Les Miller Tome 1: LEIGHTON

12. Hayden

Je poussai pour la dernière fois la porte de la taverne dans laquelle j'avais passé presque toutes mes vacances, tous les soirs. J'avais sympathisé avec Garrett le barman qui ressemblait à un bucheron avec sa longue barbe, ses muscles mais ses incontournables chemises à carreaux. On avait surtout parlé de tatouages pendant toutes ses soirées. On avait évité à chaque fois de parler des filles, en sachant que j'avais qu'une seule fille dans la tête. Je m'assis à ma place habituelle, c'est-à-dire, dans le coin au bout du comptoir.
J'étais un peu content de retourner à la réalité le lendemain. Mon séjour ici à Aspen avait été une petite parenthèse. Je ne peux pas dire que j'avais vraiment profité de ces deux semaines de vacances pour m'évader et ne penser à rien. Leighton n'a pas quitté mes pensées malgré qu'elle m'ait fait un trou dans la poitrine quand elle a quitté la galerie sans un regard en arrière pour moi. Mais elle me manque. J'ai essayé de l'oublier au moins pendant ces quinze jours, en allant skier sur les pistes. Mais ça n'a pas marché.
Et puis, deux jours après que je sois arrivé ici, je reçois un message d'Archer qui m'apprend que Lewis est passé au Art'ink pour venir me voir. Je n'aime pas l'idée qu'il ait eu affaire à Leighton. Je ne veux pas qu'il s'approche de Leighton ou de Lola. Je suis sûr qu'il veut me demander quelque chose. Après la réception du message d'Archer, j'en avais parlé avec Garrett qui m'a dit qu'il fallait que je fasse attention à ce genre de mec. J'en étais tout à fait conscient. Le retour de Lewis ne me plait pas vraiment surtout qu'il sait que j'ai une affaire rentable. Quand je vais revenir en ville, il allait falloir que je me méfie de lui et que je protège mes intérêts mais aussi les gens que j'aime. Au moins, les deux ans que j'ai passé en prison, m'ont permis de ne plus voir Lewis. De toute façon, il devait être aussi en prison dans un autre Etat que moi.
Une bière se retrouva devant mes yeux ce qui me fit sortir de mes pensées. Je n'avais même pas remarqué que Garrett était devant moi. Je relevai la tête vers lui et attrapai la bouteille de bière en lui faisant un signe de remerciement avec. Je bus une gorgée après avoir porté le goulot à mes lèvres. Ressentir le liquide frais et amer dans ma gorge me fit un bien. Garrett n'avait pas bougé alors qu'une jeune femme lui faisait des signes pour l'appeler.

- Mec, je crois que tu es demandé, lui dis-je en désignant la jeune femme.

Je le vis souffler avant de faire apparaître un sourire sur son visage même si on avait dû mal à l'apercevoir à cause de sa barbe. Je savais qu'il était content d'aller vers une si belle jeune femme. Il était sûr d'avoir un bon pourboire mais surtout un numéro de téléphone. Le temps qu'il servait la jeune femme, je jetai un coup d'œil à la salle. Il y avait beaucoup de monde ce soir. En même temps, on est samedi. Beaucoup de gens voulaient faire la fête. Je remarquai qu'il y avait beaucoup de jeunes gens de mon âge ou plus jeune que moi. Les familles devaient être en train de diner au restaurant ou être enfermées dans leur chambre d'hôtel fatiguées par leur journée en plein air.
J'avais fini ma bouteille et je ne m'en étais pas rendu compte. Tous les soirs, je me limitai à deux bouteilles de bière. Je voulais être lucide pour retourner au chalet. Et d'habitude, je les laissai durer quand je parlai avec Garrett. Ce soir, je ne savais pas si j'allai avoir le temps de discuter un peu avec lui vu le monde qu'il y avait dans la taverne. Après avoir servi plusieurs clients, Garrett finit par revenir vers moi. Je lui fis singe de me remettre une nouvelle bouteille. Ce qu'il fit.

- Alors ça y est, c'est ta dernière soirée ici, me dit-il.
- Ouais, répondis-je. Je vais retrouver mes amis et mon boulot. Mes phalanges ont cicatrisées. On ne me voit même plus rien. On ne dirait pas que je me suis battu avec un mur, dis-je en montrant mes mains.
- Non. J'espère que tu reviendras me voir. Et cette fois-ci, tu viendras peut être avec la fille qui ne quitte pas tes pensées.
- Comment as-tu deviné qu'il y avait une fille? Je ne t'en ai pas parlé.
- Et bien, je suis bon observateur.
- Non. Sérieusement.
- Chaque fois que tu es venu ici, tu es toujours venu à cette place. Et quand une jeune femme venait t'aborder, tu l'ignorais ou alors tu lui faisais bien comprendre que tu n'étais pas intéressé. Pendant ton séjour, tu as brisé beaucoup de cœurs.
- Je ne crois pas. Elles espéraient toutes un coup d'un soir. A une époque, j'aurai sauté sur l'occasion mais plus maintenant.
- J'espère qu'elle vaut le coup. Je te souhaite tout de même un bon voyage de retour. Au cas où je suis occupé quand tu t'en vas.
- Merci.