1/ Blessure

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« Un jour on sait que la mort nous rattrapera. Que le cours de l'existence se déroulera comme on nous l'a appris... Finir ses études, tomber amoureux, fonder une famille, ressentir tous les sentiments de l'univers... Puis mourir. »

Je me mis à pleurer. Sans lui je ne pourrais pas faire tout cela. Je voulais juste mourir. Mourir ne plus rien ressentir. A quoi cela pouvait-il servir de vivre si l'on savait que plus jamais l'amour de quelqu'un ne nous touchera. Mes sanglots se firent plus fort. Ces mots avait été dure « Je ne t'aime plus. Et je ne t'aimerais plus jamais. » Plus jamais... Si c'était cela je voulais juste partir, sentir mes tristesses s'envoler avec la vie que je voulais m'enlever.

Je sentis une main sur mon épaule, c'était Abby, ma meilleure amie. Elle prit la télécommande de la télé et appuya sur le bouton « Start ». L'écran devint noir, plus un bruit ne se faisait entendre. Sauf ma respiration. Saccadée. Rapide. Elle passa sa main sur ma joue et la glissa jusqu'à mon menton puis avec ses doigts elle fit une légère pression qui me fit lever la tête. Elle me regardait avec ses grands yeux vert plein de compassion. Je ne voulais pas de sa compassion. Je ne voulais rien en réalité, rien sauf lui. Une dernière larme s'échappa de mes yeux, elle l'essuya maternellement puis me sourit comme pour me dire qu'elle était là et qu'elle ne laisserait pas une autre larme coulée. Puis voyant que je m'étais calmée, elle ouvrit la bouche :

« Ne t'en fais pas ma belle... Je suis là, je ne le laisserais plus s'approcher de toi.

-Abby, j'ai mal, c'est... c'est comme s'il m'avait enlevé une partie de moi... Il a prit mon cœur, réussi-je à dire.

-Non, ton cœur est toujours là, dit-elle en posant sa main sur ma poitrine, mais il faut le réparer... Et ce n'est pas en regardant des films tristes, seule, chez toi que tu vas y arriver, me dit-elle avec un petit sourire.

-Mais il était tout pour moi Bibou, tout... Il était ma raison de vivre tu comprends. Je l'aime.

-Dit plutôt que tu l'aimais, c'est fini ma puce je ne veux pas te voir pleurer pour lui. Il t'a quitté ce matin. Tu ne dois pas le regretter. C'est comme ça la vie. Il a peut-être été ton premier amour mais il ne sera pas le dernier. Viens nous allons te préparer, m'annonça-t-elle avec un grand sourire.

-Me préparer ?! La questionnai-je avec de grands yeux.

-Oui tu viens avec moi, tu sais bien que c'est la fête chez moi ce soir. Ca va te changer les idées.

-D'accord » admis-je sans enthousiasme.

Elle me tira par le bras, puis me traina jusqu'à mon meuble-dressing, elle m'assit sur une chaise car elle devait sentir que je ne tiendrais pas longtemps debout. Elle se mit à farfouiller dans mes affaires avec ses mains légèrement allées. Cependant après une trentaine de secondes de recherche elle trouva son bonheur. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour attraper une de mes innombrables paires de chaussures, c'était mes escarpins noir avec le dessous jaune, très ressemblante des Louboutins quelle portait à cet instant là. Abby savait ce qu'elle cherchait, elle connaissait mes affaires par cœur, elle se dirigea vers ma coiffeuse où reposaient mes accessoires. Elle y prit le collier noir avec les (fausses) pierres précieuses qu'elle m'avait acheté lors de nos vacances chez sa grand-mère quand nous avions huit ans. Je souris. Elle avait dût le faire exprès pour me faire réagir. Abby se tourna finalement vers moi, me pris par le bras et me poussa vers le lit. Elle me fit signe d'enlever le tee-shirt que je portais, puis le pris dans ses mains et le jeta à la poubelle. Pourquoi ? Et bien parce qu'il appartenait à celui qui avait prit mon cœur... Bizarrement ce geste m'enleva comme un point.

Je me levais soudain du lit, me sentant plus légère et enfila la robe jaune qu'elle m'avait choisi quelques minutes plus tôt. J'adorais cette robe, sur le haut du corps elle collait à ma peau puis partais en plis légers pour finir à l'extrémité avec de simple minuscules plumes qui donnait un effet de grâce à chaque mouvement. Elle passa dans mon dos, souleva mes cheveux et accrocha le collier aux diamants et aux citrines. Après cela elle me plaça face à la glace de ma coiffeuse et entreprit de démêler mes cheveux. Aïe ! Elle me faisait mal. Je la regardais dans le miroir. Je n'avais même pas remarqué qu'elle était déjà prête, d'ailleurs elle était magnifique. Ses cheveux bruns tombaient en une cascade de boucles qui s'arrêtait en haut de sa robe bustier rouge. Celle-ci était assez courte mais ne faisait pas vulgaire. Elle ne portait pas de bijoux et son tatouage, des plumes enlacées autour de son poignet, donnait un effet de réalité troublant.

Elle avait maintenant fini de me torturer avec mes cheveux elle les avait attachés en une queue de cheval assez haute en laissant ma mèche sur le devant et en permettant à quelques cheveux de se libérer de l'étau dans lequel elle les avait enfermés. Je dois dire que cette coiffure m'allait bien je me trouvais plutôt jolie, cela me donnait un côté sauvage que j'appréciais. Elle ouvrit alors le tiroir à maquillage et commença à cacher ma peau rougie par les larmes et essaya de me rendre « présentable ». Elle appliqua mon fond de teint puis l'anticerne en dessous de mes yeux. Elle prit mon eyeliner est le posa à la base de mes cils, puis fini son trait par une virgule ce qui rendit mes yeux plus ronds. Elle posa un peu de blush sur mes joues pour un effet « bonne mine ». Abby était assez douée avec le maquillage. Elle finit par un rouge à lèvre presque nude pour un rendu plus naturel. J'étais prête.

« Voilà ! annonça-t-elle avec un air satisfait

-C'est très jolie » la complimentais-je alors.

Elle me prit la main une nouvelle fois pour me trainer jusqu'à la sortie en me donnant une petite pochette noire dans laquelle elle avait dû prendre la liberté de mettre des petits trucs, tel mon portable, des retouches maquillages... Je pris mes chaussures au passage. Puis descendit les escaliers tenant toujours fermement la main d'Abby.

Elle me poussa presque dans sa voiture puis pris la clé de chez moi, dont elle avait un double, pour aller fermer la porte. Puis elle remonta toute excitée dans la voiture, mit la clé sur le moteur et démarra, allumant la musique, « Wrecking ball » de Miley Cyrus, je me retenais pour ne pas fondre en larme, cette musique est tellement triste... Mais je ne voulais pas faire de la peine à ma meilleure amie elle qui avait l'air si joyeuse de la soirée qui s'annonçait... Elle dût sentir que ça n'allait pas car elle changea de station de radio et se fût « Why don't you get a job » de The Offspring qui se mit à résonner dans la voiture. Bizarrement la musique me donnait un peu de force pour affronter cette soirée. Je fermais les yeux mais les rouvraient aussi tôt. Je le voyais. Lui... Et je ne pouvais pas soutenir son regard... Ni ses mots tranchants... « Je ne t'aime plus. Et je ne t'aimerais plus jamais. »

Elle coupa le moteur avant de me dire :

« Je te vois, tu penses à lui... Interdit de penser à Luc ce soir ! »

C'était la première fois depuis un long moment que le prénom Luc m'était interdit, je l'avais remplacé dans mon esprit par « lui » pour moins souffrir... Le réentendre était une torture. Comme un coup de poignard. On sortit de la voiture. Je sentais que je ne pouvais pas, mes jambes allaient me lâcher. Puis Abby me prit dans ses bras, me serrant fort et me disant « Tout va bien aller ma belle ».

Puis elle me prit la main m'emmenant vers ma torture...

Je n'allais pas y arriver...

Pas sans Luc...

La soumission des angesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant