Il y a une plage. Il n'y a personne : elle est comme coupée du monde. C'est une plage de Bretagne : l'eau est bleue-verdâtre. L'air y est lourd et un vent léger souffle sur le sable fin. Le ciel, lui, est gris, menaçant. Un orage se prépare, quelques gouttes commencent déjà à tomber sur le sable sec. Les petites tâches qui se forment finissent par se rejoindre pour ne former qu'une immense surface marron. Le bruit de la pluie battante n'arrive pas à camoufler le son régulier des vagues.
J'aime écouter cette violente mélodie qui murmure à mes oreilles. Je crois même entendre la mélopée des sirènes qui tente d'envouter les marins. Mais je ne réagis pas, et je me laisse emporter. Puis, j'apperçois un rayon de soleil à travers les nuages. Mon espoir. Sa chaleur divine tape sur ma peau. Soudain, le petit rayon se multiplie, jusqu'à envahir le ciel. Une douce douceur envahi mon corps et je me laisse tomber sur le sable, maintenant sec. J'observe les alentours.
Il y a des petites dunes, à l'arrière de la plage. Les oyats se balancent au gré du vent. De vieilles palissades blanches tentent de séparer la plage des dunes.
Je fixe la danse des tiges verdâtres : elles m'hypnotisent et me font oublier où je suis. C'est alors qu'une vague me submerge et commence à m'emporter que je sors de mes songes. Je me retrouve alors au beau milieu de l'océan. L'eau m'encercle, je ne peux fuire. Les vagues me bousculent, me crient dessus. Alors je hurle à mon tour, en riposte. Mais elles rigolent, et continue de plus belle. Soudain, de sinistres ailerons apparaissent. L'angoisse monte en moi, et prend le dessus sur la colère et la tristesse. Ma respiration s'accélère, puis, vient le néant.
J'entends une respiration haletante. Je me rends compte qu'il s'agit de la mienne. Je tente alors de me calmer ; je suis le rythme des vagues. Tous tournent autour de moi. Je vois tantôt le Soleil, tantôt la Lune. Toutes notions du temps m'échappent...
...Le vent. Je sens le vent... Il n'est pas agressif, bien au contraire. Il souffle doucement, il caresse mon visage. Il n'est pas froid, il est d'une étonnante chaleur agréable. Je me calme. Je m'étonne même à esquisser un sourire. Je me sens apaisée. Alors le vent m'enveloppe avec ses petites bourrasques. Je suis emportée, je me sens flotter. Un champ de nuages s'étend autour de moi. L'Infini est grand, je suis grande également, et pourtant je ne suis pas L'Infini.
Alors qui suis-je ?
J'étais venue sur cette plage pour trouver la réponse, mais je repars avec plus de doute. Je n'y ai perdue que du temps. Mais le vent m'a fait redescendre sur Terre.
Alors j'ouvris les yeux.
Je n'ai plus jamais rêvé de cette plage, cette belle plage de Bretagne.
