Just Play 2 (Terminé)

47

SAM

Accoudé au bar, je fixe mon verre de whisky. L'horloge devant moi indique qu'il est déjà 16h, et toujours aucune nouvelle de Jeanne. Elle n'a pas de portable, elle est injoignable.

Et je sais qu'elle n'est pas chez elle.

—Qu'est-ce qu'il a ? demande Jean.

—Sa copine s'est barrée, répond Blaise en fumant à côté de moi.

—Ah...Et il la cherche pas ?

—Apparemment il sait où elle est.

—Merde, ne me dit pas qu'elle a accepté la solution A ?

—Elle n'était pas au courant, mais je suppose que maintenant elle l'est.

Le glaçon dans mon whisky a fondu.
Combien de temps je le fixe ?

—Hey gros, sa tâche ressemblait à ça ?

Mitch s'installe à côté de moi, et glisse une photocopie sur ma gauche. Une image en noir et blanc représentant la même marque noire de Jeanne, avec six petits traits ondulés en haut.

J'hoche la tête.

—T'as trouvé ça où ? je demande perplexe.

—Sur le net, réplique-t-il avec une sucette en bouche. On bosse nous.

Sonya vient à côté de lui avec un petit sourire aux lèvres. Elle échange un regard excité avec Mitch qui enlève sa sucette rouge de la bouche pour lui donner.

Je fixe d'un air impatient leur petit jeu de sucette, avant d'exploser :

—Et ? Ça veut dire quoi ?

Tous les deux se raidissent face à mon ton froid.

Sonya baisse les yeux d'un air désolé, et se dirige vers Blaise pour se blottir dans ses bras. Je fais semblant de les ignorer en me concentrant sur Mitch qui a une autre sucette entre les lèvres.

Ce gars va m'achever.

—C'est le temps qui lui reste à vivre, répond-il enfin en plantant son regard grave dans le mien.

Mes mains se crispent sur mon verre de whisky.

Dire que je suis étonné serait mentir. Je m'en doutais. Il me semblait bien que j'avais déjà vu cette tâche sur le poignet de ma sœur. Mais comme son mari la battait à l'époque, j'ai pris ça pour un bleu.

J'avale mon whisky d'une traite. Mon cœur tambourine de rage. Pourquoi je me suis pas intéressé à cette malédiction avant ?
Pourquoi j'ai toujours cru que c'était une connerie, alors que toutes les cartes postales chez moi me prouvaient le contraire ?
Une carte de chaque pays où mes descendants sont morts. En 400 ans, cette malédiction s'est propagée dans tout le monde.

—Il faut aller en Pologne, déclare Mitch en posant sa main sur mon épaule. La réponse se trouve là-bas.

Je me tourne doucement vers lui comme dans un film.
Il est sérieux ?

Il manque d'engloutir sa sucette tellement mon regard noir le mitraille. Il prend peur, se lève pour me contourner, et va se réfugier derrière le couple Sonya-Blaise.

—Maman ! s'exclame-t-il en se cachant derrière eux.

—Tafiole, marmonne Jean en éclatant de rire.

—Reviens ici putain, je m'énerve. Et explique-moi ce que je vais aller foutre en Pologne !

Sonya intervient dans les bras de son mec, en me jetant un regard sérieux :

—Ta malédiction n'est pas la seule sur terre. Il y en des centaines d'autres. Et d'après les recherches qu'on a fait Mitch et moi, il faut retourner au pays d'origine pour briser la malédiction.

Mitch penche la tête sur le côté, la secoue de haut en bas pour confirmer les paroles de Sonya.

—Il y a une Alfesen là-bas, déclare-t-il d'une petite voix. Hé, où est ma sucette ?

Pendant que je suis sidéré par la révélation de cet abruti, il fait un scandale dans toute la salle pour la retrouver.

—Comment c'est possible ? demande Blaise à sa copine.

Elle hausse les épaules.

—Aucune idée. C'est pour ça qu'on doit aller sur place pour lui poser la question.

—Vous pouvez partir quand ? je fais en m'allumant une clope.

—Vous ? s'exclame Sonya. Comment ça vous ? Tu viens aussi ! C'est ta famille !

—Pas moyen, je rétorque en rivant mes yeux sur toutes les bouteilles du bar devant moi.

—Mec, tente de me raisonner Blaise, elle va jamais cracher le morceau avec nous...Écoute Sonya, il faut que t'ailles voir la dernière Alfensen personnellement.

Mes poings se contractent et écrasent ma clope allumée.

Je suis pas prêt à rencontrer un membre de ma famille qui risque encore de mourir.
Soit leurs recherches racontent que des foutaises et il y a aucune survivante Alfesen. Soit elle existe vraiment, et il est hors de question que je laisse mon ange seule ici.

—Bon, s'agace Sonya en se détachant des bras de Blaise, t'as trois options. La première, tu disparais de la vie de Jeanne jusqu'à ses 21 ans. La deuxième, tu la laisses à Alex son premier crush. Et la dernière, tu bouges ton cul et tu viens avec nous en Pologne pour trouver un moyen de briser cette malédiction.

Elle a dit ça d'une traite avec des yeux enragés.
Mitch a raison de parfois l'appeler maman. Elle peut vraiment être autoritaire quand elle est fâchée.

—Trouve-nous des billets, je déclare en me levant. Je vais chercher Jeanne.

—C'est pas possible.

Je me tourne vers elle et la fixe comme si j'avais mal entendu.

—Je suis désolée Sam mais elle peut pas venir avec nous, fait-elle d'une petite voix. Non seulement elle doit aller en cours, mais surtout c'est trop dangereux pour elle.

Mon regard furieux s'abat dans le sien.
Blaise la tire dans ses bras comme pour la protéger de ma colère, alors que Mitch revient tout content avec sa sucette en bouche.

—Alors on part quand ? lance-t-il enjoué.

Je prends ma veste du tabouret, avant de me tourner vers eux :

—Je vais chercher Jeanne. Elle vient avec nous.

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