Perfume [ Livre en III parties ]

I - Soirée d'été

Je me souviens encore de cette soirée et je m'en souviendrai toujours. Elle s'était déroulée lors d'un des premiers jours de juillet, un samedi. Avec quelques amies, nous étions à une fête. Je t'ai vu, ou plutôt, je t'ai revu.

On ne s'était pas parlés depuis des années ; des années qui m'avaient paru des siècles, non, des millénaires. Tu étais toujours habillé de ta chemise favorite, d'un bleu céruléen. Tu avais toujours la même allure, une certaine confiance en soi plutôt importante. Tu parlais toujours aux mêmes amis. Tu faisais toujours rire ceux autour de toi.

Et tu avais détourné le regard, pour le poser sur moi, j'ai pu observer tes prunelles, noires comme une nuit d'hiver. Tes yeux bruns m'avaient intimidée, j'étais si inquiète qu'à mon tour, j'ai détourné le regard. Mais je n'ai pas pu t'empêcher de venir me voir.

Tu as su me charmer, tu m'as complimentée. J'ai souri bêtement mais je refusais toujours de te regarder. Tu m'as parlé de tout, de cette soirée d'une chaleur atroce, des imbéciles qui dansaient sur la table basse, des étoiles qui ne tarderaient pas à se montrer... et enfin, tu m'as parlé de moi, de nous. Tu te rappelais des moments que nous avions passés ensemble, bien qu'inintéressants soient-ils. Je n'avais pas pu me retenir, tu avais su me persuader, je t'ai regardé.

            Je n'avais jamais cru que des yeux auraient pu conquérir si facilement. Je ne pouvais rien faire, tes yeux m'avaient prise. Alors nous sommes sortis, dans la nuit. Le temps était passé si vite, les étoiles étaient là. C'était ici, en ce jardin paisible et sombre, éclairé par des lucioles seulement, que nous nous sommes embrassés.

            Nos lèvres douces s'étaient touchées timidement, le baiser était tendre et paisible. Il avait duré ce qui me semblait être la nuit entière. Tout bruit avait cessé, les criquets s'étaient tus, la musique ne traversait plus les murs, tout comme les cris des invités. Il ne restait que nous.