Partie 1 - L'accident.

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Guillaume courait à perdre haleine dans les rues de Caen. Il devait arriver le plus vite possible à l'hôpital. Vingt minutes auparavant il avait reçu un appel lui disant que son ami Aurélien venait d'avoir un accident de vélo. Les ambulanciers avaient trouvé son numéro en premier dans son téléphone. Guillaume sentait ses yeux lui piquer et sa gorge lui brûler en arrivant à l'hôpital. Ce matin encore il lui avait parlé. Il se rappelait de son sourire quand il était entré dans le salon, un air encore endormi sur le visage et les cheveux emmêlés. Le plus jeune s'était affalé à ses côtés sur le vieux canapé et Guillaume avait souri au contact. Il appréciait de plus en plus ceux-ci d'ailleurs pour quelqu'un qui haïssait les preuves d'affection. Il ne savait pas pourquoi mais avec Aurélien ça avait toujours été un peu différent. Il se tendait moins à son contact, lui laissait plus la liberté de l'approcher qu'à ses autres amis... Peut-être qu'il s'était fait apprivoiser tout simplement. C'est tout à ces pensées qu'il se retrouva devant le bureau d'accueil.

« Bonjour, on m'a appelé il y a une demie-heure, dit-il, essoufflé. Un ami qui a eu un accident, Aurélien Cotentin.

— Cotentin... réfléchit la secrétaire en cherchant le dossier de son ami. Ah oui, le jeune homme qui s'est fait renversé par une voiture.

— Je ne savais pas... murmura Guillaume en sentant son coeur se serrer dans sa poitrine.

— Pardon, j'ai manqué de tact, répondit-elle en faisant une grimace. Il est en chambre 405 à l'étage. Vous pouvez aller le voir.

— D'accord, merci... » remercia Guillaume en déglutissant.

Il prit l'ascenseur le cœur battant douloureusement dans sa poitrine. Il n'avait qu'une envie, plus, un besoin: s'assurer qu'Aurélien allait bien et qu'il était hors de danger. Et en même temps, il avait peur de l'état dans lequel il allait le trouver. Il chercha pendant quelques minutes la chambre d'hôpital avant de tomber sur la bonne porte et après avoir pris une grande inspiration, il entra.

***

Son coeur battit plus fort dans sa poitrine lorsqu'il reconnut son ami, allongé sur le lit d'hôpital et immobile. En approchant un peu, il s'aperçut avec soulagement qu'il dormait juste et il s'assit sur une chaise qu'il rapprocha du lit. Il détailla son visage recouvert d'égratignures et sentit les larmes lui monter aux yeux. Hormis ces blessures il ressemblait à tous les autres matins où il était profondément endormi dans son lit ou sur leur canapé. Guillaume prit délicatement sa main qui reposait sur le drap dans la sienne et la caressa un instant du bout des doigts. Sa peau était tellement douce... Il porta la main d'Aurélien à sa bouche et l'embrassa doucement :

« Orel, réveille-toi et rentrons à la maison maintenant. Le cauchemar est terminé, je suis là désormais. »

Il le veilla une heure avant de s'endormir, sa main toujours dans la sienne.

***

Guillaume se réveilla en sentant une légère pression sur sa main. Il ouvrit les yeux juste à temps pour voir Aurélien ouvrir les siens lentement. Un sourire soulagé apparut alors sur son visage et ses larmes se mirent à couler malgré lui. Aurélien se tourna vers lui en l'entendant et le regarda d'un air confus:

« Guillaume ?

— Oh Orel... dit-il en posant sa joue contre le dos de sa main.

— Q-Qu'est-ce qui se passe? Où c'est que je suis?

— T'as eu un accident de vélo, Orel, expliqua Guillaume. Une voiture t'es rentrée dedans. T'es à l'hôpital.

— C'est grave ? demanda Aurélien d'une voix paniquée.

— Déjà t'es vivant, sourit Guillaume. J'ai eu tellement peur que ça ne soit pas le cas lorsqu'on m'a appelé.

— Pourquoi ils t'ont appelé toi? lui demanda Aurélien en fronçant légèrement les sourcils. Je veux dire, je suis soulagé que ça soit toi qu'ils aient eu, bien sûr, mais c'est étrange.

— Je sais pas. Ils ont dit que c'était le premier numéro qu'ils ont trouvé dans ton téléphone, répondit Guillaume en haussant les épaules.

— Ça doit être parce que t'es la dernière personne que j'ai appelée, raisonna Aurélien. Dans tous les cas, je suis content que tu sois la première personne que je vois à mon réveil. » rit-il doucement.

Guillaume le regarda rire comme obnubilé. Son rire était tellement doux à ses oreilles. Soudain, Aurélien cessa de rire et fronça les sourcils.

« Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Guillaume, inquiet.

— Je sens plus mon côté droit... Je crois... » balbutia Aurélien en soulevant le drap du lit.

Guillaume sentit son cœur se serrer à ces mots et bientôt il vit Aurélien baisser les yeux et entendit des petits reniflements signifiant qu'il pleurait silencieusement.

« Orel ? demanda-il en reprenant sa main dans la sienne.

— J'essaie, là... murmura le plus jeune pour toute réponse. J'essaie de bouger ma cuisse. Mais elle ne veut pas. »

Guillaume sentit un poids s'abattre sur son cœur et ne put rien faire d'autre que regarder Aurélien qui s'était figé, regardant sa jambe.

***

Plus tard, le docteur était venu parler à Aurélien et lui avait dit qu'il souffrait d'une paralysie partielle dû au choc de l'accident et que celle-ci ne durerait sûrement que quelques jours. À condition d'y mettre du sien et d'essayer d'entraîner cette partie là de son corps. La paralysie touchait apparemment seulement son côté droit, de la hanche jusqu'à la cheville. Le docteur lui procura une béquille et sur le chemin du retour, Guillaume marcha près de lui et l'aida en passant un bras autour de sa taille.

Une fois à la maison, Aurélien lui dit qu'il allait prendre une douche et Guillaume s'assit sur le canapé, songeur. Ce qu'il ressentait pour Aurélien devenait beaucoup trop évident et important pour lui. Ils n'avaient pas beaucoup parlé sur le trajet mais il avait vu à quel point Aurélien semblait malheureux et ça le détruisait. Il allait tout faire pour l'aider au maximum à retrouver la pleine possession de ses moyens.

OS OrelxGringe - L'accident.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant