Un chiffre symbolique

200 4 0
                                    

Au premier coup, les ampoules se brisèrent.

Au deuxième, on entendit la baie vitrée voler en éclats.

Je ne suis pas sûr de pouvoir décrire les dix secondes qui suivirent, mais un adjectif pourrait les qualifier : chaotiques.

La seule certitude que j'avais obtenu, au terme de mon troisième visionnage de l'enregistrement des caméra de sécurités, était qu'entre le premier et le dernier coup de minuit, il y avait eu un mort. Je décidais tout simplement de cesser de me torturer l'esprit et de me rendre sur le lieux du "crime".

Cela peut paraître immoral, mais il est vrai que j'avais du mal à pleurer la victime quand il s'agissait d'un grand ponte de la mafia, quand bien même, comme me le répétait inlassablement mon chef : "on était sur le point de pouvoir l'inculper, de le faire tomber lui et tout son réseau de trafic d'armes !".

"Neuf heures du matin, san francisco, loft de la victime, 34e étage...", je fis une pause courte, relevant la tête de mon calepin, pour chercher une annotation à ajouter avant de débuter la fouille de l'appartemment. Je ne vis hélas que la tête de benêt naïf de l'auxiliaire qui m'addressa un sourire à l'image de son physique, grotesque mais emplis de bonté et je me contentais de rajouter "200m², belle surface pour un homme seul sans emploi déclaré".

Pendant que les agents de la police scientifiques se livraient à leur rites obscurs, à la recherche de preuves, munis d'appareils inconnus, je récapitulais une dernière fois les faits dans ma tête.

la nuit même, un trafiquant d'armes avait été assassiné dans son propre domicile, et ce sur un intervalle de douze secondes, entre le premier et dernier coup de minuit. Les caméras de sécurités de son domicile le montrait sur son canapé, à jouer sur son téléphone lorsque le noir complet se fit. On ne pouvait deviner le reste du crime que par le biais des sons enregistrés. on pouvait percevoir le bruit de meubles renversés, de coups sourds sur les murs... mais le plus impressionnant était le cri de terreur ininterrompue qui commença à minuit pile, et qui s'arreta exactement au dernier coup de l'horloge, de manière soudaine.

Les vigiles de sécurité avait trouvé l'endroit vide de toute vie lorsqu'ils entrèrent en forçant la porte, quelques minutes plus tard. Ils avaient laissé l'appartement tel quel, et je pouvais constaté l'étendue des dégats de mes propres yeux. 

Le salon du loft était dans un état désastreux, comme si on avait lâché une bête enragée dans la pièce, les fauteuils brisés, les lampes et bibelots renversés et cassés, la télévision enventrée... Je crois que ce qui attira le plus mon regard au milieu de ce saccage, en dehors des creux dans les murs, dûs à des impacts puissants, était le cadavre de la victime.

L'homme était (en dehors d'un cadavre) élancé, brun, la trentaine et les cheveux impeccablement rejetés en arrière, élancé. Et je notais avant tout, que même si l'appartement avait été dévasté, le travail de l'assassin sur le cadavre était remarquablement bien réalisé. La victime avait été poignardé par une lame éfilée, ne laissant pour trace que des fines cicatrices, en douze points cruciaux, dont je tentais de deviner l'odre d'éxecution : les tendons d'achilles pour couper toute fuite, dans le bas de la colonne vertébrale pour paralyser le bas du corps puis chaque trapèze pour immobiliser les bras. Une fois le corps paralysé, le tueur pouvait assener ses coups minutieusement aux points restants, à savoir le foie, les poumons, suivit de trois coups au coeur et enfin un dernier, fatal, à la gorge, pour faire taire définitivement sa victime.

Je réalisais enfin que je parlais d'un homme et des souffrances inimaginables que cela avait dû lui provoquer. Je réprimais un vomissement et tentait de regagner une attitude posée, m'assurant qu'aucun autre agent ne m'avait vu, et je terminais les premières évaluations de mon rapport par :

" La victime s'est vue privée de chacune de ses facultés les unes après les autres par des coups méthodiques, sans aucune autre meurtrissure apparente que ces derniers. cela suggère que l'assassin est un homme surentrainé et extrêmement rapide

Note personnelle : quelle genre de personne peut entrer par effraction d'un loft au 34e étage, le mettre à sac avec une violence bestiale, tuer sa victime avec une précision chirurgicale, le tout durant les douze coups de minuit ?"

C'est seulement à ce moment je voyais sur la table du salon, seul meuble intact, une feuille et je pouvais lire, de mes quelques mètres de distance, les gros caractères inscrits sur celle ci.

Douze manières de tuer.

Douze victimes.

Douze mois.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 24, 2016 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Les 12 coups dans la nuit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant