsque j'entend un membre de l'équipe de Cross-country imiter un gorille. Cooper se pince les lèvres et ferme les yeux, forcé de constater que - quelque part - je n'ai pas tout à fait tord. 

Je me redresse pour enfoncer le clou, bien trop satisfaite d'avoir raison. 

- Excuse-moi, tu disais ? 

F*ck it ListOù les histoires vivent. Découvrez maintenant