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Pour la musique, je vous laisser taper "Autre Part - Bigflo et Oli" sur Youtube.

Depuis qu'ils avaient été désignés comme ambassadeurs dans leur pays respectif, Shikamaru et Temari étaient devenus assez proches. Par exemple, lorsque leurs missions les obligeaient à aller dans le pays de l'autre, ils ne s'embêtaient pas à réserver une chambre dans une auberge mais préféraient loger chez l'autre, en tout bien et tout honneur. Évidemment, que ce soit à Konoha ou à Suna, les villageois jasaient dès qu'ils voyaient les deux compères ensemble et certains se risquaient même quelques remarques douteuses mais perdaient leur sourire en voyant le regard meurtrier de la jeune femme. Leur relation avait évolué au point que durant les périodes où ils ne se voyaient pas, ils s'échangeaient quelques lettres « pour garder contact » disaient-ils. Cependant, au fil du temps, ces lettres étaient devenues un véritable trésor pour les deux amis. Chacun avait découvert avec plaisir le soulagement que procurait le fait de poser quelques mots sur une feuille et d'avoir un retour sur cela. Ils ne l'avoueraient jamais mais pour rien au monde ils n'arrêteraient leur petit rituel. Bien-sûr au début, c'était plutôt laborieux et quand Temari avait dit à Shikamaru qu'elle lui enverrait une lettre et qu'elle attendait une réponse, ce dernier avait dit qu'il aurait probablement la flemme d'y répondre. Il avait esquivé de peu une bonne droite de son amie et elle était partie non sans lui adresser un sourire éclatant, dont elle seule avait le secret. Le jeune homme n'étant pas suicidaire, avait finalement pris une feuille de papier, un stylo et s'était installé à son bureau. Il n'avait pas su par où commencer et avait la main agir à sa guise, dessinant les mots qui passaient dans sa tête pour former une réponse plus ou moins correct. Avec un soupir, il s'était dirigé vers la volière et regarda l'oiseau partir vers le pays du sable, emportant ses mots avec lui.

Plus le temps passait, et plus les lettres devenaient intimes. Leurs correspondances avaient un pourvoir cathartique pour les deux ninjas. Shikamaru avait pris plaisir à découvrir de nouvelles facettes de son amie. Il se doutait que derrière ses airs de femme froide et inébranlable se cachait une femme douce et sensible. Il s'amusait à ponctuer chaque fin de lettre pas un « fille galère » et elle lui répondait en terminant par « flemmard ». Récemment, elle lui avait appris que Gaara, son frère et accessoirement Kazekage de Suna, lui avait confié la responsabilité d'une équipe de trois genins. Elle lui avait dit être ravie et appréhendait un peu le fait d'avoir trois gamins à sa charge. Shikamaru avait essayé de lui apporter son soutien et de la rassurer en lui disant qu'il savait pertinemment que ces gosses allaient devenir de fabuleux shinobis s'ils avaient la fille la plus galère de Suna comme senseï.

Mais, parce qu'il y avait un « mais », la dernière lettre de Temari avait inquiété l'homme le plus flemmard de Konoha. Elle disait ne plus se reconnaitre et, au fil des mots, Shikamaru avait senti son visage se décomposer.
« Ils sont morts. J'ai tout perdu, les enfants sont morts et le pire, c'est que je n'ai rien pu faire. J'ai été incapable de diriger une mission des plus faciles. Je n'y arrive pas, Shikamaru. Je n'y arrive plus. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Je veux arrêter et partir d'ici, personne ne nous comprend, moi et ma douleur. Tout le monde me dit qu'avec le temps, ma peine va s'estomper et que ça ira mieux mais je me sens si seule et ça m'est de plus en plus difficile de faire semblant. Je ne veux plus être moi et je ne veux être personne d'autre non plus. Tout m'abandonne et j'abandonne tout, je n'ai même plus la force de seconder Gaara comme je le faisais auparavant. Je doute, je sombre, c'est comme si j'avais des aiguilles plantées dans mon cœur. Dès qu'il bat, j'en souffre et c'est de pire en pire. Pourquoi il ne s'arrête pas, si j'ai autant mal ? Tu sais, le seul moment où je me sens respirer et revivre, c'est quand mes yeux se ferment. Après, les cauchemars arrivent et je ne vis plus, je ne fais que survivre. Le temps défile, il est acide, il me lasse, il me blesse et je ne me reconnais plus. Shikamaru, j'ai besoin d'une pause mais si elle pouvait ne jamais s'arrêter, je crois que je ne m'en porterai pas plus mal. Et puis, au final, on finit tous au même endroit, non ? Alors pourquoi je devrais continuer de me battre ainsi si c'est pour que tout finisse toujours par m'échapper ? Autant prendre un raccourci en espérant se retrouver de l'autre côté. Je suis rongée de regrets et de remords, je suis tout simplement vide. J'aurais au moins eu la présence d'esprit de t'écrire cela, même si j'aurais préféré ne jamais avoir à le faire. Pardonne-moi, Shikamaru, je ne sais plus quoi faire. »

Autre PartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant