Abigaelle
Nous n'étions sorti dans la rue qu'à la nuit tombée, sans avoir le droit de faire un seul bruit, sinon le monstre caché sous mon lit allait nous suivre. Je m'étais demandée si le monstre était dans le camp du méchant qui voulait nous tuer. Peut-être qu'avec un peu de chance, il nous protégerait. On se connaissait bien, ça faisait des années qu'il vivait chez nous, on pourrait être ami. J'en avais parlé à mon frère. Il m'avait dit que si le monstre nous protégeait des méchants, ça serait juste pour nous manger après. Je ne l'avais pas cru, j'étais sure que c'était un gentil monstre. Gabriel, lui, il était d'accord avec moi. Il avait même proposé qu'on demande à mes parents d'aller le chercher pour qu'il rencontre celui caché dans sa cave. C'était une super idée. Il avait l'air de savoir plein de choses, alors je lui ai demandé s'il savait ce que c'était les gros bruits dans le ciel.
-C'est des feux d'artifice. Maman a dit qu'ils s'entrainaient pour le 14 juillet. C'est pour ça que les enfants n'ont pas le droit de sortir de la maison, sinon ça peut nous tomber dessus et nous faire très mal.
-Mal comment ?
-Très mal, plus que la fois où Suzanne m'a fait tombé au parc. Et j'avais eu mal, parce que j'avais un pansement.
J'étais très impressionnée. Gabriel avait prit un air courageux, comme s'il avait survécu à la guerre. Je ne savais pas ce que c'était la guerre, mais il paraît que c'était un endroit où les gens allaient et où ils se faisaient mal. Eux aussi, ils utilisaient des pansements, comme Gabriel. Mais des pansements d'adutes, parce que la guerre c'était que pour les adultes. Nous, on avait pas le droit de jouer à la guerre, sinon on allait avoir besoin de pansements et il n'y en avait pas assez dans le placard.
-On fait quoi ? Je m'ennuie là.
-Tu veux qu'on demande à mon frère de nous lire une histoire ? Il lit très bien. Me proposa Gabriel
Je fis oui de la tête. Nous nous levâmes et allâmes vers la chambre de son grand frère. Il avait un an de plus que Joseph, et quatre de moins que Suzanne, leur soeur. La porte était ouverte, il était assis sur son lit à regarder par la fenêtre.
-Lucien ? Tu peux nous lire une histoire ?
Il tourna la tête vers nous et accepta.
-Venez là. Je peux faire quelque chose d'encore mieux, je vais vous raconter une histoire que j'ai inventé. C'est l'histoire d'Apolline et Jean. Ils ont sept ans et ils vivent dans la forêt. Avant, ils vivaient avec leurs parents mais ils sont partis très très loin parce que le président leur a demandé de partir en vacances. Ils les ont laissé comme des grands dans la forêt. Ils leur on dit qu'ils reviendraient quand Apolline et Jean auraient fini de construire une très grande cabane dans les arbres. Jean et Apolline, ce sont des enfants sages, donc ils font ce que leurs parents veulent et tous les jours ils construisent leur cabane. Mais un jour, des gens bizarres viennent les voir pour leur dire que eux aussi, il faut qu'ils partent en vacances. Qu'est ce qu'ils doivent faire à votre avis ?
-Partir en vacances ! Mon papa dit qu'il faut toujours écouter les adultes. Dis-je
-Il faut toujours écouter nos parents. Et les parents de Jean et Apolline, ils leur ont dit de construire une cabane, pas de partir en vacances. Il faut finir cette cabane. Mais les autres adultes veulent vraiment partir en vacances avec eux.
-Ils vont faire quoi ? s'inquiète Gabriel
-Ils vont aller chez leurs copains Lucas et Georges pour se cacher. Au bout d'un moment, les adultes partent et Apolline peut retourner construire la cabane avec Jean.
-Et leurs parents ? Quand est-ce qu'ils reviennent ?
Lucien marqua une longue pause. La première explosion retentit à cette instant. Deux autres suivirent puis le silence revint. Le frère de Gabriel tourna de nouveau la tête vers nous et répondit:
-Parfois, ils sont tellement heureux qu'ils restent en vacances pour toujours. Et les enfants doivent grandir sans eux, mais avec d'autres personnes.
-C'est pas grave, on peut aller les voir de temps en temps. Affirme mon ami
-Oui, quand on est très vieux, on a le droit de partir en vacances et on peut rester avec nos parents.
-Pour toujours ?
-Pour toujours. Me jure Lucien, en me regardant droit dans les yeux
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Minuit moins vingt
RandomHelen a 17 ans, une mère silencieuse, un père incconu et une colère contenue contre le monde, contre celui qui s'est barré quand elle n'avait que 4 ans, contre celle qui depuis reste a fixer la grande pendule. Et puis la voilà au milieu d'une manif...