8. Le petit chaperon rouge

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- Tu n'aurais pas vu Félix par hasard? Tentais-je avec l'énergie du désespoir.

Samuel serra la mâchoire une fraction de seconde. Mais impossible qu'il puisse mépriser Félix. C'est censé être son "pote". Je les ai vu discuter tous les deux, ça se voit qu'ils ne se détestent pas mais on sent une certaine rivalité entre eux.

Sans doute je me prend juste la tête.

Il leva la tête en fronçant les sourcils pour regarder la lune et me répondit.

"Non, il m'a dit qu'il était malade."

Un peu déçue, j'étais amusée par le geste de Samuel.

- Il y a une horloge au ciel? Dis-je avec amusement

- Hein quoi? Il ne comprenait pas et était déboussolé.

- Bah je sais pas, t'as regardé la lune comme une montre t'étais trop concentré! Là, je me tapais vraiment une barre. Déjà que j'étais fatiguée, discuter avec lui me rendait nerveuse, alors un rien pouvait me faire éclater de rire.

Son visage s'étira dans un large sourire lorsqu'il comprit et rit avec moi.

Il attrapa ma main et me proposa le moment redouté:

- Tu viens danser avec moi?

- O...Oui, j'avais vraiment 13 ans dans ma tête, je bégayais comme une ado en fleur. Techniquement, j'étais toujours une ado mais moins fleurie on va dire.

Je glissais ma main dans la sienne et lorsque nous fûmes au milieu de la piste je le laissais m'attraper par la taille.

La musique était lancinante, un ancien morceau de jazz ce qui était un peu étonnant pour une fête de Thiercelieux. Mais je profitais de la chanson et de cavalier. Il me regardait attentivement et je faisais de même.

A la fin du morceaux, les chansons nulles recommencèrent et on cessa de danser. Samuel alla rejoindre la bande et je le suivis un peu à contrecœur. Je n'avais pas trop envie de rester avec eux mais je ne voulais pas rester seule.

Finalement, je rigolais bien avec eux. Particulièrement avec Thomas et Victor, des jumeaux que j'avais évité la majeure partie de mon adolescence. Ils étaient tous un peu foufous et lorsque 23h passa et que les plus vieux du village étaient partis, ils décidèrent de brancher leurs téléphones sur l'énorme chaîne Hi-Fi qui lançait la musique.

Alors autant vous dire que du bon gros dubstep commença à retentir sur toute la place. Avec les lumières bleues et rouges qui clignotaient, on avait presque l'impression d'être dans un club branché. L'euphorie s'empara de nous tous et on commença à se dandiner au son de la musique.

On ne pouvait qu'être une dizaine, j'avais l'impression d'être dans festival énorme. Le contraste était si fort entre cet intensité et la vie morose de Thiercelieux. Et je crois que c'était le sentiment de tous les amis de Félix. Personne ne s'arrêtait de danser et pendant au moins 40 minutes, on ne stoppa pas nos danses désespérées, nos corps cherchant un peu de vie. Les plus jeunes adultes s'étaient rejoins à nous, si bien qu'on pu mettre le barda sans se faire ennuyer.

Mes cheveux étaient tout collés à ma tête, heureusement que mon eye-liner était waterproof sinon j'aurais ressemblé à un panda actuellement.

Je dansais avec Thomas et Victor et Samuel nous rejoigna. Ses cheveux à lui aussi était mouillés est plaqué sur son crâne. Les jumeaux s'écartèrent pour danser avec les autres si bien que Samuel et moi étaient quasiment isolés, au milieu de la foule en transe. On dansait si serrés, nos nez étaient touchés et nos lèvres s'effleurèrent un nombre incalculable de fois sans que toutefois un de nous deux fasse le premier pas.

Au bout d'un moment, à force de secouer ma tête, ne pas boire et avoir extrêmement chaud, ma tête commença à tourner de manière désagréable.

Je me pris la tête entre les mains et je commençais à m'éloigner un peu tandis qu'une autre chanson débutait. Je vis que Samuel me suivait.

- Je me sens pas très bien...

A vrai dire, j'étais au point de m'évanouir, d'après vous pourquoi avais-je mis une robe rouge? Pour aller avec le cadeau de Dame Nature. Ha. Ha. Ha.

- Viens chez moi, je vais te donner à boire, tu es trop de loin de chez toi.

C'est vrai que dans mon état même si ma maison était à 5 min, ça m'étais impossible d'arriver jusqu'au bout. Il me prit par le bras et ouvrit la porte de chez lui. Sa maison donnait littéralement sur la place. Son père était sûrement couché, toutes les lumières était éteintes.

Un fois la porte fermée, il me montra la direction de la cuisine. On entendait la musique encore très distinctement. Un son dubstep sur un endroit aussi calme que cette maison créait un contraste perturbant.

Lorsque l'on s'avança vers la cuisine, je vis un escalier qui donnait sur un sous-sol. Déjà que ma tête tournait fortement, je me mis à me sentir encore plus mal, comme étouffée.

Je suis déjà venue ici.

Prise par un réflexe d'instinct de survie, je me dirigeais vers la cave. Samuel me suivit mais ne m'empêcha pas de continuer. Ma tête me faisait de plus en plus tourner et mes lèvres tremblaient. Je réussis à lui dire.

"Je suis déjà venue.

- Ah oui?

J'eus un flashback puissant comme si sa voix en avait été le déclencheur.

Lui. Moi. Enfants. Pas plus de 4 ans. On courait dans cette cuisine en riant. Je crie: "Tu es le grand méchant loup!!". Il me répond alors "Toi tu es le petit chaperon rouge avec ta jupe rouge toute moche!!".

Je me souviens de cette jupe. Et maintenant, je me souviens de ce qu'on a vu en descendant dans la cave.

Un homme. Non, ce n'était plus un homme. Oh mon dieu.

Je le regarde horrifiée:

- Les loups-garous existent.

Il me regarde avec un grand sourire malsain. Et mon visage doit exprimer une panique encore plus puissante.

- C'était ton père dans la cave! Et mon dieu... t'es un loup-garou... la bande.... Félix... Ma voix se faisait de plus en plus faible. J'étais dans les marches de l'escalier à moitié affalée. J'étais si fatiguée.

Samuel me rejoint et mis un pied à terre.

- Et toi, tu es le petit chaperon rouge.

Il remonta le décolleté de ma robe qui baillait et qui laissait entrevoir mon soutien gorge. Son sourire sadique fus la seule chose dont je me souvienne avant de tomber dans les pommes.



Wouah gros gros chapitre là! J'espère que ça vous a plu, souhaitez moi bonne chance pour le bac ;)


Les loups de ThiercelieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant