Bring me to life

Chapitre 16

Lundi matin arriva bien plus vite que prévu.

" Tu es de bien mauvaise humeur remarqua Thès-Illiane.

— Sans blague, Marilynn et Fréderic viennent à la maison ce soir. "

Je trainais des pieds, toute volonté m'ayant quitté depuis le levé. J'aurais aimé passer la journée sous la couette, sans avoir à croiser mes parents. J'aurais écouté Queen ou Evanescence en boucle, relu raison et sentiments, un pot de glace en main avec des biscuit à la cannelle.

" Em', tu ne peux pas dire ça, Marilynn est super gentille. Elle essaie de faire des efforts. Pourquoi la déteste, tu tant ? "

Sam avait pris une petite voix, presque timide, faisant penser à un ours en peluche, ce qui m'énerva davantage.

"Parce qu'elle a pris la place de MA mère, c'est une raison largement suffisante. Si un de tes parents mourrai et que quatre mois plus tard l'autre se remariait tu l'accepterais ? "

Elle se tue. Quatre mois. C'était le temps que mon père avait mis pour se remarier. J'avais toujours désapprouvé cette union. Un homme en deuil ne se fiance pas après si peu de temps.

Je ne parvenais toujours pas à comprendre comment, comment il avait pu en arriver là. Une réponse évidente me venait à l'esprit, Marylynn et lui se connaissaient avant la mort de ma mère ; ma belle-mère était déjà sa maitresse à l'époque.

"A plus, Em bon cours de "science" " ironisa Sam

Je n'avais pas entendu la sonnerie. L'heure serait longue, mais tant mieux cela m'éloignait de mon calvaire, c'était toujours mieux que ce qui m'attendait ce soir.

♤

Mrs Kent mit en route une vidéo de témoignage de mères adolescentes.

Parler des relations sexuelles entre jeunes n'était vraiment pas ma tasse de thé. Pas ma tasse tout court.

Je sortis mon calepin, et me mit à dessiner. Je griffonnais sans réfléchir. Ce n'était pas mon esprit qui guidait mon crayon, ni ma main ; c'était mon crayon qui menait mon dessin. La tournure de mon esquisse s'avéra dangereuse ; une voiture qui s'apprêtait à tourner à droite dans une route sinueuse contre une falaise. Dans le vide, noir, s'apprêtaient à sombrer trois pierres. Sur la feuille, derrière la Renault gris clair des faisceaux d'une lumière obscure de phare faisait leur apparition. Je connaissais l'histoire de ce dessin. Elle m'horrifiait. Je m'apprêtai à tirer un trait sur la feuille quand Mrs Kent m'interrogea.

Surprise je levai les yeux de ma feuille. Tous les visages étaient tournés vers moi. Que devais-je faire, je n'avais pas suivi, trop aspirer par la réalité de mon œuvre.

"Vient au tableau, nous expliquer ce que tu as compris Emma répéta mon professeur principal. Ne soit pas timide."

Je n'avais rien à dire, je n'avais rien, mais alors strictement rien écouté. Je n'allai quand même pas le dire ? Mentir ? Inventer ? Pour dire quoi ? Je n'en savais rien. J'avalai ma salive, quelque peu paniqué.

Tous les regards étaient braqués sur moi. Je me sentais comme une bête de foire. J'avais les jambes en cotons, le cœur qui battait la chamade et le bout des doigts tremblant.

Evan me lança un coup d'œil interrogateur : "Alors que vas-tu dire ? " semblait-il demander. Et je lui répondis par un haussement d'épaule. Je n'en avais pas la moindre idée.

Je réussie à sortir quelque chose qui ressemblait aux nombreuses leçons de moral que j'avais reçu de mon frère.

La professeure m'invita à me rassoir et évalua d'autre élèves.