Mon amour,
Si on était dans un film, on te verrait lire cette lettre, avec ma voix-off. Mais on n'est pas dans un film.
Nous on n'est pas dans un film mais toi, oui. Tu jongles entre le rôle d'acteur et réalisateur du tien. Tu vis ta vie comme si toutes ces prises était vu par le plus grand des scénaristes. Il y a quelque chose qui fait que tu n'es pas celui que tu prétends être.
Quoi qu'il en soit j'aurai aime avoir le rôle principale. Refaire la scène du baiser encore et encore. Redire cette réplique encore et encore. Re-regarder tes yeux encore et encore.
Mais je n'ai pas le rôle principal.
Tes mains sur mes cuisses tu me parles d'elle, de vos baisers, de vos promesses d'avenir et de ses yeux. Encore et encore.
Voila la limite entre la fiction et la réalité. Cette réalité qui nous frappe quand on s'y attend le moins.
De mes yeux, sans que tu le remarques, des larmes coulent. La maquilleuse se dépêche avant que tu ne lèves la tête. Scène suivante.
Je ne serais que le personnage secondaire dans ton film a deux.
Je sourirais quand tu souriras, pleurerais quuand tu pleureras et souffrirais quand tu l'aimeras.
Je suis oblige de te faire croire que tu n'es pas grand-chose pour moi ; tu ne dois pas savoir tout le mal que tu me fais.
Alors je me console dans d'autres bras, dans d'autres draps, pour oublier les tiens.
Mais la réalité c'est celle-ci : je ne suis pas seulement jalouse d'elle, je suis jalouse de toutes les filles dont tu parles et que tu aimes.
Telle une tragédie moderne, je te regarde lui parler par écrans interposes alors que tes mains sont a mon cou. Et je me tais. Ce n'est pas encore à moi mais je connais ma réplique par cœur.
Je t'invente mille défauts pour éviter de penser à toi. Mais je n'y arrive pas.
Alors je crie. La bobine s'emmêle, le réalisateur hurle. Tu me regardes, l'air incompréhensif. Je m'excuse, platement. Je quitte le plateau, retourne dans ma loge. Le visage trempé je me promets de ne plus revenir.
Mais, même si je ne suis que le personnage secondaire, tu continues à m'attirer dans ce long-métrage interminable, ou j'ai le droit de gouter à tes baises même si c'est pour de faux.
Comme d'habitude, je ne résiste pas. Et la maquilleuse se dépêche.
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