Je ne sais plus comment tout à commencer. Je ne me souviens plus. Peut-être... Peut-être quand j'ai passé cette porte, le premier jour, peut-être quand elle m'a invité à sa soirée pour mon arrivée, peut-être...
« Salut, c'est Emma, Emma Jensen. Si tu lis cette lettre, c'est que je suis morte ».
Je ne pensais pas que ça se finirait comme ça. Je pensais... Je pensais que ce déménagement m'aiderait à me faire à cet autre lycée qui m'avait fait perdre mon frère. Mais ce lycée-là m'a simplement achevé.
« Oui, tu as bien lu, je suis morte, j'ai rejoint Peter »
Il m'arrive de me revoir, enfant, avec lui, faisant du vélo, faisant des conneries de gosses. C'est ce que nous étions, non ? De simples enfants. Tout comme maintenant, à l'heure ou j'écris cette lettre, je ne suis qu'une enfant.
« Vous ne m'en avez pas laisser le choix. J'ai essayé d'en parler mais c'est trop dur. »
Je ne voulais pas mourir, le mois dernier. Je me disais qu'il y avait encore un moyen d'être sauvée mais maintenant, aujourd'hui, je n'ai plus de raison de vivre, plus de raison de sourire, plus de raison d'exister parce que je suis seule.
« Je suis désolée, de me laisser mourir ainsi, de me laisser tomber, mais que vouliez-vous que je fasse de plus ? »
Quand je revois ce soir-là, dans cette maison, dans cette chambre... Je n'avais rien demandé, je voulais juste ne plus me rappeler et maintenant, je sais tout. Tout ce qu'ils m'ont fait et qu'ils avaient prévus de continuer de faire.
« Ce n'est pas de ta faute, Lesly, tu m'aimais, pourquoi tu m'aurais fait du mal ? »
Je suis amoureuse de cette fille, amoureuse de son sourire, de ses cheveux, de ses yeux, de son corps et de son cœur. Elle ne m'a rien fait, elle m'aime elle aussi. Mais les autres, eux... Ils n'acceptent pas qu'une fille en aime une autre.
« Mais eux, eux ils m'en ont fait, ils m'en ont trop fait. Et ils prévoyaient d'en faire plus. »
Je pose mon crayon, quelques secondes, essuyant les larmes qui roulent sur mes joues. Je ne devrais pas faire ça, je le sais. Je vais faire du mal, je vais la blesser, elle, que j'aime, blesser mon père qui m'élève tant bien que mal...
« Je n'arrive simplement plus à vivre en sachant ce qu'ils comptaient me faire alors qu'ils m'avaient déjà forcés à faire des choses »
Je relis mes quelques lignes et essuie de nouveau cette larme qui coule. Une autre passe et tombe sur le papier. C'est tellement dur d'écrire cette lettre. Que pensera mon père quand il la liera ?
« Papa, j'espère que tu ne m'en voudras pas trop longtemps, j'espère que tu me pardonneras un jour »
Oui, je l'espère. Il est temps d'expliquer ce qui s'est passé, il est temps que tout le monde sache.
« Lorsque je suis arrivée dans ce lycée, mon but premier était d'oublié Peter, mon petit frère, qui est mort, qui s'est suicidé. Lorsque j'ai franchi cette porte, le premier jour, lorsque je me suis assise sur cette chaise et que tu as posé ton regard sur moi, j'ai su. J'ai su que ça ne se passerait pas comme prévu. Tu as dit à tout le monde que j'étais à toi mais ce que tu ne savais pas à ce moment-là, c'est que la seule personne qui me faisait de l'œil, c'était elle, c'était Lesly, cette jolie blonde aux yeux bleus, cette jolie blonde que je connaissais depuis ma plus tendre enfance. Nous étions déjà ensembles et nous n'avions pas peurs de le dire, nous n'avions pas peurs de nous embrassées dans les couloirs du lycée. Nous n'avions pas peurs de toi. Tu as tout foiré, toi celui qui porte le même nom que mon père, toi, Ethan. Tu n'as eu aucun remords, il y a deux semaines, quand tu m'as possédé alors que je me débattais, tu n'as eu aucuns remords quand j'ai hurlé à l'aide et que tu m'as dit que plus personnes ne tenaient à moi. Tu n'as eu aucuns remords quand j'ai simplement abandonné. Je t'avais dit « non », je te l'avais dit mais toi... Toi.... Toi tu m'as soufflé « Tu n'as rien d'une gouine, tu es à moi, tu es ma propriété et tu vas adorer quand je vais te l'enfoncer bien au fond ». Je n'étais qu'un objet pour toi, un trophée de plus. Tu connais donc la raison de ma mort. Toi et tous tes amis m'avaient anéanti et ce soir, ce treize janvier de l'année deux milles dix-sept, je te remercie car grâce à toi, je vais pouvoir revoir mon cher petit frère. Papa, Lesly, ne m'en voulez pas. Je vous aime.
Emma Jensen »
Je pose mon crayon, cette fois pour de bon. Je plis soigneusement cette lettre, la glisse dans l'enveloppe dédié à mon père et à mon amour et je me lève, attrapant ma boîte de somnifère et de je-ne-sais-quels-autres-médicaments. Je m'assois, avale ces pilules qui vont me libérer et je me laisse tomber dans mes draps, fermant les yeux et priant pour que tout aille vite.
Ce soir-là, à vingt heures, mon père va me découvrir mais il sera trop tard. Je me sens déjà partir. Adieu cher monde, adieu, papa, adieu Lesly, mon amour, celle qui faisait battre mon cœur plus vite que la normale, celle qui m'a fait gouter les plaisirs de la chair... Je vous ai aimé, je le promets. Mais ce soir, je vais rejoindre Peter, je vais rejoindre maman et pour cela, je dois vous quitter. Je vous aime et peu importe où je serais, je vous aimerais toujours. Je me sens tomber et je sais. Je sais que cette fois, je ne pourrais pas reculer. Je ne le pourrais plus jamais.
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Emma Jensen/ Os
Short StoryJe ne sais plus comment tout à commencer. Je ne me souviens plus. Peut-être... Peut-être quand j'ai passé cette porte, le premier jour, peut-être quand elle m'a invité à sa soirée pour mon arrivée, peut-être... « Salut, c'est Emma, Emma Jensen. Si...